Citations de Elodie Haslé (22)
Chez l'adolescent, un échec scolaire, une rupture sentimentale, un deuil, tout lui paraît insurmontable. Il est incapable de prendre du recul : la malheur présent est dilaté jusqu'à l'infini. Il apparaît sans fin. Seule la mort est perçue comme un soulagement.
Il est difficile de juger à quel moment nous sommes exactement au bout de notre espérance.
Montaigne
Après les accouchements, nous bénéficierions d'une courte période de repos, tandis que les bébés seraient confiés à des familles d'adoption, soigneusement choisies par nos maîtres. J'appris plus tard - ils avaient omis de le préciser ! - qu'ils avaient perçu une rémunération conséquente pour le service rendu. Preuve de leur générosité désintéressée.
Les enfants d'aujourd'hui sont-ils mieux lotis que ceux des siècles passés ? Ont-ils conscience de leur chance entre accès à l'éducation et à l'information ? Ou ne sont-ils pas plus fragilisés encore dans l'égocentrisme de leur petit confort personnel, courtisés par la culture de l'instantané et dotés d'une si frêle résistance à la frustration ?
Les biens matériels tuent l'authenticité, le réel. Le gain appelle le gain et l'insatisfaction.
Société du jetable, de l'instantané, au sein de laquelle le non-respect est devenu monnaie courante. Certains profitent de leur anonymat pour se déchaîner sur autrui via les réseaux sociaux. Ils en retirent l'illusion de faire partie d'un groupe, le sentiment d'exister - virtuellement !
Face à un événement traumatisant, une situation de détresse extrême, de désespoir abyssal, quelle certitude de se voir préservé(e) de l'idée du suicide et de son passage à l'acte ?
Aussi effrayant que cela paraisse, "la famille est sans doute le lieu qui garantit le mieux l'impunité de certains crimes et donc la perpétuation de la violence."
Mugnier, 2017.
Certains suicidés ont-ils été pétris d'idéaux si forts que la déception de ne pas les avoir atteints, ou d'en avoir été écartés, leur a rendu la vie insupportable au point d'y renoncer ?
Quel serait le devenir de l'être humain s'il était immortel ? Nul besoin que la population se perpétue, pas de générations nouvelles en vue. Nul besoin d'une organisation sociale ni de transmissions. L'avenir perdrait son sens. Le sentiment de faisabilité, de fragilité, de vulnérabilité, de sens à donner à sa vie est lié à la mortalité, à la mort. Dans un monde d'immortels, il n'aurait plus sa raison d'être.
Pendant ce temps, d'anciens cadres à l'origine de la prospérité de réseaux sociaux se désolent, reconnaissant avoir créé des outils qui déchirent le tissu social, dont ils protègent leurs propres enfants.
– La terrasse, c’est un petit bout de trottoir en Italie, à Florence par exemple. Des chaises en métal autour de tables rondes minuscules, instables, des verres de prosecco. Le soleil, les rires, les bavardages, le temps à l’arrêt…
Sur la digue du temps, à l’abri des vents du monde, à l’écart des chants de l’ombre, bras écartés, torse bombé, il accueillit la puissance de Nelson Mandela : « Dans la vie, je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends. »
Chaque bébé à naître existe déjà, tapi dans les nuages, sur une planète au-dessus de la Terre, s’imaginait Henry.
– Il n’existerait donc pas de familles sans failles, sans secrets, sans agents destructeurs ?! s’écria la jeune femme, la voix tremblante.
Les épreuves jouent-elles un rôle dans nos vies ? Ont-elles pour but de nous amener à nous dépasser en tant qu’humains ? De nous apprendre à profiter de la beauté de la vie, dans son expression la plus simple et la plus profonde ?
Acceptez de vieillir. La jeunesse est dans la tête ! Oui, c’est difficile, le corps change, répond moins bien. Quoique, grâce aux progrès de la médecine, il nous suit convenablement !
Ayez des projets, encore et toujours !
Le secret enfoui est à l’origine d’un phénomène qui s’est répété toutes les deux générations. En prendre conscience permet à Matt de briser cette chaîne.
Dès lors, une vague pénétrante, venue du tréfonds de son être, en résonance avec le spectacle qu’il contemplait, fascinant, terrifiant, vint le surprendre, l’emporter, le submerger… Elle fracassa ses digues internes, brisa ses dernières résistances. L’émotion était si puissante qu’il céda, tomba à genoux sur le sable, seul au milieu de l’immensité. Le corps convulsé de douleur, il libéra les sanglots qui enserraient son cœur, d’une lourdeur prodigieuse. Depuis l’enfance.
Il boit, elle boit.
Des bars ils font la tournée.
Dans la pénombre, ils se noient
Dans l’alcool, le tabac, le brouhaha.
Seuls
Seuls avec la bouteille.
Pas de verre. Le cœur brisé.
Ils se dégoûtent, ils les dégoûtent,
La société les a vomis.