Le sentiment tragique de la pièce coïncide avec celui de Richard, mais il ne se réduit pas à sa vision, narcissique ou éclairante selon les avis. D'autres le partagent, l'évêque de Carlisle, Gaunt dans une certaine mesure, et l'expriment avec une conviction persuasive. Habités par une même conscience de la monarchie et de son rapport au divin, ils constatent avec la même horreur que le monde ne respecte plus leur ordre idéal. Le conflit entre Richard et Gaunt ne porte pas sur la nature du pouvoir royal, mais sur la manière dont Richard s'en acquitte dans les faits. Le cynisme du jeune roi est sans commune mesure avec celui d'un Richard III qui ne croit à rien, surtout pas à la transcendance. Ses pires fautes ne sont pas tant des traits de son caractère que des négociations pragmatiques avec la réalité qui gouverne. Le fait que Bolingbroke se trouve comme fatalement amené à les reproduire indique assez qu'elles sont inhérentes à l'exercice du pouvoir, et mettent en cause son fonctionnement autant que l'individu qui l'incarne.
Le roi divin