La géopolitique des séries, Dominique Moïsi
Le président Obama n'a rien de Frank Underwood, le héros de la série "House of cards", mais ce dernier est la démonstration que l'on peut devenir président des Etats-Unis sans avoir jamais été élu, en tenant un discours du type: "La démocratie, c'est sérieusement surfait", "Democracy is seriously overrated", dit Underwood, qui vient d'être nommé vice-président, dans un de ses apartés particulièrement efficaces avec le public, les yeux droit dans la caméra.
J'aime aussi entendre le son du shofar qui sonne la fin du jeûne... C'est l'appel du berger à la vie. Dieu ne révèle-il pas là une autre forme de présence que celle des hautes envolées mystiques ? Une présence au coeur de ce peuple qui a survécu des millénaires durant. Un peuple qui sort du désert et se rassemble. Un peuple qui de doit d'être, comme je le pense aujourd'hui , plus éthique qu'ethnique, plus témoin de l 'histoire que comptable de sa géographie.....
Des séries comme Game of Thrones et House of Cards fondent leur récit sur l'école dite réaliste des relations internationales dont les précurseurs furent Nicolas Machiavel, auteur du Prince publié en 1532, et Thomas Hobbes, qui écrivit le Léviathan en 1651. Pour ces deux auteurs, les hommes sont fondamentalement motivés par leurs intérêts personnels, et avant tout par leurs appétits de pouvoir. Selon Machiavel et Hobbes, le souverain qui règne sur son État peut seul garantir la paix, car il est le seul à pouvoir l'imposer. Dans un monde qui se trouve naturellement dans un état d'anarchie, le Prince se doit d'accumuler le plus de pouvoir possible pour défendre rt poursuivre l'intérêt national. La richesse est le moyen indispensable pour garantir la puissance militaire.
“Le spectateur français se passionne d’autant plus pour une série comme House of Cards qu’elle lui paraît tout simplement impossible en France. Nous ne sommes pas aux États-Unis, quand même ! Il y a des limites à l’autocritique.”
Ce qui domine le monde musulman, psychologiquement et émotionnellement, c'est le sentiment d'humiliation politique et culturelle, ainsi qu'une soif exacerbée de dignité. (p.101)
Ce qui est fascinant dans la façon dont Poutine réécrit l'histoire de ses relations avec l'Occident, c'est que des pays aussi divers que la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud y souscrivent. Malgré leurs multiples différences structurelles, ces pays ont un point commun, qui va au-delà de ce qui les sépare : tous ont accumulé de la rancœur à l'égard de l'Occident, qu'il soit américain ou européen.
Pas plus qu'il n'était pertinent de prétendre que le comportement d’Hitler s'expliquait par le traité de Versailles et la sévérité excessive des conditions imposées à l'Allemagne, humiliée par les réparations de guerre. C'est parce qu'Hitler avait perçu les faiblesses des démocraties occidentales qu'il a finalement déclenchée le Seconde Guerre mondiale. Et pour ce qui concerne Poutine, ce ne sont ni notre arrogance ni notre refus d'écouter ses demandes qui ont conduit à la guerre en Ukraine, mais la décision prise par la Russie d'utiliser l'humiliation comme arme. p53
Les images d'un film ou d'une série peuvent préparer, bien plus qu'un livre ou un article, les esprits à la compréhension du monde. Elles rendent concret, en donnant à vois. Bien sûr - je ne suis pas naïf - ces images peuvent aussi, à l'inverse, contribuer à la désinformation pure et simple, au déni de réalité, lorsqu'elles s'inscrivent dans une action délibérée de propagande, comme c'est le cas dans les régimes autoritaires.
L'Amérique latine avait bénéficié plus que toute autre région, de la Seconde Guerre mondiale. Elle était alors au monde ce que la Suisse était à l'Europe : une oasis de paix. Durant et après la guerre, la Havane, Buenos Aires, ou Rio de Janeiro étaient devenus des hauts lieux de culture où les artistes, venant notamment d'Europe, trouvaient une scène et même des moyens de subsistance.
Les quêtes identitaires ont remplacé l'idéologie comme moteur de l'histoire: dans un monde où les médias jouent le rôle d'une caisse de résonance et d'une loupe grossissante, les émotions comptent plus que jamais. (p.18)