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Critiques de Edward Estlin Cummings (13)
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95 Poèmes

95 poèmes de Edward Estlin Cummings ont été publiés à New-York en 1958. C'est un choix de textes sans titre, tous numérotés, que le poète américain a effectué lui-même. Les thèmes qui jalonnent ce recueil sont nombreux mais restent tous concentrés autour de la nature, de la condition sociale et de l'amour.



Surprenant, déroutant de prime abord, j'ai pourtant beaucoup aimé la lecture de ce recueil que l'on dit être le meilleur de E.E. Cummings. Dans son écriture, il expérimente de façon radicale la forme du poème, la déstructure parfois jusqu'à l'excès et la réinvente, y intégrant comme une nouvelle langue. Il use aussi de manière peu orthodoxe des majuscules, des points-virgules, des parenthèses, des tirets, des points d'interrogation, etc. les mêlant aux lettres d'un mot, rompant le rythme, la compréhension du texte, sans jamais renoncer au sens.



!



(rondE)ô lune,où

ro

ul(ronDe p

lu

s que roNde)es-tu;

moi

te et(rOnde plus que)

rouge:o

yante(Rondi

ssime)



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la découverte de ce genre de texte peut… surprendre. La mise à l'écart des conventions syntaxiques, l'expérimentation typographique, l'absence de rimes, de rythmique particulière font perdre tout repère au lecteur. À moins que de renoncer, une seconde lecture s'impose, voire plusieurs, pour s'approprier le texte, en extraire le thème, le sens.

Au-delà de ça, ce qui a attiré mon attention dans l'écriture de E-E. Cummings, c'est que dans poème semble se trouver deux poèmes emmêlés, deux textes confondus en un seul, ouvrant ainsi comme deux fenêtres de lecture sur un seul et même texte.

D'autres poèmes du recueil sont moins exigeants à la lecture, même s'ils conservent quelques-unes des caractéristiques du style de Cummings :





hors du presque nuiT Flotte une couleur(dans



le rougesang du jour monte en s'uniquant

le monde)

dont

le silence est fait de cris

poèmes enfants rêves &



viflente à s'épanouir sans nul si



cette irré-

VocA

-ble flamme

est

vit

resp

ire(sur-



passant

in

-férieurement & en-

cerclant

la mort)



l'

A

m

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u



r





Si la poésie est harmonie, lyrisme et émotion, elle est aussi tout autre chose. Quelque que soit le thème, elle est avant tout un travail sur le langage et sur les sonorités, travail qui n'omet pas la forme. La poésie ne saurait être enfermée dans des limites trop figées, elle expérimente, essaie de nouvelles figures de style, de mise en forme…

La poésie ne saurait être que ceci. Elle est aussi cela. C'est ce que l'écriture très particulière de E.E. Cummings nous enseigne.





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95 Poèmes

Dans sa préface, Jacques Demarcq (traducteur et poète lui-même), clair et éclairant, précis et pénétrant, voire pédagogue, nous démontre enfin que Cummings n’est pas un auteur difficile, un abscons, un hermétique. En ouvrant grand la porte de ces poèmes, il m’a fait comprendre qu’il fallait entrer dans ces pages comme dans un jeu, une série de jeux. Imaginons, par exemple, des mots croisés ; ceux-là ne se donnent qu’avec effort, après recherches, hésitations et réflexion. C’est, me semble-t-il, exactement le même principe qui prévaut pour les poèmes de Cummings : acceptons de passer du temps sur chaque page pour en décrypter les jeux de versification, de typographie, la raison d’être des parenthèses ou des espaces manquants. Au bout, l’évidence lumineuse, comme lorsque l’on a fini de remplir sa grille de mots croisés ; quelle récompense ! Ça n’était donc pas si difficile !
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95 Poèmes

J'ai entendu un de ces poèmes dans un film et comme j'avais vraiment apprécié, j'ai eu envie d'acheter un recueil de cet auteur. J’ai bien retrouvé mon poème, toujours aussi beau à mon goût, par contre je n’ai absolument rien compris au reste des poèmes. Apparemment, Cummings, a un style très personnel, difficilement accessible. J’ai bien lu le préface tentant d’y trouver une information me permettant de comprendre le reste des poème, mais rien. Je reste perplexe devant cet auteur.



Comme les exemples valent mieux que les bons discours, voici le poème numéros 1, et il n’y a pas d’erreur de frappe :



l(v



ole

e fe

ui



ll



e)

as

ol



itude



Si quelqu’un à compris comment lire ces poèmes qu’il me donne la solution que j’apprécie à mon tour leurs beautés cachées.

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95 Poèmes

Les langues se mélangent, la typographie se disloque, la syllabe, la lettre apparaissent dans leur nudité. Rythmes nouveaux, calligrammes, virtuosité, grande innovation formelle.....

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L'énorme chambrée

Les rédacteurs de quatrième de couverture ne sont-ils que des immondes pisses copies, des infames tire-au-flanc, qui ne prennent pas la peine de s'informer un tant soit peu de la teneur de l'ouvrage qu'ils ont charge de présenter succinctement contre rémunération?



E.E. Cummings et son ami Slater "B' Brown ont obtenu un engagement comme conducteurs volontaires dans une section sanitaire des ambulances Norton-Harjes pendant la Grande Guerre. Il semble que B. a envoyé des lettres à des proches qui n'ont pas eu l'heur de plaire aux services de la censure des autorités françaises. le dit B. et Cummings, du simple chef d'être son ami, se voient arrêtés et transférés au "Camp de Triage" de la Ferté-Macé (Orne), "endroit où le Gouvernement Français entassait des suspects de toute espèce en attendant qu'une commission décidât de leur culpabilité" aux fins d'un éventuel transfert à la prison de Précigné (Sarthe). Donc non, monsieur le cossard de rédacteur de la dite quatrième incriminée, le dénommé E.E. Cummings n'a pas, du moins dans le livre ou dans la biographie qu'on lui connait, été arrêté par les allemands et transféré dans le camp d'internement de la Ferté-Macé. Cela devait être dit car au final çà n'est pas vraiment un roman sur la guerre. Passons. Voilà les deux compères dans le dit lieu riche en affres et en angoisses, que partagent des ressortissants étrangers de pays neutres ou ennemis et par là même suspects, des petits délinquants ou des déviants, sous le regard d'Argus de plantons éclopés attendant leur démobilisation. Deux murs les séparent d'un quartier de femmes, de celles qui ont l'habitude de suivre les troupes en temps de guerre... L'énorme chambrée éponyme est une chapelle déconsacrée où s'entassent les prisonniers, une nef des fous, une cour des miracles.



Le présent récit comme l'annonce quelque part son titre fait dans l'hyperbolique. C'est une manière de farce qui sur un ton bouffon, iconoclaste et provocateur, dénonce l'absurdité foncière des décisions des autorités constituées lors de conflits armés, le chauvinisme pompier du genre "amour sacré de la Patrie". En reprenant drolatiquement certains éléments du très puritain Voyage du pèlerin de John Bunyan (1678) Cummings exhale de forts subversifs élans anarchiques sur un mode ironique très appuyé. Tout ce qui est excessif est insignifiant disait Talleyrand, et parfois on peut dire que la grandiloquence du ton employé par l'auteur a quelque chose de déroutant qui peut instiller un ressenti d'irréalité ou de fabulation à ce qui est le fruit d'une expérience vécue. Ce qui demeure en revanche c'est l'originalité de la prose riche en trouvailles langagières, plus particulièrement remarquable dans les premiers chapitres.
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100 Selected Poems

Je crois que la poésie est le seul mode d'écriture qui puisse me toucher aussi profondément. Ce n'est le cas ni avec le roman, ni les nouvelles, les histoires (mais évidemment, j'aime énormément les romans aussi, et la prose, et les histoires en général) – ce sont les mots, le rythme, quelque chose que je ne sais expliquer et qui me porte. La poésie me rend vivante, et fait vivre en moi quelque chose qu'autrement je ne saurai exister.



Je pense que j'ai eu ma première « épiphanie » poétique à 13 ans. En cours de portugais, ma prof avait déposé sur ma table (parce que je lui avais demandé conseil) une pile de livres pour que je puisse choisir celui qui m'intéressait, et parmi tous ces livres, ces recueils de poèmes j'avais trouvé un recueil de Vinicius de Moraes (grand poète brésilien) Para viver um grande amor. Je me suis dit à ce moment là que si un jour j'arrivais à faire avec les mots ce qu'il avait fait, alors, je serai accomplie. J'ai aussi d'autres objectifs dans la vie aujourd'hui – ma la puissance de la poésie me touche encore d'une façon que je ne saurai décrire.



En fait, malgré tout ça, il y a très peu de poètes qui ont été capables de me toucher de cette façon (même s'il y en a beaucoup que j'aime lire). Je les compte sur les doigts d'une main : Vinicius, Apollinaire, Aragon, Desnos et Cummings.



Cummings, c'est le plus récent. Je l'ai rencontré en Licence, en L3. Tout le monde n'aime pas sa façon d'écrire, son style – libre, énigmatique, qui déjoue toutes les conventions. Beaucoup de ses poèmes restent encore un mystère – on ne sait pas ce qu'ils veulent dire. Mais la poésie ne veut rien dire. Elle dit.



E.E Cummings était considéré le « mauvais garçon » de la poésie américaine. le type de poésie qu'il a créé était implicitement comparé à de l'alcool : une poésie qui trouble les sens du lecteur – que ce soit le sens physique (comme le toucher, etc…), les sentiments, ou la signification.



Mais il y a aussi une question proprement américaine liée à sa poésie. Gilles Deleuze, dans Critique Clinique, décrit l'écrivain américain comme celui pour qui la brisure est la condition de son existence : parce que l'écrivain américain écrit dans une langue qui n'est pas la sienne, et pour s'affranchir de l'anglais britannique il doit tailler dans cette langue une autre langue – et la poésie de Cummings reflète ces préoccupations linguistiques.



Comme d'autres poètes à son époque, tels qu'Apollinaire ou les poètes de l'Oulipo, il a brisé pas mal de tabous de l'écriture, il a brisé le rythme, les mots, les conventions syntaxiques, typographiques, lexicales et grammaticales: ses poèmes possèdent une grande liberté – et c'est ce qui m'attire dans son écriture. Ses mots ne sont emprisonnés par aucune règle : ils sont libres d'exprimer tout leur potentiel. Et Cummings relève ici le défi de rendre poétique ce qui ne l'avait jamais été avant. J'aime sa façon de jouer avec les mots. Et ce que j'aime c'est que pour jouer avec les mots, et « transgresser » les formes canoniques, il faut bien les connaître – et les maîtriser, et on sent cette maîtrise aussi dans sa poésie. Briser les conventions poétiques ne signifie par nécessairement les mépriser – j'aimerais d'ailleurs parler plus de « dépassement » de la forme, que de vraie brisure. Il va plus loin.



Ceux qui aiment les mots, la poésie, les défis – lisez Cummings.
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Poèmes choisis

Au final, malgré quelques difficultés de compréhension parfois, j’ai bien aimé découvrir la poésie de Cummings. Son style est (vous l’aurez compris) hyper original et créatif, et j’ai trouvé hyper amusant et challengant de m’attaquer à cela, de découvrir de nouveaux mots et de me laisser surprendre par la ponctuation. Je pense que Cummings est typiquement le genre de poète qu’il faut relire plusieurs fois et que l’on redécouvre à chaque lecture, aussi je suis absolument certaine de relire ce recueil dans les prochaines années ! Puisque ce sont des poèmes qu’il vaut peut-être mieux lire en anglais, je vous le conseille si vous aimez cette langue et si vous aimez les constructions littéraires originales et les jeux avec le langage. Si vous êtes curieux et avez envie de découvrir des poèmes qui sortent du lot, n’hésitez pas à découvrir e.e. cummings !
Lien : http://ulostcontrol.com/poem..
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Erotiques

DOUX EROTISME

Ici le corps est d’abord un théâtre silencieux et les mouvements sont insouciants.

Puis la bouche et les lèvres d’amour deviennent frémissantes et les cheveux rougeoient devant la nudité affolante. Les seins sont des fleurs offertes aux doigts terrifiants et goûtant à l’opium de la chair, le ventre se fait riant et les tétons criant. Le corps féroce n’est que chair croustillante battant au rythme des hanches luxurieuses et enthousiastes.



Voici une tentative de retranscription par des mots saisis çà et là dans les poèmes de Cummings, de l’aventure érotique qu’il nous offre à lire et à ressentir.



Ses mots disent un érotisme doux, ni vulgaire ni déplacé, où la femme est sublimée (et jamais avilie) par le désir de communion et d’harmonie des corps, qu’elle soit une muse, une épouse ou une fugitive rencontre.

Des préliminaires frissonnants, au souffle de l’ardeur de l’étreinte jusqu’aux secousses vertigineuses de la jouissance, Cummings raconte dans une délicate sensualité ces corps qui se rencontrent, se frôlent et s’entremêlent.



Les courts poèmes jouent sur la déconstruction poétique, la longueur des vers, les parenthèses secrètes et la ponctuation surprenante pour accompagner le rythme du corps à corps et faire vivre à son lecteur chaque mouvement et chaque impulsion dans le balancement poétique du verbe.



C’est le rythme de l’amour, le rythme des corps et celui des cœurs battants dans l’acte sexuel magnifié qui résonne intensément dans la poésie libre et libérée de Cummings.



Dans une post-fac éclairante, Jacques Demarcq nous explique qu’il a parfois été difficile de faire admettre et publier ces poèmes érotiques dans les années 1920. Mais les temps changent et bien heureusement nous pouvons aujourd’hui jouir (sans jeu de mot…quoique) de la lecture de ces textes sensuels et toujours en mouvement sans rougir, notamment grâce à cette très belle édition bilingue des éditions Seghers.



Une ode aux corps et au plaisir des sens, élégamment illustrée des dessins du poète, comme une ponctuation esthétique, parfait écho à ses mots érotiques dont on se lasse difficilement, jusqu’à en demander « encore »…

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95 Poèmes

Lecture fastidieuse et parfois totalement absconse des 95 poèmes de Cummings. Je n'ai pu en saisir tout à fait ni la prose, ni les césures, ni - certainement - la beauté.



Celui cité en 4ème de couv, pourtant très engageant : "fie-toi à ton cœur quand s'embrasent les mers (et ne vis que d'amour même si le ciel tourne à l'envers)"
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L'énorme chambrée

Je vous incite à lire ce monument d'écriture. Une littérature de la joie et de la poésie, dans un lieu sordide et déprimant. Une écriture riche, savoureuse, que l'on doit lire avec attention, comme pour ne pas briser la magie des mots.
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95 Poèmes

Salut Sly :). Je sais pas si ça t'intéresse toujours mais j'arrive à lire "La feuille vole solitude" mais il manque une lettre à placer... Voilà ! Dis moi si ça t'aide :)
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Poèmes choisis

Franchement je n'ai pas toujours saisi le sens des écrits de l'auteur, mais je me suis laissé porter par ses mots.
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Le vieil homme qui disait

Un joli conte à se lire côte à côte, à la nuit tombée, sous un ciel d’étoiles…
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