Citations de Cyril Gély (66)
Entendre un violon c'est entendre l'Univers. L'inaccessible.
Comme si le monde d'ici nous transportait vers un monde inconnu.
On ne fabrique jamais deux fois le même violon.
Un bon luthier le conçoit toujours à son image, tant par la forme que par le son qu'il dégage.
Il y a une tête, des ouïes, un corps, des chevilles, une poignée. Le chevalet qui maintient les cordes possède des pieds, des bras, des jambes, un cœur. Sans oublier l'âme. Sans elle, le son n'existerait pas. On fabrique toujours un violon qui nous ressemble, ou qui ressemble à la femme que l'on aime. Comme une histoire d'amour.
Hahn aimerait être ailleurs. A Göttingen, à Berlin, à dix mille kilomètres de Stockholm! Lise patiente. Elle n’a pas encore déplacé toutes ses pièces sur l’échiquier. Elle distingue à peine son vieil ami face à elle, et l’entend tout juste respirer. Mais si la lumière jaillissait soudain dans la pièce, elle sait que son visage porterait les traces de son affrontement. Quelques cernes plus profonds sous les yeux, les bajoues légèrement plus flasques. Hahn n’est pas un dieu. Ce n’est qu’un homme que Lise veut démettre de son piédestal
Et pourtant il n’est fait que d’un peu de bois, de quatre boyaux de mouton pour les cordes, et des crins de cheval pour l’archet. (…) Il y a soixante et onze pièces. Mais lorsqu’elles sont toutes assemblées, elles n’en forment qu’une. Et pour autant on ne fabrique jamais deux fois le même violon. (…) Il y a une tête, des ouïes, un corps, des chevilles, une poignée. Le chevalet qui maintient les cordes possède des pieds, des bras, des jambes, un cœur. Sans oublier l’âme. Sans elle le son n’existerait pas. Oui, on fabrique toujours un violon qui nous ressemble, ou qui ressemble à la femme que l’on aime. Comme une histoire d’amour.
A eux trois, ils formaient un atome. Le noyau était composé d'Otto et de Lise, l'un proton, l'autre neutron. Edith était l'électron qui tournait autour - qui tournait sans jamais espérer s'en approcher un jour.
Le futur appartient à ceux qui ont une bonne mémoire. (p215)
- Nietzsche, a dit à peu de chose près : "J'ai fait cela", affirme ma mémoire. "Impossible !" répond mon orgueil, et il s'obstine. En fin de compte, c'est la mémoire qui cède".
Qui a inventé le violon ? Personne ne le sait. Quand ? Nous ne le savons pas davantage. On pourrait croire que Dieu a créé l’homme afin qu’il crée le violon, comme s’il avait murmuré aux oreilles des premiers luthiers les secrets pour l’enfanter.
- C'est pourquoi lorsque Hitler accède au pouvoir, personne ne se révolte. La jeunesse, disciplinée, hiérarchisée, y trouve son compte.
Hahn se souvient d'avoir pleuré le soir du 6 août 1975, à Farm Hall, lorsque la BBC avait annoncé qu'une bombe atomique venait d'être lâchée. Hahn ce soir-là s'était senti personnellement responsable de la mort de centaines de milliers de personnes. Après tout, c'était sa propre découverte, en décembre 1938, qui avait rendu la bombe possible.
Il existe bien une limite au-delà de laquelle l’obéissance cesse d’être un devoir !
- Tu vois, je ne te reproche même pas de m'avoir mise dans le train, ce jour que ni toi ni moi n'oublierons. Mais de ne pas m'avoir dit la vérité...Et si tu es resté à Berlin, ce n'était pas pour Edith ni pour Hanno, qui n'avait alors que seize ans, mais pour poursuivre l'un des mieux équipés d'Europe, t'offrait la possibilité de bombarder l'uranium de neutrons, et d'observer les résultats. Or à cette époque-là, nous étions si près du but. Si près. Voilà pourquoi tu m'as sacrifiée.
Nul ne sait ce que nous réserve le passé
......
On peut tuer celui qui dit la vérité, mais pas la vérité elle même.
--J'ai réfléchi, tu sais, et je ne désire plus être enterré avec tes cinq violons. Un seul suffira. Je donnerai les quatre autres aux villages voisins pour qu'ils puissent eux aussi profiter de ta musique. Quand tu auras fini de les fabriquer, je choisirai celui qui m'accompagnera. Ce ne sera pas forcément le plus beau ni même le plus mélodieux, mais celui qui me ressemblera.
– Tu recommences, dit-il.
– Quoi donc ?
– Tu secoues à nouveau le passé.
– Mais nous ne sommes faits que de cela, tu ne crois pas ? lance Lise d'une voix sonore. Il nous compose et agit sur nous. Combien de fois m'as-tu répété qu'un homme sans passé est un homme sans avenir ?
INCIPIT
Nul ne sait ce que nous réserve le passé.
Cette phrase, Hahn l’a en tête depuis qu’il est éveillé. Il ne saurait dire pourquoi. Elle est venue, d’un coup, alors qu’il ouvrait les yeux. Les mots ont semblé danser un instant face à lui, puis ont envahi son cerveau. Impossible de se rendormir. Depuis, Hahn est à la fenêtre – qu’il a ouverte.
La lumière perce à peine à travers le ciel gris. Juste assez pour distinguer l’opéra et, face à lui, le palais royal de Stockholm. Dans l’autre chambre, Edith dort toujours. Les trottoirs sont recouverts de neige. Le toit des maisons aussi. Un étrange silence assourdit la ville. Hahn ne ressent pas le froid mordant qui lui saute au visage. Il ne l’a jamais ressenti. Même enfant, sa mère courait sans relâche derrière lui pour le couvrir. Hahn regarde sa montre, il est sept heures quarante-trois, et c’est la journée la plus importante de sa vie.
Le Comité lui a réservé une suite au Grand Hôtel. La suite 301, au troisième étage. Une large porte donne sur une entrée quelque peu étroite, où sont exposés plusieurs portraits. Puis un salon immense avec deux chambres de chaque côté. Celle de Hahn est à gauche. Edith dort encore dans celle de droite. Au-dessus du canapé en cuir, un tableau de William Turner, Tempête de neige en mer.
On pourrait croire que ce tableau a été placé sur ce mur exprès. Ce n’est pas impossible, mais rien ne le prouve non plus. Nous y reviendrons en temps utile.
Hahn a saisi les trois feuilles posées sur son bureau. Son écriture est distinguée, tranchante, sans ratures. Il relit pour la énième fois le discours qu’il a écrit. Ce discours, il le connaît par cœur. Mais ce matin, à la pâle lumière du jour, Hahn a besoin de se rassurer.
- un jour, un homme fut ébloui par la mer qu'il voyait pour la première fois. Comme c'est beau s'écria-t-il, comme c'est immense ! L'ami qui l'accompagnait lui dit alors : et encore, tu ne vois que la surface !
- Je ne veux pas me disperser, disait-il. Je dois me focaliser sur mon étude.
- Quelle étude ?
- Le violon parfait.
Francesca l'observait avec des yeux ronds.
- Le violon parfait ?
Antonio hochait la tête.
Et tandis qu'il s'apprêtait à tourner les talons, elle ajoutait :
- Es-tu bien certain qu'il existe ? (P.111)
L'habitude, une fois encore, prend le pas sur la raison de ma présence. Je pose mon Nikon devant mon visage , et je shoote.
[...] Je mitraille la scène sans savoir si ces clichés intéresseront Safran. Il y a un pas tout de même entre des photos de guerre et des tissus congelés. C’est certain que les seconds sont moins spectaculaires. Mais il me semble qu’on ne peut pas laisser passer ça. Ne rien dire, ne pas témoigner, serait criminel. Pour Sofia, que l’on sache est essentiel ! Elle compte sur moi.
Comme toujours c’est une lutte contre l’oubli.
Utilisé à bon escient et au bon moment, l'humour mettra le public de votre côté. N'hésitez pas il sortir du cadre. ne restez pas emprisonné dans un corset. Faire rire la salle grâce à une réponse adéquate et cocasse mettra les rieurs (et les grognons aussi, le plus souvent) dans votre poche.