- Le pain noir que l'on vous donne au titre du rationnement ne peut pas se manger! Une fois une pauvre femme vint et m'apporta un croûton de cette horreur de pain pour que je me rende compte de ce qu'on leur donne à manger. J'en ai presque pleuré de peine, c'était comme un morceau de charbon ou de sciure sale.
Il y a des animaux (...) qui sentent la mort, je veux dire qui devinent le jour où ils vont mourir, ils savent que leur fin est proche. (...) une jument (...) après avoir enfanté un paquet de poulains (...) lorsqu'elle fut bien vieille et comprit que la mort la guettait, une nuit, quand tout le monde dormait, elle s'échappa de Mas Pla, on ne l'attachait car elle était trop vieille, et peu à peu elle alla à La Bruguera, ce n'est pas très loin, vous le savez bien, et le lendemain, au petit matin, les palefreniers la trouvèrent morte au pied de l'étable où elle était née.
Les corps des phtisiques du couvent de San Camilo étaient exposés au soleil, étendus sur l'herbe, nus sans aucune restriction, offerts aux regards curieux et secrets (...)
De l'arbre, nous contemplions le mystère des lumières des cellules du couvent San Camilo, qui s'allumaient une après l'autre;, et cela nous indiquait que l'heure était venue où les frères et les novices se préparaient pour sortir veiller les malades en danger de mort des maisons alentour ou du village voisin.
Lorsqu'il faisait beau, depuis Pâques jusqu'aux débuts de l'automne, avec le changement de couleur de la forêt, nous vivions sur les branches des arbres.
Nous vivions dans le cerisier jusqu'à l'automne.
Je me demande pourquoi il y a des choses qui sont restées gravées dans ma mémoire et d'autres que j'ai complétement oublié.