ANTOINE — Mange ces figues ou je t'en fais un chapeau !
JOSÉ — Elles sont bonnes... Qu'est-ce que tu fais ?
ANTOINE — Je construis un bateau en liège !... Voilà ! Avec une proue, un arrière évasé, une cabine.
JOSÉ — Il est vraiment petit ton bateau.
ANTOINE — Ses proportions me conviennent. Il tient entre mon pouce et mon index écartés...
JOSÉ — Tu ne peux même pas monter dedans...
ANTOINE — Je n'ai pas besoin de monter pour partir... Ce bateau-là, il suffit que je le regarde et il m'emmène n'importe où !
JOSÉ — Je voudrais bien voir ça !
ANTOINE — Regarde ! Bateau, emmène-moi sur les cimes de l'Himalaya ! Fououou... Me voici au point culminant du Tibet, où les neiges sont éternelles et où les hommes croient encore à quelque chose !... Mais changeons de cap ! Fououou ! Allons goûter à la douceur des mers de Chine, fouououou... Me voici voguant au gré des flots toujours bleus, que la mer se nomme Noire ou Rouge ! D'ailleurs, elle est bien coléreuse, cette mer de Chine... Plus d'un marin s'y est cassé le nez...
JOSÉ — Apprends-moi à naviguer !
ANTOINE — Je ne sais pas.
JOSÉ — Mais... tu étais le meilleur marin de tout le Portugal !
ANTOINE — On n'est qu'une âme qui passe... Va-t-en, José !
Corbeau
Mère Noé, je reviens bientôt! Si tu pouvais voir ton Corbeau favori planer dans le ciel, tel un aigle majestueux!
Desdémolle
Tel un aigle! Hi! Hi! Laisse-moi rire! Tu n'es même pas fichu de rester dans ton couloir de vol!