Pour ses 50 ans, Futuropolis republiera une série de 5 ouvrages rares qui ont marqué leur époque et l'histoire de la maison d'édition.
Le premier d'entre eux sera Carla, d'Edmond Baudoin et Jacques Lob, un roman graphique majeur qui commence comme ça : un homme, plutôt jeune, hèle un taxi. Une Mercedes noire. À l'intérieur du taxi, une jeune femme, habillée de cuir noir. C'est Carla. L'homme est pressé, vite à l'aéroport, compagnie Transaerial, au départ. Il est anxieux. Quand il arrive, c'est trop tard, l'avion a décollé. Il retrouve Carla, qui lui propose de le ramener en ville. L'homme lui raconte son histoire : le coup de foudre, réciproque, avec une belle étrangère, l'amour fou, la fuite de celle-ci, et cette nouvelle que la radio diffuse dans le taxi : un appareil de la Transaerial, en direction de New York, s'est crashé peu après le décollage, avec à son bord 450 passagers. On ne sait pas s'il y a des survivants...
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Je me sentais exclu, comme toujours, de l'univers de mes camarades, et je pressentais que le seul avenir possible, pour moi, ç’allait être une mansarde garnie d'une chaise, d'une table et d'un lit où j'allais pourrir toute ma vie. Une vie courte, quarante ans au grand maximum pendant lesquels j'écrirais un roman sans fin, un roman illisible qu'ils découvriraient après ma mort, près de mon cadavre mais dans lequel se trouverait le tout, toute la vérité sur l'existence et l'inexistence, le monde entier avec tous ses détails et son sens.
Le 9 décembre nous allons au cimetière de Santiago.
Je m’arrête devant les photos des victimes de la dictature.
L'émotion m'envahit.
J'imagine les rêves de ces femmes, de ces hommes, souvent jeunes, leur désir pour un monde meilleur.
Ils ont voulu défendre la vie, l'humanité.
Les ennemis de la vie et de l'humanité les ont tués.
Les larmes me viennent dans les yeux.
Alors je pense à une chanson de Brassens : " Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente."
J'aime Brassens, il a fait une part de ce que je suis avec ses poésies, mais je rejette cette chanson, elle est une insulte aux gens qui sont sur ce mur.
Emmanuel est à quelques mètres, ses yeux sont comme les miens.
Aujourd'hui les feuilles qui tombent des platanes sont grises comme un ciel triste.
Il me semble qu'avant elles étaient pleines de couleurs.
Si je dis à un enfant : " Ce monsieur n'est pas comme nous", je n'ai pas besoin d'autres explications. Mon affirmation est gravée dans la tête de cet enfant.
Si je dis le contraire : " Ce monsieur est comme nous"... " Il a les mêmes droits, ses enfants sont pareillement intelligents que toi...etc...etc...etc " là, il faudra que j'explique longtemps, et que je me répète souvent.
Qu'as-tu appris dans ton voyage ?
Que d'aller de l'autre côté de la terre ou faire le tour de son village c'est le même voyage. Que c'est juste une question de regard.
Il m’expliquait qu’un grand patron travaille bien plus intelligemment sur un terrain de golf qu’enfermé dans son bureau. Depuis, quand je passe aux abords d’un de ces camps de concentration pour riches, je pense aux arbres plantés là, à la quantité d’informations qu’ils ont sur l’élaboration de ce qu’on appelle « les plans sociaux ».
J'avais échafaudé le fantasme de l'emmener ici, chez elle, une dernière fois. J'imaginais, comme dans le film japonais La balade de Narayama, être le fils accompagnant sa mère en haut d'une montagne pour mourir. J'aurais, le matin avant de partir, empli mes poches de barbituriques. Et arrivés aux Sauches, nous nous serions assis sur l'air devant sa maison, nous aurions déjeuné, je lui aurais raconté une histoire, elle ne l'aurait pas comprise, son cerveau n'accrochait plus rien Ensuite, après l'avoir embrassée et embrassée encore, je lui aurais fait avaler les cachets. Je ne l'ai pas fait, elle est morte à l'hôpital, ce fut lamentable.
- C’est quoi le nom à la femme ?
- Pas de nom. Interdit.
- Ha bon ? Elle aussi, elle a perdu son nom ?
- Oui. Il ne lui en reste même pas le début. (*)
- Ben, on va lui donner un nombre alors, comme à moi [...]. «4.21» on va l’appeler, parce que, elle, elle a tiré le gros lot.
- Si tu veux, disons 4.21.
* : le témoin de la scène de crime s’appelle Pi comme Pierre par exemple.
" On naît et on meurt. Et à partir de cela on est en face de :
" Qu'est-ce qu'on fait ? Qu'elle est notre responsabilité avec ce temps de vie, avec : Aujourd'hui, c'est un beau jour pour mourir. "
La vie, c'est un rapport à la mort, c'est tout.
La mort n'est pas embêtante ! Elle est juste la raison de vivre. "
[ extrait du film " Un chemin avec Edmond " :
https://vimeo.com/140663495 ]
Son plus grand plaisir était de rentrer chez lui et, tout en mangeant la soupe avec sa femme ... de regarder la télévision. La télé était une «Ducretet-Thomson» et sa femme se prénommait Colette. Toutes deux fonctionnaient parfaitement.