Emmanuelle Cosso est romancière, scénariste et parolière. "La Dernière mort d'Éric Muller est son sixième roman.
https://www.fayard.fr/livre/la-derniere-mort-deric-muller-9782213725932/
Quand José rentrait chez lui, il aimait enfin garder le silence. Il le gardait tout contre lui car c'était un silence doux et moelleux comme un oreiller. Il y posait sa tête et repensait à tout ce qu'il avait fait et appris dans sa journée. Puis, il choisissait une lecture et il faisait alors à nouveau le plein de conversation.
Étienne était parti dans le désert qui n'était pas loin. Là-bas, il sortit du fin fond de lui-même toutes ses colères. Il y en avait plein. Ses colères étaient contre le Ciel qui laisse les bons ouvriers perdre leurs jambes, contre les pieds des femmes qui s'éloignent et ne reviennent pas, et pour finir la plus grosse colère de toutes, la colère contre lui-même.
Tous les matins, il enfourchait son vélo et n'oubliait jamais sa sacoche, son goûter, son sourire et sa conversation.
Il en choisissait toujours les mots avec soin. Un peu comme on choisit des vêtements dans une penderie. Par exemple, si la personne en face de lui était pressée, il employait des expressions qui évoquaient toutes la rapidité. Vite fait sur le gaz, en coup de vent, bref, zou, c'est la course, rapido presto, en un coup de cuillère à pot !
Si la personne était triste ou même simplement maussade, il choisissait alors des mots réconfortants comme oui, câlin, cher ami, cheminée ou clarinette qui 'a rien à voir mais qui tinte agréablement à l'oreille.
[Les mots choisis par José sont en italiques dans le texte]
C'est une chose qui arrive quand on perd les mots, qu'on perde les idées aussi...
[à propos d'Antoine, qui s'absente souvent de l'école pour aider son père dans sa boutique de cordonnier]
On prend connaissance de certaines nouvelles comme on se prend une gifle. Mais lorsqu’il s’agit d’une information que l’on avait déjà, la joue nous cuit deux fois, de douleur et de honte.
Aujourd'hui, je crois que c'est la chose qui le [son père] rend le plus heureux, faire du bon travail, prolonger la vie des chaussures. Je crois qu'il aime bien les chaussures parce qu'elles ne peuvent pas s'en aller toutes seules, c'est pas comme les gens.
« Mon père, il avouera jamais qu'il sait pas lire. Il a trop honte. Il dit qu'il ne voit pas bien mais c'est pas vrai. Sa technique pour abuser les gens, c'est qu'il a une paire de lunettes qu'il prétend tout le temps avoir perdue. Ça n'abuse que lui et ça n'amuse personne. C'est à moi qu'il demande de lire le courrier. Pas à mon frère. Mon frère, je crois qu'il veut qu'il soit comme lui. Ça ne lui suffit pas de pas savoir lire. Il veut un complice. Et le problème c'est que c'est en train de marcher. Il lui fait rater l'école en disant qu'il a besoin de sa présence au magasin. Il lui dit que la lecture, c'est un truc de fille et que c'est très mauvais, que ça donne des idées qui sont pas la réalité. Là, il a peut-être pas tort... Parce que moi... la réalité... Pouf, pouf... »
Ce n’est pas parce que l’on tombe folle amoureuse de quelqu’un que l’on n’aime plus personne d’autre.
Les hommes ont toujours forgé le fer des météorites pour en faire des armes… ou des bijoux précieux… Les météorites ont longtemps été considérées comme des messages du ciel au cours de l’histoire.
Le baiser a une fin. La séparation est de l’ordre du déchirement.