Eliza Raine

—Je pensais que tu étais là pour me faire rire, soupirai-je. Pas pour me faire la leçon…
—Tes désirs sont des ordres, Maîtresse ! Est-ce que je t’ai déjà parlé de la fois où Dionysos a piégé Poséidon pour qu’il couche avec un arbre ?

—Où est Skop ?
—Par terre ! Ce trou du cul ne me laissera jamais monter sur le lit…, grommela sa voix dans ma tête.

Je ne la laisserai plus jamais partir. J’en étais incapable. Cette femme était lumière, vie et amour, et elle était
toute à moi.

—Beaucoup de démons des Enfers peuvent être soudoyés. Si on leur offre ce qu’ils veulent, ils peuvent faire tout ce qu’on leur demande. Mais les chiens sont incorruptibles – ils sont trop bien entraînés.
—Oh… Et qu’est-ce qu’aime Eurynomos ?
—Le chocolat.
—Tu plaisantes ? m’étonnai-je en fixant Hécate. Tu veux dire que j’aurais pu éviter toute cette merde si je lui avais juste offert une simple boîte de chocolat ?
—Les Enfers sont un endroit bizarre, Persy…, soupira-t-elle en haussant les épaules.

— Pourquoi tu ne me regardes pas ?
Parce que mon cerveau n'arrête pas de menacer d'enlever mentalement ton pantalon depuis qu'on est sur ce stupide vaisseau ?
— Je suis juste nerveuse.
— Tu devrais l’être. Viens.

En regardant Hadès, je ressentis comme un vertige. C'était un dieu. Le roi des Enfers, le seigneur des morts. Et il venait d'essuyer une larme sur ma joue.

Tout ce que j’ai maintenant, ce sont des souvenirs des choses que je n’ai plus. Si je ne les avais pas faites parce que j’avais peur de ne plus pouvoir les refaire, je n’aurais rien.

Quelque chose jaillit en moi, et cette fois, c’était sans rapport avec mon désir. C’était plus profond que cela.
J’étais heureuse. Heureuse qu’il ne veuille pas que je parte.

— Tu sais, Skop, parmi tous les mots que je pourrais employer pour me décrire, marrante est clairement en haut
de la liste. J’ai un pouvoir sexuel magique, bordel de merde !
— Quoi ?
— Oui.
— Moi aussi, je veux un
pouvoir sexuel magique, me dit-il.
— Je croyais que tu étais déjà un dieu au plumard.

Tu es pour moi comme le phare dans un port : mon repère. Tu me guides, et je ne vois que toi…

— J’en doute ! Tu as entendu ce qu’il a dit : il veut que je quitte son royaume le plus vite possible.

— Ce qui, en langage de dieu en colère, signifie : j’aimerais beaucoup coucher avec toi.

— J’ai été kidnappée. On me dit que toute ma vie n’a été qu’un mensonge, et que j’ai été mariée à un homme dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Et, comme si tout cela ne suffisait pas, vous voulez en plus que je concoure pour épouser ce même homme, lequel a pourtant déjà décidé de ne pas se marier avec moi, préférant vivre dans un monde de mort, alors que tout ce que j’aime est justement la nature et la vie.
Je me levai du tabouret, hors de moi.
— Et toi, maintenant, tu me demandes de ne pas poser de questions ?
— Calme-toi, dit doucement Hécate.
— Me calmer ? Mais comment veux-tu que je me calme ? Remarque, j’imagine que pour toi, tout ça est normal : vivre dans les enfers, faire apparaître du vin… Je ne sais même pas pourquoi je te parle !

Je ne le montrai pas, mais l'anxiété me gagna à l'idée de devoir affronter un autre combat.
- Et tu dois aussi déjeuner avec Hadès, ajouta-t-elle à toute vitesse, si bien que je ne compris presque pas.
- Quoi ? Mais quand ?
Je la regardai, bouche bée, et l'estomac noué.
- Tout de suite ! Amuse-toi bien...
Puis tout devient blanc - une fois de plus.