Citations de Dan Fesperman (42)
Les gars sourient tous, car il s'en va au bras d'une certaine Maria, une poupée aux cheveux noirs, belle des pieds à la tête, une de ces femmes fatales dont la seule présence annonce déjà des larmes. Vous pouvez parier à coup sûr qu'elles ne couleront pas sur ses joues, car on sait que les poupées ne pleurent pas.
Ensuite un métro vers le centre où j'émerge dans ce quartier qui me rappelle toujours les musiques de Gershwin, dynamiques, optimistes, insolentes et si américaines. 174.
Voyant Cain approcher, l'un d'eux avertit ses collègues, qui reculèrent, exposant les jambes nues d'une femme, légèrement pliées. Sa culotte noire, satinée, était déchirée à hauteur de la cuisse. Cain avait déjà vu une peau blanche et diaphane comme celle-ci. Une boule dans la gorge, il reconnut bientôt Angela Feinman, dont la tête dessinait un angle improbable, affreux, avec son cou. Il comprit qu'elle avait la nuque brisée.
Soyez remercié, inspecteur Cain, de condescendre à me recevoir. Je ne suis là que pour remplir mon devoir de citoyen. Plus précisément, je pense être en mesure de vous assister dans le cadre de vos enquêtes.
Cain, qui commençait tout juste à s’habituer aux accents locaux, ne connaissait pas celui-là. Ce discours-là semblait naître quelque part en Russie, traverser l’Allemagne, faire un petit crochet à Rome avant d’atterrir à Brooklyn dans la bouche d’un serveur de delicatessen
Dites-moi, Woodrow. Quand vous avez bouclé ma fille dans votre trou perdu, cette superbe enfant, ouverte et cultivée, qui était autrefois si vive et dynamique, croyiez-vous réellement que votre charme discret de vieux Sudiste suffirait à la distraire et à la satisfaire ? Avec votre seul salaire de flic ?
Il y a deux ans, pendant l’été, juste avant que la Wehrmacht occupe Paris, un dîner a été organisé au Waldorf Astoria par les dirigeants de General Motors , de Ford et de plusieurs compagnies pétrolières, en l’honneur d’un délégué du ministère des Affaires étrangères allemand. Ils ont célébré le début d’une nouvelle ère pour le libre-échange. Et ils ne se cachaient pas, il y a eu des articles dans tous les journaux. Leur idéologie commune était l’argent, pas le national-socialisme. Naturellement, aujourd’hui, ils ne se montreraient pas publiquement, mais je doute qu’ils aient mis de côté leurs ambitions commerciales. (p. 340)
Le barman a de nouveau rempli les chopes de liquide mousseux, pendant que les policiers se rapprochaient de M. Cain, ravis par son geste généreux. J'ai remarqué qu'il avait aperçu son image dans le miroir incliné qui, au plafond, dominait le comptoir, et je me suis demandé si, à cet instant, il se voyait comme nous le voyions tous : une grande asperge au visage émacié, manquant d'un petit peu d'expérience, et qui, au terme d'un long hiver, avait gardé du soleil sur les joues, vestiges d'heures passées dans les champs et les routes poussiéreuses de son sud natal. Sa coupe de cheveux trahissait le péquenaud fraîchement débarqué de la cambrousse. Dans cette salle peuplée d'individus aux origines lointaines, il était le seul véritable étranger.
De même que les ongles et les cheveux n'arrêtaient pas de pousser, le courrier continuait d'arriver après votre mort.
L'employé de la morgue glissa le corps dans son logement obscur et referma la porte. Elle fit le même bruit que le frigidaire de Cain lorsqu'il rangeait son lait. ( p 79 )
Et ça vous fait quoi d'accueillir des nazis?
[A propos de l'italien] ... c'est une langue merveilleuse, une véritable chanson d'amour. Ces voyelles qui roulent comme deux amoureux dans un lit... Par comparaison, l'allemand titube telle une armée en retraite, un cortège de consonnes macabres dans une allée pavée.
Lorsqu’on est né dans un pays, puis qu’on s’établit dans un second, et que ces deux-là deviennent ennemis mortels, comment affirmer honnêtement que nous jurons fidélité à l’un ou l’autre? Ces questions-là ne cessent de nous hanter.
La prière, marmonna Danziger, le dernier refuge des crapules.
L’enfer est pavé de bonnes intentions.
Trop de gens haut placés négligent ce qui leur tient à cœur en temps de paix. Cela ouvre des perspectives à ceux qui ont un peu d’imagination.
Mais, une fois nos rendez-vous pris avec le destin, il doit être impossible de nous dérober.
On peut ne pas respecter les lois, mais avoir de bonnes raisons.
Comme quoi « la liberté d’expression a pour limite le respect de l’intérêt public ».
On ne laissait pas son passé derrière soi. C’était comme un parasite dans le sang, un trouble congénital. Il fallait seulement espérer que personne n’en reconnaisse les symptômes.
Vous pouvez m'appeler par mon nom, qui est aussi ma raison sociale: Danzinger. Prononcez-le à quiconque dans un rayon d'un kilomètre autour de Revington Street, et presque tout le monde vous enverra à ma porte. Comme l'indique ma carte de visite, je vends du renseignement, quoique je sois plus connu comme traducteur et écrivain public.