Vers 1875, tout m’arriva sous le crayon, sous le fusain, cette poudre volatile, impalpable, fugitive sous la main. Et c’est alors que ce moyen, parce qu’il m’exprimait mieux, me resta. Cette matière quelconque, qui n’a aucune beauté en soi, facilitait bien mes recherches du clair-obscur et de l’invisible. C’est une matière mal vue des artistes, et négligée. Que je le dise pourtant, le fusain ne permet pas d’être plaisant, il est grave.
En 1864, Redon se détourne de sa formation d’architecte et est admis à l’atelier libre du peintre Jean-Léon Gérôme (1824-1904), à Paris. Cette expérience est désastreuse : le jeune artiste ne répond pas aux attentes du professeur, trop académique. Redon se dit même « torturé » par ce dernier, « qui ne cherche «visiblement [qu’]à [lui] inculquer sa propre manière de voir et à en faire un disciple, ou à [le] dégoûter de l’art même » (REDON (Odilon), À soi-même, Paris, Éditions José Corti, 1961, p. 23-24).
...il épouse Camille Falte (1853-1923), une jeune Créole au caractère affirmé qui devient son agent. En effet, Odilon Redon est d’une timidité excessive, un trait de caractère dont il souffre énormément et qui l’isole du monde extérieur.
Il reproche aux impressionnistes, entre autres, leur manque de spiritualité : leur art, bien que s’éloignant de la reproduction fidèle du réel, reste selon lui trop terre-à-terre.