Cercle Polar : un été en rouge et noir .
Et si vous passiez votre été au soleil du polar ? A l'ombre des vieilles mémoires de l'hôtel du Grand Cerf, noires, bien noires, en compagnie de Franz Bartelt ? Dans les éclats rouge sang du dernier thriller de Franck Thilliez ? Ou, entre deux eaux, dans la prose fluide de David Humbert qui fait couler en rose, puis en vert, les robinets de la ville de Rouen ? Noir, rouge, rose, le polar, cet été, vous en fait voir de toutes les couleurs.
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Dépenser est devenu un moyen d'exister, consommer une raison d'être.
Les synapses saturées d'adrénaline, il se transforme. Déterminé, précis, efficace. Comme jamais il ne l'a été. Il enfile les carrefours du centre en slalomant entre les voitures jusqu'à atteindre la rocade où il ralentit pour se mêler au trafic, comme n'importe quel bon petit soldat de retour au foyer après une journée de labeur.
Le ciel est d'une profondeur infinie, une nuée d'astres scintillants le traverse d'un horizon à l'autre comme une traînée d'étincelles.
« Quelle idée d’être policier, quand même, rien de tel pour se fourrer dans des situations dangereuses. Déjà, avec ton frère, quand tu étais petit, tu cherchais souvent les ennuis, à croire que tu aimes ça ! »
Fred Lerast, miraculeusement protégé derrière un éperon rocheux, voit déferler des millions de tonnes de neige, de glace, de roche et d'arbre mêlés.
La Fille se lève. Le peignoir glisse de ses épaules pour échouer sur l'épais tapis. Elle s'approche. Debout devant lui, nue, elle caresse une nouvelle fois son visage en le regardant d'un air indéchiffrable, doux et machiavélique à la fois. Leurs corps se touchent, leurs lèvres s'effleurent.
Une fois sur la couchette basse, emmitouflé dans une vieille couverture poussiéreuse, il réinvente le geste ancestral de tourner les pages, découvre la douceur du papier sous ses doigts et le parfum suave des pages jaunies.
Toujours vissé au mobilier urbain, Fred Lerast regarde la vie des autres défiler devant lui en fumant cigarette sur cigarette. Leur vie bien réglée, rythmée par le train-train quotidien, maintenue à flot par une ferme pression sociale, alors que lui sombre dans la dépression asociale.
Le crépuscule finit de se consumer sur la campagne déserte et silencieuse. Dans le lointain encore teinté d'orange, une lueur vacille encore là où le ciel et la terre se rencontrent.
Un grondement enfle, puis un souffle glacial, violent, devance de quelques secondes l'avalanche dévastatrice déclenchée par les explosions souterraines de l'Usine.