Citations de Estelle Maskame (533)
Je me redresse et tourne la tête si brusquement que je manque de me faire un torticolis. Et je le vois. Assis sur le paillasson devant la porte, qui tire avec nervosité sur le revers de son tee-shirt blanc, Tyler Bruce en personne. Encore.
Cette fois, il ne sourit pas quand nos regards se croisent. Il se lève et attend, attend, attend.
- La plus grande différence entre ton père et Tyler ? dit doucement Maman. Ton père, lui, n'est jamais revenu.
« Je ne sais pas ce qu’on est censé ressentir quand on est amoureux de quelqu’un, admet-il avec un petit rire, mais si être amoureux c’est penser à la personne chaque seconde de chaque jour… si ça signifie que votre humeur change du tout au tout dès qu’elle est là… si ça veut dire qu’on ferait tout pour elle, alors je suis éperdument amoureux de toi. »
Il a beaucoup d’expérience, comparé à moi qui n’ai toujours pas compris pourquoi les garçons aiment tant les poitrines. Je me pose des milliards de questions. Quand dois-je bouger mes mains ? Où les poser ? Est-ce que je dois attendre qu’il fasse quelque chose ou dois-je prendre les devants ? Est-ce qu’il veut que je gémisse ? Est-ce que je dois gémir ? Je ne me vois pas du tout gémir. Est-ce que je suis censée faire quelque chose, là ? Déboutonner son jean ou embrasser sa nuque ?
‘Arrête ça, Eden.´
Je me soucie d’eux sûrement bien plus que tout le monde, mais la vérité, c’est que j’ai peur de leur présence. J’ai peur, parce que je sais l’impact que peut produire la perte de quelqu’un sur une personne. Je sais à quoi le chagrin peut mener. Je sais à quel point il change les êtres.
Je me tourne de l'autre côté. Il me manque déjà. Je veux qu'il s'allonge près de moi, comme la nuit ou il s'est glissé dans ma chambre. Je veux savoir qu'il est là, avec moi. Je veux sentir la chaleur de sa peau. C'est tout ce dont j'ai besoin.
Je crois que c'est à ce moment précis que je comprends que je l'aime.
J'aime Dean, mais je suis amoureuse de Tyler.
Et dire qu'il y avait un temps où je croyais que rien ne serait jamais plus difficile à comprendre que les cours de bio.
Chut Musafa est mort Jake. Un peu de respect, je te prie.
Dieu bénisse Musafa, puisse-t-il reposer en paix, au royaume de l'animation.
-Me estoy muriendo por besarte, finit-il par murmurer d'une voix rauque.
- Tu n'as rien à craindre, chuchote-t-il contre ma joue, parce que je suis entièrement à toi, ma chérie.
Mais là, tout de suite, être moi-même me va. Je suis tout seul dans ma chambre, tranquille. Je peux rester allongé avec ma capuche sur la tête et mes écouteurs dans les oreilles à me demander à quoi sert de vivre. Je ne sais pas combien j’ai passé de nuits à me poser ce genre de questions, sans jamais trouver de réponse.
- Tu as raison, rétorque-t-elle, un peu narquoise. Je sais ce que ça fait. (Au feu rouge, elle s'adosse à son siège et croise les bras sans me regarder.) Je sais ce que ça fait d'être abandonnée, de passer chaque jour à se demander ce qu'on a fait de mal, ou ce qu'on aurait pu faire pour l'empêcher de partir. Je sais ce que ça fait d'avoir l'impression de ne pas être assez bien. Je sais ce que ça fait de se rendre compte qu'on ne valait pas la peine.
- Je croyais que tu me détestais, parviens-je à articuler.
- Je déteste pas mal de monde, mais tu n'en fais pas partie. Ce que je déteste, c'est le fait que tu me fasses de l'effet. Beaucoup d'effet.
"J'essaie d'être honnête pour une fois et ça m'explose en pleine figure. Maintenant je regrette. Garder les secrets, c'est beaucoup plus facile."
Je ne sais pas ce qu’on est censé ressentir quand on est amoureux de quelqu’un, admet-il avec un petit rire, mais si être amoureux c’est penser à la personne chaque seconde de chaque jour… si ça signifie que votre humeur change du tout au tout dès qu’elle est là… si ça veut dire qu’on ferait tout pour elle, alors je suis éperdument amoureux de toi.
J’échange un regard avec Tyler. Nous ne nous attendions pas à ça. On est dimanche. Le dimanche, il ne se passe rien, normalement.
- En fait, elle ne déteste que moi, dis-je avec un minuscule sourire. Tu sais... parce que je lui ai, soi-disant, volé son petit copain.
Tyler 'esclaffe à son tour. Il saisit ma main. Sa peau est douce et chaude, comme toujours.
- Tu ne peux pas savoir à quel point je t'en suis reconnaissant.
Il me tire par la main. Nous quittons la troisième base mais j'ai perdu ma concentration. Je ne vois que nos doigts emmêlés et je pense à Dean et à la catastrophe qui va se produire. Cet été va tourner au désastre. Dean avait raison de se faire du souci. Je passe l'été à près de cinq mille kilomètres avec la personne dont je suis amoureuse. Y a-t-il une différence entre aimer et être amoureuse ? Parce que je crois que c'est ce qui sépare Tyler et Dean.
J'aime Dean, mais je suis amoureuse de Tyler.
- Je vais pas te dire que j'ai tourné la page, finit-il par dire.
J'ouvre les yeux. Il serre toujours les dents, mais il n'a pas l'air énervé. Seulement grave. Il se redresse et se tourne vers moi. A la seconde où ses yeux plongent dans les miens, une seule pensée traverse mon esprit : l'espoir.
- Parce que ce n'est pas vrai.
Comment dire à ma mère que ça ne me dérangerait pas de mourir demain ? Que je me déteste, que ma vie est un désastre et que je ne sais pas comment faire pour l’arranger ? Je ne peux pas lui dire ça. Alors, je me contente de hausser les épaules.
- J’ai connu pire.
Je préfère mentir que lui briser le cœur.