Avec Alfred, Mathilde Domecq, Richard Guérineau, Benoit Guillaume, Laureline Mattiussi, Rémi Foucard (claviers, chant), Jérôme Sedrati (batterie, chant) et Yan Wagner (chant, claviers).
?
Friche la Belle de Mai (Marseille) le 23 mai 2018
?
L?an dernier, Alfred et ses complices de la BD, accompagnés par le saxophoniste Raphaël Imbert, avaient enflammé La Criée en revisitant le Banjo de Claude McKay. Cette année, c?est au tour d?un autre roman culte, 1984, de servir de trame à la création d?un nouveau « concert dessiné », cette performance collective qu?Alfred pratique en maître : sur scène, cinq dessinateurs mêlent leurs univers et leurs crayons pour faire vivre en images le roman de George Orwell.
Afin d?en souligner la dramaturgie futuriste, le musicien-compositeur Yan Wagner ? connu pour ses albums d?électro-pop et son duo avec Étienne Daho ? déploie sa palette de sons hypnotiques et interprète en direct avec ses musiciens la bande son de la soirée.
Une autre manière, inventive et décalée, de (re)découvrir le chef d??uvre d?Orwell !
+ Lire la suite
Maintenant il se sentait léger à tous points de vue : la poche légère, léger en vêtements (il s'était délesté chez un fripier), l'esprit léger, sentant et voyant tout avec légèreté.
Banjo avait sa façon à lui de découvrir des lieux nouveaux et des choses nouvelles, il s'en enivrait avec une ardeur folle.
C'était le genre d'homme qui n'est jamais sobre même quand il n'a pas bu. Maintenant, ses premiers jours marseillais de fièvre et de folie repassaient en tourbillonnant dans sa tête.
Le quartier du Vieux-Port exhalait une odeur écœurante de vie dense, mêlée, entassée, tournant dans un cercle de misère suffocante. Et pourtant, tout semblait s'y trouver bien à sa place et s'ajuster tout naturellement. Les bistrots et les boutiques d'amour, les filles et leurs macs, les clochards, les chiens et les chats, chaque élément contribuait d'une façon essentielle et colorée à créer cette chose indéfinissable qu'on appelle une ambiance. Aucun autre décor n'aurait pu mieux convenir aux gars du bord de mer. A croire que tous les laissés-pour-compte de toutes les mers du monde avaient dérivé jusqu'ici pour passer la journée étendus au soleil.
- J'aime pas le pain français, de toute façon, dit Bugsy. On dirait un de ces macs pourris de la Fosse - tout en croûte et rien dans le ventre.
Son être vibrait de toutes ses fibres au contact de la vie facile de la Fosse, cette vie de bistrots et d'amour.
Banjo était un grand vagabond des bas-fonds. Il était né dans le Sud des plantations de coton mais il avait bourlingué à travers toute l'Amérique. Sa vie était un rêve de vagabondage qu'il poursuivait sans cesse et qu'il réalisait de façon bizarre, jamais complètement, mais jamais sans en tirer quelque satisfaction.
La nuit tomba rapidement, recouvrant la ville et la mer d’un voile épais. Et Aslima s’y perdit. Des lumières scintillaient le long du Quai, en rangées ou en grappes à l’intérieur de la ville, mais les bords de la rade demeuraient dans l’obscurité la plus totale.
L’obscurité se fit plus épaisse encore, se chargeant d’humidité, et Aslima y demeura seule, inerte, comme si son esprit avait quitté son corps. Puis, au terme d’un étrange et long intervalle, une lumière rouge apparut à l’horizon et lui révéla une scène différente. Elle se trouvait au coeur d’une ville antique aux murs blanchis à la chaux. Un chant retentissant s’en élevait, comme si un millier de muezzins lançaient leur appel d’une seule voix, limpide et puissante.
Il y eut alors un bruit de pas précipités, on aurait dit que toutes les maisons avaient brusquement déversé leurs habitants dans la rue. Puis commença une longue procession d’hommes, de femmes et d’enfants aux amples robes s’avançant comme pour un rituel de minuit, en tapant des talons et en dansant au son d’une musique barbare, les hommes brandissant des épées, les femmes chantant et gémissant, les enfants faisant des cabrioles, et Aslima se trouvait parmi les femmes en transe.
Le patriote aime, non sa nation, mais la mesquinerie spirituelle de sa vie dont il s'est fait une frontière qui lui cache la beauté d'autres horizons.
Patrimoine
Maintenant, le passé mort semble vivement vivant,
Et dans ce moment brillant je peux tracer,
À travers la vue des années disparues,
Ta forme faunique, ton visage insaisissable affectueux.
Et soudainement un ressort secret est sorti,
Et à l'improviste une énigme est révélée,
Et je peux lire comme de grands caractères en lettres noires,
Ce qui semblait avant une chose scellé à jamais.
Je connais le mot magique, la pensée gracieuse,
La chanson qui me remplit dans mes heures lucides,
Le vin de l'esprit qui fait vibrer mon corps,
Et me rend ivre de musique, sont à toi, tout à toi.
Je ne peux pas louer, car tu es passé de louange,
Je n'ai pas de pensées teintées pour vous peindre vrai;
Mais je peux sentir et je peux écrire le mot;
Le meilleur de moi est le moindre d'entre vous.
If We Must Die
If we must die, let it not be like hogs
Hunted and penned in an inglorious spot,
While round us bark the mad and hungry dogs,
Making their mock at our accursèd lot.
If we must die, O let us nobly die,
So that our precious blood may not be shed
In vain; then even the monsters we defy
Shall be constrained to honor us though dead!
O kinsmen! we must meet the common foe!
Though far outnumbered let us show us brave,
And for their thousand blows deal one death-blow!
What though before us lies the open grave?
Like men we’ll face the murderous, cowardly pack,
Pressed to the wall, dying, but fighting back!
After the Winter
Some day, when trees have shed their leaves
And against the morning's white
The shivering birds beneath the eaves
Have sheltered for the night,
We'll turn our faces southward, love,
Toward the summer isle
Where bamboos spire to shafted grove
And wide-mouthed orchids smile.
And we will seek the quiet hill
Where towers the cotton tree,
And leaps the laughing crystal rill,
And works the droning bee.
And we will build a cottage there
Beside an open glade,
With black-ribbed blue-bells blowing near,
And ferns that never fade.
Harlem Shadows
J'entends les pas hésitants d'une jeune fille
In Negro Harlem quand la nuit laisse tomber
Son voile. Je vois les formes des filles qui passent
Se plier et troquer à l'appel du désir.
Ah, les petites filles noires qui aux pieds glissants
vont rôder la nuit de rue en rue!
Pendant la longue nuit jusqu'à la pause argentée
Du jour, les petits pieds gris ne connaissent pas de repos;
À travers la nuit solitaire jusqu'à ce que le dernier flocon de neige soit
tombé du ciel sur la poitrine blanche de la terre,
Les filles sombres, à moitié vêtues, aux pieds fatigués
, avancent, finement chaussées, de rue en rue.
Ah, monde sévère et dur, qui dans la misérable voie
De la pauvreté, du déshonneur et de la disgrâce,
A poussé les timides petits pieds d'argile,
Les pieds bruns sacrés de ma race déchue!
Ah, coeur de moi, les pieds fatigués, fatigués
À Harlem, errant de rue en rue.