le rock'n'roll est une force de modernité, il entraîne le démantèlement des carcans et des tabous de jadis. Il est la musique du progrès, la musique de la mobilité et de l'indépendance.
Progressivement, la synergie entre la musique populaire et le capitalisme s'est articulé autour de la posture rebelle. Ce rapprochement est essentiel aux pratiques contemporaines de consommation. C'est sur les formes extérieures de rébellion que les maisons de disques assoient la crédibilité de leurs artistes. Produire de la distraction, du spectacle, ne suffirait pas. Il faut un enrobage, une justification idéologique. Sans la rhétorique rebelle, le rock perdrait une grande part de son attrait.
Mais l'échec de ces musées s'explique aussi par le rapport ambigu qu'ils établissent avec ce qui représente pourtant leur raison d'être, la musique rock...Accoler le terme "musée" à celui de "rock" tient malgré tout de l'oxymore. Comment concilier le cahier des charges exigeant d'un musée avec la vitalité éphémère, indocile et irrévérencieuse que le rock est censé représenter? La musique rock n'est-elle pas aux antipodes de toute forme de conservation, de préservation et d'éducation?
C'est précisément le travail des médias: créer et orienter le désir. Sous l'effet de l'urbanisation, le démantèlement des liens sociaux traditionnels avait laissé un vide relationnel. La consommation pouvait d'autant mieux le combler que le produit proposé possédait une forte charge émotionnelle. La musique populaire, structurée autour de la figure de la star qui prend en charge la demande affective et relationnelle, est un de ces produits. D'un coût relativement modeste, facile à produire et à distribuer, jouant sur le plaisir et l'émotion et pouvant aisément être ajusté à différents types de goûts, le disque s'est avéré un produit particulièrement bien adapté à la production marchande du XXe siècle.