Les mythes ne meurent pas, ils se transforment.
Niobé, mère féconde, met au monde sept fils [...] et sept filles [...]. Fière de sa progéniture, Niobé "aux beaux cheveux" s'en vient à mépriser les mères de peu d'enfants. Elle se croit et se dit supérieure à elles. L'orgueil de Tantale, son père, vit toujours en elle : s'avisant qu'un culte est rendu à Lêto, elle ordonne qu'on lui en rende un aussi, à elle, Niobé : " Léto n'a eu que deux enfants, moi j'en ai eu sept fois plus; Lêto n'était qu'une vagabonde, je suis une reine; Lêto était pauvre, je suis riche et puissante."
Lêto "aux belles joues" entend ces paroles insolentes. Déesse fille d'un Titan, aimée de Zeus et mère de deux grands Olympiens, elle ne peut accepter ces insultes : elle demande l'appui d'Artémis et Apollo - ses enfants - pour se venger. Ils descendent de l'Olympe et vont à l'intérieur du palais où règne Niobé : Apollon transperce de ses flèches les sept fils, et les sept filles sont tuées par Artémis "diffuseuse de traits". [...]
Comme si les morts n'étaient pas suffisantes, Zeus change en pierre le coeur des Thébains et les corps des enfants restent étendus dans le sang, sans sépulture, pendant neuf longs jours. Niobé pleure leur disgrâce et, en signe de deuil et de chagrin, refuse toute nourriture.
À la dixième aurore, considérant la vengeance accomplie, les dieux eux-mêmes procèdent à l'ensevelissement des cadavres. Niobé termine alors son jeûne, mais, ayant perdu toute raison de vivre, se retire chez son père Tantale sur le mont Sipyle. Transformée en rocher, elle digère les tourments que les dieux lui ont infligés.
Les mythes ne meurent pas, ils se transforment. [...] ils conservant leur prestige même si, des civilisations qui les ont vus naître, il ne reste que des vestiges.
Ainsi, les récits mythologiques font fi des conditions matérielles et des limites de temps et d'espace. Ils sont en tous points " merveilleux " et, pour les bien comprendre, il nous faut quitter notre logique rationnelle. Sans doute s'adressent-ils à une autre partie de nous-mêmes qui n'est pas sans lien avec notre expérience quotidienne, mais qui la survole avec beaucoup de liberté. Pourtant, ils ne sont pas nés par hasard ni gratuitement.