Quelque chose de moi est resté là-bas. A la place, un trou. Dans ce trou, ça me démange. Une hallucinose à la sauce amputée psychique. Celui que j'étais est resté là-bas. Je suis un nouvel homme.
A certains moments de la vie, ne faut-il pas oublier nos promesses, pour avancer, rester en vie ?
Fait-on jamais exprès de tomber amoureux ? On tombe et puis c'est tout…
Marsac assiste à toutes les autopsies, depuis toujours. Il a une phrase qu'il aime d'ailleurs rappeler à ceux qui s'en étonnent, lorsqu'ils lui proposent de déléguer de temps en temps le job à sa procédurière : 'Autopsia', du grec, "vu par soi-même". Et une référence. Ne croire que ce que l'on voit.
(p. 98)
"Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Un manège ou le sable ?" Il opte pour le sable. Lorsqu'il la pose, Liv se fige puis reprend ses balancements. 'MamanAmour', 'PapaLàHaut', 'JulietteChérie'. Elle se répète à l'intérieur d'elle-même ces trois petits mots, trois petits mots pour seule arme, et les envoie combattre la peur qui veut revenir près d'elle et l'étreindre. Elle se rassure. Avec eux et Amaury elle ne risque rien. Il a le sourire de PapaLàHaut. Au milieu, les étoiles dansent.
Tout le monde dans la région évite de passer par ici, même les anges et les fées, dit-on.
on n'a jamais une seconde première chance
- Vous courez toujours après votre meurtrier ?
- A votre avis ?
- Vous devriez laisser tomber. Celui que vous cherchez a osé, lui, alors que d'autres se sont contentés de plonger la tête dans le sable. Vous ne soupçonnez pas ce que les gens sont capables de faire ou d'endurer pour sauvegarder les apparences.
- Détrompez-vous. Mais vous oubliez ce concept que l'on appelle 'justice'.
- Laquelle ? Celle qui est représentée les yeux bandés ?
- Et alors ?
- C'est la preuve qu'il faut parfois savoir ignorer des arguments contradictoires. Et avancer. On n'a pas décidé de l'immortaliser de cette façon pour rien. Foutez la paix à la main au bout du bras qui a tiré.
Il n'était pas contre s'intoxiquer, mais préférait choisir son poison. Insecticide, goudrons, plomb et mercure, pour ne citer qu'eux, ne seraient jamais à la hauteur de la vodka.
- Je suis bien ici, vous savez. En Sibérie. Sur les traces de Dostoïevski. En congé. Des années à m'en passer et je me pose enfin et je m'aperçois que je suis HS mais que cette fatigue dévorante recule face au lâcher-prise. Je n'ai plus besoin de lire 'Mieux vivre son psoriasis' en me grattant à la fourchette parce que mes doigts ne suffisent plus. Ce monstre a disparu. Je reprends pied. Je respire, enfin.
(p. 44)