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Citations de Eric Jourdan (53)


Autant j’avais aimé être regardé, autant cela m’agaçait maintenant. Je voulais n’exister que dans ses yeux. Je désirais qu’il ne retrouve plus de garçon comme moi, que ces heures soient toute sa vie. Je pensais à moi à l’imparfait, comme si j’étais mort. Et là, je ne faisais que suivre la pente sombre qui mène de la mélancolie aux simulacres de la mort. J’ai vécus dix fois mon suicide. Il me suffisait de rêver pour que les images en fussent précises.
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Gérard dort. Il est plus beau qu’il n’a jamais été ; dans le sommeil il trouve un visage d’enfant et un peu de salive l’unit à sa couche, comme si ce lien venu de la chair était le seul qui dût encore l’attacher au sol. Il dort et la fatigue me tient éveillé. Il songe et le songe désire que mes yeux soient ouverts. Je suis l’amour pour lui et je ne sais rien de ce qu’il veut quand il sommeille. Combien de nuits semblables devrai-je affronter pour atteindre l’aurore ! Nous sommes déjà malheureux. Notre amour est un amour nocturne, sa nuit est une nuit trop longue et j’aime trop Gérard.
Mon Dieu, je voudrais mourir !
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La nuit va s’achever. Gérard dort, je rêve. Qu’avait-il ? Ni mes questions ni mes caresses ne purent le convaincre de me parler. « Je t’aime, c’est tout », me disait-il, et je crois en effet que c’était tout, que c’est tout. Aimer est un malheur et même un ciel clair, pour deux amants, est un ciel terrible. Nous avons trois jours entiers avant que nos pères ne rentrent. J’ai conscience d’un malheur qui s’approche.
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Un jour le monde changerait peut-être , et encore avec quelle hypocrisie, car la race humaine adorait les frontières et en traçait partout, dans les montagnes, sur les fleuves, dans les champs, les mers, les croyances, les visages, tout ce qu'il tenait pour stupidités mortelles.
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Les bonnes résolutions sont comme les oiseaux, ça se pose sur une branche et ça s'envole.
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Le bonheur était si intense que j'avais l'impression qu'une main me serrait la gorge. Nos nuits ne dormaient pas, chaque minute avait besoin de nos mains, de nos lèvres, de chaque parcelle de nos corps et nous n'avions ni assez de mains ni assez de lèvres pour notre fougue et chaque fois que nous rouvrions les yeux la joie d'être ensemble nous faisait rire.
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Eric Jourdan
Gérard dort. Il est plus beau qu’il n’a jamais été ; dans le sommeil il retrouve un visage d’enfant et un peu de salive l’unit à sa couche, comme si ce lien venu de la chair était le seul qui dût encore l’attacher au sol. Il dort et la fatigue me tient éveillé. Il songe et le songe désire que mes yeux soient ouverts. Je suis l’amour pour lui et je ne sais rien de ce qu’il veut quand il sommeille. Combien de nuits semblables devrai-je affronter pour atteindre l’aurore ! Nous sommes déjà malheureux. Notre amour est un amour nocturne, sa nuit est une nuit trop longue et j’aime trop Gérard.
Mon Dieu, je voudrais mourir !
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Eric Jourdan
Nous étions Tristan et Tristan, Roméo et Roméo, amants et amoureux, prêts à n’importe quel malheur. Le temps ni les hommes ne pouvaient plus rien contre nous, et l’avenir nous proposait la détresse, la pauvreté, la solitude des hors-la-loi,mais qui devenaient la richesse à nos yeux, parcequ’il y avait en elle les élans infatigables de la passion. J’avais derière moi une nuit de tristesse et je ne voulais plus qu’un instant nous éloignât l’un de l’autre : nous allions partir ensemble à tout jamais…D’ailleurs, je savais, au plus profond de moi-même, que pour retrouver chacun la liberté de l’âme, il n’y aurait plus d’autre ressource que la mort, si encore elle pouvait séparer ceux dont le destin se plaisait à unir en une seule étreinte les visages semblables, comme sur les portes du temps de la guerre les deux visages de Janus.
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Eric Jourdan
Nous étions Tristan et Tristan, Roméo et Roméo, amants et amoureux, prêts à n’importe quel malheur. Le temps ni les hommes ne pouvaient plus rien contre nous, et l’avenir nous proposait la détresse, la pauvreté, la solitude des hors-la-loi,mais qui devenaient la richesse à nos yeux, parcequ’il y avait en elle les élans infatigables de la passion. J’avais derière moi une nuit de tristesse et je ne voulais plus qu’un instant nous éloignât l’un de l’autre : nous allions partir ensemble à tout jamais…D’ailleurs, je savais, au plus profond de moi-même, que pour retrouver chacun la liberté de l’âme, il n’y aurait plus d’autre ressource que la mort, si encore elle pouvait séparer ceux dont le destin se plaisait à unir en une seule étreinte les visages semblables, comme sur les portes du temps de la guerre les deux visages de Janus.
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Notre amour c’était la nuit, l’aube fraîche comme la joue d’un jeune amant et, à l’aurore, les réveils de notre chair joyeuse. Que les autres s’abandonnent à leurs désirs changeants, qu’ils suivent les larges routes de leurs caprices, j’avais une fois pour toute choisis le sentier le plus étroit, de chaque côté c’était l’abime.
Moi, je lutterai : je voulais un garçon pour toujours et à moi seul.😍
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"Le ciel était d'un bleu royal, d'une grandeur calme".
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Mon plus jeune frère venait juste de naître. C'était un jeune dieu et Dieu sait s'il ne manque pas de beaux garçons et de belles filles dans mon pays. Il n'y a même que cela, mais lui, c'était autre chose, il avait tout, la jeunesse, la beauté et autre chose encore, indéfinissable. Pas seulement le regard, le sourire, mais le bonheur jaillissait de lui, l'enfant Septentrion, la légende devenue chair et sang. À quinze ans, tout le monde le regardait comme s'il venait d'ailleurs : il était attirant, mais personne n'avait eu l'idée de porter la main sur lui. C'était à lui de décider. Le vendredi soir, et aussi le samedi, les jeunes boivent : de la bière les plus jeunes, tous les alcools les autres, et la nuit, du vendredi, la ville est ivre. Mon petit frère ne toucha qu'une fois à la bière, ce n'était pas pour lui. Autre chose l'attendait. Un jour, d'un bateau de touristes débarqua un marin venu d'Asie, il parla à mon frère, fuma devant de lui, lui dit que ce n'était pas du tabac, mais une plante venue du ciel — où je ne sais quelle autre fantaisie — et mon frère Johann essaya. Il sentit aussitôt, dès la première fois, qu'il devenait plus léger encore et pendant les trois jours où il resta à terre, l'homme lui offrit la tentation de se libérer de l'apesanteur. Je ne sais ce qui se passa, mais il l'emmena à bord dans la cabine d'une femme. L'un et l'autre ils caressèrent Johann, puis le lendemain je crois qu'ils le piquèrent pour la première fois. Le bateau repartit pour le Spitzberg et revint quatre jours plus tard, Johann l'attendait. Il fut leur proie de nouveau une longue journée et l'homme lui dit qu'il allait rester en Norvège, à Tromsoe, et qu'il reviendrait ou bien que Johann devait venir le retrouver lorsqu'il voudrait échapper au temps. Jusque-là, Johann n'avait été que caressé, mais dans un état second que peu à peu il désirait retrouver. Comment à quinze ans vouloir échapper à ce que l'on est lorsqu'on a tout ? Je ne jugerai jamais ce garçon. D'abord j'étais l'aîné et pour lui et ses frères et soeurs je remplaçais le père. Peu de temps après, Johann voulut aller à Tromsoe, il parlait du collège là-bas, il reviendrait chaque vendredi. Alors on l'envoya là-bas et pour lui l'enfer commença. Il revit l'homme, celui-ci fut habile, il ne toucha plus jamais Johann, mais pour la drogue, il faut la mériter, lui disait-il. Il l'envoya dans les docks, là où le marché du sexe se passait et Johann ne se défendit de rien. Les filles et les garçons, les femmes les hommes, tous voulaient l'avoir et ils l'avaient. Il cherchait l'amour et on lui demandait sa peau, le cul et le sexe, rien d'autre. [...]
Rien d'autre, disait le Norvégien. Ce qu'il ne savait pas alors c'est qu'il était vendu. Pour une capsule, une piqûre, pour je ne sais quelle saloperie, l'homme le vendait et Johann ne le savait pas. Cela se passait sur les docks, dans des recoins, les soirs de neige et dans ces interminables crépuscules de l'été. Toujours dehors. Et l'homme épiait. Il regardait Johann se faire violer ou à genoux ou possédant ceux et celles qui voulaient ça et il jouissait de voir le jeune dieu dans la boue, mais Johann n'était avili par aucune caresse, car il y croyait et chaque fois il attendait qu'on lui baisât la bouche et rien d'autre et chaque fois sa bouche servait à tout mais personne n'y posait les lèvres comme si c'était le seul interdit. Il n'étudiait plus, il sombrait. Nous, on ne le savait pas. Quand il revenait à la maison, il paraissait joyeux et chacun de nous avions notre vie. S'il ne parlait pas, comment savoir ? D'octobre à décembre, il ne revint pas, puis la veille de Noël il débarqua à la maison. Il avait seize ans et demi, il paraissait inchangé, mais quelque chose était sur lui que je ne compris pas. Le soir, il me dit : «Je voudrais te parler à toi tout seul, on peut marcher dehors, si tu veux bien. » Il faisait un froid de gueux, mais comment lui refuser. Il marchait vite. Il m'entraîna vers des hangars du port, nous étions seuls. La neige brillait sous les pylônes électriques, il n'y avait pas d'ombre. Il me dit tout à coup : «Je vais mourir. » Quelque chose me retint d'éclater de rire. « Pardonne-moi tout ce que je vais te raconter, j'ai tué ma vie, personne n'est responsable que moi. » Et il me fit le récit de cette année dont nous ne savions pas grand-chose, croyant qu'il étudiait. Il employa le mot prostitué, car cela lui semblait évident désormais, mais il avait le visage le plus innocent en disant cela. Il me regarda dans les yeux. Son regard était changé comme si la brume, la tristesse l'avaient pâli. Et sans un mot de plus, il ouvrit son anorak, remonta la manche de son pull-over : son bras était piqueté de trous d'aiguilles, certains cachés par des bouts de sparadrap. « L'autre bras, c'est pire » me dit-il. Ce n'était pas possible, je l'aurais battu si je n'avais compris que c'était trop tard et puis nous l'aimions trop pour le punir. Et punir de quoi ? Nous sommes rentrés, il frissonnait, il n'a pas cessé d'avoir froid pendant deux jours, puis il ne s'est pas levé et les autres, mes frères et sœurs, ont dit : « Johann est devenu paresseux, il dort encore. » Je suis monté le voir dans sa petite chambre, il ne dormait pas, il était en train de mourir et il essayait de le cacher. «A l'intérieur de moi, c'est du feu, dit-il, mais il s'éteint ». Je le serrai dans mes bras, ses mains étaient glacées, son corps froid. Par miracle, il n'avait pas changé, je voulus lui donner ma chaleur et je serrais son torse nu contre le mien et son corps devenait de plus en plus glacé. Il est mort dans mes bras. Je n'osais plus le recoucher, j'espérais que rien de tout cela n'était arrivé, ce lendemain de Noël, mais c'était arrivé. Il fut enterré dans la tombe vide de mon père dont on n'avait pas retrouvé le corps. Et la vie continua. Dans l'armée, j'étais officier et dès qu'on a parlé d'une expédition contre les trafiquants de drogue, j'ai repris du service. Je veux venger Johann en détruisant ces repères. Voilà, vous savez pourquoi je suis là.
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« Détache-moi, Gérard, détache-moi, je vais mourir » Je sus que j’avais fait l’amour dans le sang […] La mélancolie qui suit la jouissance me traita d’assassin. […]
Enfin il me parla, et chaque mot s’enfonçait dans mon cœur avec la douceur d’un couteau :
« Je sens que je vais mourir, Gérard, et je suis toujours amoureux de toi, et ça tue comme tu m’as tué… C’était ce que je voulais. Je ne peux te faire le long récit de mon amour : je le vois comme une île sauvage au milieu de la mer, une mer sanguinaire… J’ai mal… Il faut que tu te sauves sinon les hommes te traiteront toi aussi comme un mort…
Il y a longtemps que j’ai pour toi ces sentiments de frère et d’amant, si longtemps que le souvenir… » […] Il me parlait sans suites :
« Le ciel était d’un bleu profond, l’été passé, l’été passé… et Gérard s’en allait avec moi sur une route… Il faut faire attention aux ombres : la mort a des pommes d’or et elle les lance pour qu’on coure plus vite… »
Puis il reprit conscience et, avec une grande tristesse me dit :
« Je meurs et toi tu vas marcher dans la lumière, tu vas marcher et j’ai soif de toi… »
Je me penchai, reconnus à peine ses lèvres tant elles étaient froides et, lorsque ma bouche quitta la sienne, sa tête glissa dans mes paumes avec la lourdeur du sommeil : son cœur ne battait plus.
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