Deryn Farrel

"– Je suis prête.
Le regard dur et décidé qu'elle me lance me donne l'occasion d'examiner son visage, que je ne me lasse pas de contempler depuis son retour. Même si ça rappelle trop de souvenirs, provoque trop de douleur d'être face au sosie de celle que j'ai tant aimée. Le même nez retroussé, cette même bouche pleine et pulpeuse couleur cerise que j'ai tant embrassée… Les taches de rousseur qui parsèment son nez et une partie de ses joues, la texture de ses cheveux… Tout.
Je frissonne, engourdi par les sensations qui me submergent parce que ce n'est pas elle. Ce n'est pas Savannah. C'est comme un leurre bien vivant.
– Tu as déjà pensé à faire du yoga ? Ça t'apporterait la souplesse nécessaire et l'occasion de tempérer ta fougue. On sait tous les deux que tu peux t'emporter facilement lors des compétitions."

Chapitre 4 :

Paxton

«… – Bonjour, Paxton. Je voudrais seulement régler mon repas.

Donna grogne de jalousie quand Cléo confirme qu’on se connaît en m’appelant par mon prénom. Sans un mot, je longe le comptoir et atteins la caisse. Je tape sur l’écran tactile sans lui adresser le moindre regard, mais la tension entre nous deux doit se ressentir à des kilomètres. Je bloque ma respiration pour éviter de humer cette odeur trop familière.

Pourquoi est-ce que je ne suis pas étonné ? On parle de Cléo Sutton !

– Alors tu ne vas même pas oser me regarder en face ? C’est ça ? On va s’ignorer ? Comme des étrangers ? Je me suis peut-être barrée, mais moi au moins, j’ose faire face !

Sur moi, je ressens le regard insistant de Cléo peser lourdement, mais je ne me résous toujours pas à lui prêter la moindre attention. Je ne suis pas prêt à me pencher sur mon passé, pas pour l’instant.

– Bébé, les clients attendent ! C’est quand tu veux.

Bordel, Donna ! Allez, vas-y, rajoutes-en !

Je ferme les yeux et inspire fortement. Lorsque je les rouvre, un billet de vingt dollars attend sur le comptoir tandis que Cléo passe déjà la porte. Mes yeux tombent sur son derrière bien moulé dans son jean et je ne suis clairement pas le dernier à mater ses attributs. … »

Prologue :

Cleo

Cinq ans plus tôt, novembre, près de Fredericksburg, ranch WildSutton

«… Elle me manque tellement.

Un instant, je ferme les yeux, désireuse d’en finir et de retourner à ma place.

Allez, Cléo, tu es presque au bout. Savannah serait fière de toi. Un peu de courage !

Je me racle la gorge en essayant de ravaler l’émotion qui monte, et termine sur ces quelques mots si difficiles à prononcer :

– Nos parents, Paxton, notre famille, nos amis et moi, ta sœur, nous ne t’oublierons jamais. Continuons à vivre en mémoire de Savannah. Nous le ferons parce que c’est ce qu’elle désirait le plus pour nous. Vivons et aimons. …»

Je t'ai simplement appris à aimer passionnément, et maintenant, je te demande d'aimer éperdument.