Plutôt que de passer mon temps à quémander des services à coups de “s’il vous plaît”, “excusez-moi”, je préfère rester cloîtrée. Ou bien, je sors caparaçonnée pour ne pas avoir à affronter les regards qui se détournent et entendre sur mon passage : “quel dommage !” ou “elle est si jeune…” Parce que c’est la première chose à laquelle les gens pensent lorsqu’ils me croisent, et j’ai l’impression de lire dans leur yeux les quatre syllabes qui me définissent : han-di-ca-pée. Sans chercher à nier l’évidence, il est cruel d’être toujours cataloguée d’un mot qui désigne exclusivement mon incapacité… Alors, sur ma petite chaise, je roule, je vais et traverse le temps.
Django ne deviendra pas seulement un bon guitariste de jazz, mais l'un des plus talentueux et des plus influents de tous les temps. Imaginez ce que cela représente, lorsqu'on a un amour infini pour la musique, et suite à un accident, plus sur trois doigts valides. ... imaginez ce que cela représente lorsqu'on a un amour infini pour l'aviation, et suite à un accident ... Je ne suis pas Django Reinhard, juste une femme à qui on a dit, comme à lui : " C'est impossible ."Tant de choses paraissent impossibles dans la vie avant que ....
Pour lui, pour son fils, je veux trouver les mots justes. Il faut que je dise que si un avion m'a enlevé mes jambes, l'aviation, elle, m'a tout donné. Et au centuple. Il faut que je dise que l'espoir peut être immense si l'on croit à ses rêves, si on ne renonce à rien. Il faut que je dise, il faut que je dise...
Le journaliste ouvre son micro. Trois, deux, un..; (page 199 et fin)
"Orly", la chanson de Brel, me hante. Et un matin, ce sont les paroles de Barbara qui me reviennent aux lèvres. La joie de vivre, la joie de vivre... Si un homme peut la sublimer, je ne laisserai à aucun de la briser (page 178)
Il y a aussi les regards qui disent : " Quel dommage!" et ceux qui disent "Non"... Parce que je suis paraplégique. Je sais les peurs que le handicap engendre, mais comme cela fait mal, d'être réduité à "çà"... (page 178)
Paradoxalement, qu'on ne voie que mes faiblesses me donne un regain de force et de rage! Car je ne vis pas uniquement à travers le handicap. Mon plaisir, ma liberté, je les conquiers autrement. Dans le dépassement se soi, avec l'adrénaline qui m'aide à franchier les obstacles. (page 178)
Plusieurs fois par jour, des yeux me disent que je suis une jolie femme, qu'on peut me désirer, mais, finalement, c'est toujours le fauteuil qui gagne. Parce que après m'en avoir décollée, on m'y rassoit, de gré ou de force. (page 178)
"Aie confiance, tu as tout en toi pour réussir. Même avec ton handicap!" me répète-t-il lorsque je jui confie mes doutes.
"On part avec un handicap, et alors ? On ne va quand même pas se laisser emmerder par des jambes !"