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Citations de Denis Lefebvre (41)


Après la chute du gouvernement Guy Mollet, en mai 1957, les préparatifs franco-français sont accélérés encore par ses succeseurs, Maurice Bourgès-Maunoury , Pierre Pflimlin et, surtout Charles de Gaulle. Et la date de janvier 1961 initialement retenue en 1956 ne sera pas honoré.
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En ce même mois de décembre 1956, la construction du prototype de l'avion Mirage IV destiné au transport de la future bombe atomique est ordonnée. Le Comité de l'énergie atomique donne son accord au 2e plan quinquennal de développement de l'énergie atomique.
En moins d'un mois, tout est lancé.
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La médaille commémorative française des opérations au Moyen Orient a été créée par un décret du 22 mai 1957, et accordé "aux militaires français des armées de terre et de l'air qui ont participé entre le 1er septembre 1956 et le 22 décembre 1956 aux opérations qui se sont déroulées dans la zone géographique comprise entre les parallèles 20 et 26 et les méridiens 24° E et 40¨(méridien international).
[...]
Pour la médaille, c'est 113 jours dans la zoné géographique indiquée. Un moyen détourné pour ne pas dire ouvertement que certains d'entre nous étaient en Israël. Avant le 1er septembre.
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Les Américains se couchent devant l'ours soviétique qui vient pourtant d'envahir la Hongrie et lâchent définitivement leurs alliés, alors que la chute de Nasser était imminente, au point qu'il cherchait déjà selon certaines informations, un pays d'accueil pour s'y réfugier.
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Le président du Conseil français répond le lendemain à la lettre de Boulganine, mettant tout d'abord en cause la capacité de l'URSS à s’apitoyer sur le sang innocent répandu au Moyen-Orient, alors qu'il massacre des innocents en Hongrie "en violation de la loi de l'humanité et des règles de la justice et du droit." Puis il condamne Moscou, qui n'a pas exercé depuis plusieurs mois une influence modératrice en Égypte, "conforme à la politique de détente et de paix qu'elle proclamait." Alors, "les événements auraient pris une autre tournure."
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Le délégué français quant à lui concentre son intervention sur Israël et rappelle les raisons qu'à l’État hébreu de vouloir assuré sa sécurité en présence des menaces et des incidents incessants provoqués par l’Égypte et les pays arabes.
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A Sadate qui les accueillait, ils avaient déclaré qu'ils étaient heureux que, pour la première fois, des socialistes français rendent visite à l’Égypte socialiste. Le président égyptien leur a alors répondu : "Ce n'est pas la première fois, d'autres socialistes sont déjà venus, mais ils se sont fait précéder de parachutistes et de chars." C'était Guy Mollet en novembre 1956. François Mitterrand répondit : "Je n'en étais pas," parce qu'il n'était pas, à l'époque, au Parti socialiste et que comme la quasi-totalité des autres membres du gouvernement, il avait été mis devant le fait accompli. Mais Guy Mollet me fit remarquer que c'était quand même François Mitterrand qui avait exposé devant le Conseil de la République, et il ajouta : "Il a fait un si beau discours qu'il m'a fait obtenir, auprès des sénateurs, un score que je n'osais espérer."
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Pour François Mitterrand, il s'agit dans cette affaire de Suez de "la réponse du droit à la forcve," pour sauver la paix. Le Conseil de la République approuve la décision gouvernementale par 289 voix contre 19.
Comme la totalité des ministres, François Mitterrand soutient alors sans état d'âme le gouvernement. Aucun ministre n'a d'ailleurs démissionné à propos de l'affaire de Suez.
[...]
François Mitterrand, comme tant d'autres, se désolidarisera plus tard de l'action qu'il a mené dans le gouvernement de Guy Mollet, sur Suez en particulier.
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A la même heure que Guy Mollet, François Mitterrand défend la politique gouvernementale devant le Conseil de la République, le Sénat de l'époque. Il le fait en termes passionnés et véhéments.
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La nuit suivante, alors que les troupes égyptiennes tiennent encore les positions très fortifiées de Raffah et El Arish, sur le littoral, qui défendent la bande de Gaza, une nouvelle opération est menée par la marine française, toujours à la demande des Israéliens. Le Georges-Leygues bombarde Raffah pendant deux heures avec ses canons de 152 : 350 coups de canons sont tirés. Cette intervention provoque, selon le rapport de l'amiral Barjot, "la déroute totale de la brigade égyptienne qui tenait Raffah." L'armée israélienne attaque immédiatement et les troupe égyptiennes se replient en désordre sur le canal de Suez. Une deuxième attaque prévue sur El Arish, devient alors inutile, et le Georges-Leygues peut reprendre son poste dans la Force navale d'intervention, comme si de rien n'était. Cette opération estime l'amiral Barjot, "fut non seulement parfaitement réussie, mais eut une importance considérable sur la campagne du Sinaï et, en outre, impressionna les pays arabes, Syrie et Jordanie, en les empêchant de se ruer sur Israël."
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Le 28 au matin, l’État hébreu décrète la mobilisation générale... pourtant presque passée inaperçue, comme l'a écrit l'un des premiers biographes de Ben Gourion : "Ceux qui visitèrent Tel-Aviv à cette époque se rendirent bien compte qu'il y avait quelque chose dans l'air, mais personne ne comprit ce qui se préparait. Dans les hôtels, le personnel était prétendait-on malade : les taxis faisaient soit-disant grève ; les magasins se fermaient, les tracteurs demeuraient oisifs. Toute la nation se mobilisait secrètement en vue d'une opération d'où dépendait la vie ou la mort d'Israël."
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Ce témoignage est-il amer ? Pas seulement : il est d'ordre politique. Il est celui d'un membre d'un corps diplomatique mis sur la touche. Lui comme tous ses collègues qui ont publié des ouvrages sur Suez portent un regard négatif sur la façon dont l(affaire est traitée, convaincu qu'ils l'auraient réglée au mieux. Dans ces mêmes livres, on note leur mépris les hommes politiques qui dirigent alors le pays, presque un mépris de classe tant ils ont la conviction d'appartenir à une élite, seule capable de gérer les affaires du monde. Les mémoires de Louis Chauvel sont révélatrices de cet état d'esprit. L'ambassadeur s'intéresse bien sûr à Guy Mollet, un homme "dont la culture générale ne m'a pas paru dépasser le niveau du secondaire," et il fustige "ce socialiste issu des communs du lycée d'Arras."
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Dès mars 1956, Guy Mollet a assuré à l'ambassadeur Jacob Tsur : "Vous pouvez dire à Ben Gourion que le gouvernement français continuera à appuyer Israël et qu'il peut compter sur les armes fabriquées en France, à condition toutefois que les envois soient secrets et que les armes soient founies par petites tranches." Deux pages plus loin, en conclusion de cet entretien, Tsur note ces derniers propos de Mollet : "Nous avons à faire face au même ennemi ; c'est cela qui nous unit." Le même ennemi... Nasser déjà.
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Le 3 octobre, Guy Mollet reçoit à Matignon Maurice Bourgès-Maunoury, Abel Thomas, le général Ely et le général Challe, de retour d'Israël. Le président du Conseil définit devant ses interlocuteurs les buts de l'opération militaire : il s'agit avant tout de défendre Israël, et d'empêcher la mainmise de l’Égypte sur la région. Abel Thomas rapporte ses propos :
"L'opération militaire franco-anglaise doit être conçue dans le but de démontrer que la démocratie ne recommencera pas les erreurs d'un passé dont les faiblesses ont engendrée la plus meurtrière des guerres mondiales. Elle est destinée à montrer que nous n'acceptons pas la politique du fait accompli. Elle est destinée surtout à éviter que ne s'engage un processus conduisant à l'extermination d'Israël ou à la domination des pays arabes indépendants qui vivent au Moyen-Orient."
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Devant les députés, Pineau révèle que la France a fait surveiller les camps égyptiens : force a été de constater que plusieurs militaires Algériens et Tunisiens y recevaient une instruction militaire. Nasser a manqué à sa parole d'honneur.
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Israël sait que la guerre devient inévitable. Souhaitant rétablir l'équilibre, David Ben Gourion (revenu au pouvoir en août 1955) se tourne vers les États-Unis, et tient ce langage à l'Américain Robert Anderson, ancien secrétaire adjoint à la Défense : "Notre existence même est en danger. Nasser veut gagner le temps dont il a besoin. (...) Nous ne pouvons empêcher de voir la guerre se rapprocher, inévitablement, comme dans une tragédie grecque." Mais Washington ne bouge pas, avec la plus parfaite hypocrisie. Le président américain, Dwight D. Eisenhower, écrit même dans ses Mémoires : "Nous en vînmes à la conclusion, après de longues délibérations, qu'un chargement d'armes américaines, en la circonstance, ne servirait qu'à accélérer la course aux armements au Moyen-Orient ; nous opposâmes donc un refus momentané."
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Oui, Washington veut s'implanter dans cette région, mais pas uniquement pur des raisons politiques : la question économique est déterminante. Pour l'année 1952, à partir des données officielles publiées en 1953, les chiffres du trafic sur le canal donnent la pavillon anglais en tête, suivi du norvégien et du français. Mais la réalité est différente, comme l'écrit André Siegfried dans Le Figaro du 5 octobre 1953 : "A la vérité, c'est au pavillon américain que semble appartenir en réalité le deuxième rang, car son pavillon doit comprendre également le Liberia et Panama : cette correction est importante si l'on veut se faire une image exacte du caractère que tend à prendre la navigation à travers le canal." Siegfried continue : "Tandis que les échanges européens s'accroissent en 1952 de 9 %, les échanges américains s'enflent de 24 %, dont les neuf dixièmes au compte des États-Unis."
[...]
On comprend leur intérêt pour cette région !
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Le khédive, faute d'un autre choix, se tourne vers Londres. Le Premier ministre, Benjamin Disraeli contacte Lionel Rothschild, le chef de la branche anglaise de la famille qui accepte de prêter à l’État 100 millions de francs, une somme considérable pour l'époque, et l'opération est effectuée. La France reste majoritaire, mais Londres devient le plus gros actionnaire de la compagnie, une des plus importantes sociétés privées de l'époque, et trois représentants du gouvernement entrent dans le conseil d'administration.
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Guy Mollet est l'homme clé de cette période, qui porte à bout de bras son partenaire britannique, soumis à de multiples pressions internes et externes.
[...]
Secret encore : Guy Mollet est l'homme politique qui, dès son arrivée au pouvoir en 1956, a fourni une aide militaire clandestine à Israël, avant d'envoyer des soldats français protéger ce pays, puis participer aux opérations militaires sous les couleurs de Tsahal. Il est aussi celui qui a "donné" - ce mot sera précisé - la bombe atomique à l’État hébreu, pour que ce pays ne puisse jamais être détruit par ses adversaires.
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La France et la Grande-Bretagne paraissent avoir perdu aux yeux de l'opinion publique mondiale. Cependant, les hommes-clés de cette période, Guy Mollet et Anthony Eden, pensent le contraire. Dès le 12 novembre 1956, le second écrit au premiers : "Je ne doute pas que l'Histoire prouvera que nous avons agi sagement." Guy Mollet de son côté, écrit à Anthony Eden, le 16 octobre 1959 : "Je suis, comme vous, convaincu qu'avec un peu de recul l'Histoire nous donnera raison." Telle est leur conviction.
Depuis 1956, l'Histoire à tranché : ils ont eu tort.
Force est cependant de reconnaître qu'à ce jour l'histoire de la crise de Suez n'a été écrite que par les vainqueurs. Ceci explique sans doute cela. L'affaire de Suez est-elle autant une défaite des occidentaux qu'on veut bien le penser ? Nasser l'a-t-il autant emporté qu'on veut bien le prétendre, et sa volonté d'hégémonie sur le Proche-Orient n'a-t-elle pas été stoppé ? Que dire, enfin, d'Israël, qui n'a pas été détruit, qui s'est affirmé comme une puissance régionale, et qui a gagné la reconnaissance de son droit à l'existence par une grande partie du "monde libre," les États-Unis y compris.
On le mesure facilement : le dossier de la nationalisation du canal de Suez est sans doute un peu plus compliqué qu'on veut bien le prétendre.
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