Un monde en docs, Christophe Levalois : L'Église orthodoxe subit le pouvoir depuis sa création
Une autolimitation est nécessaire pour ne pas transmettre des peurs, des angoisses, des sentiments hypertrophiés, ou une euphorie déséquilibrée, ou encore des pulsions malsaines, à autrui. Prendre soin de l'autre veut dire aussi le protéger éventuellement de nous-mêmes et lui offrir ce qu'il y a de mieux. Cela s'oppose à tout exhibitionnisme, à toute logorrhée, de mots, de sons, d'images, à tout débordement qui finit vite par l'étouffer.
Cette sobriété s'inscrit aussi dans un rythme qui, tout en pouvant être soutenu, s'oppose (…) au rythme saccadé, susceptible par les moyens employés de provoquer des sensations fortes qui n'ont ni pouvoir d'élévation, ni possibilité d'entrer dans les profondeurs où l'on peut transformer la racine des choses.
La communication (…) est le mode d'existence et de réalisation de la personne.
Pour cela, il est important de valoriser l'autre personne, de s'appuyer sur ses qualités et ainsi de l’amener par cette confiance, qui n'est en rien aveuglement, à manifester les richesses qu'elle porte, et dont elle ignore souvent la force et les possibilités, pour les offrir aux autres et au monde.
Ce mystère se rapporte non pas tant au loup lui-même, d’un point de vue zoologique, que l’on continue d’étudier afin de mieux le connaître, mais à son image dans différentes sociétés et diverses périodes. Il prend sa source et sa consistance dans l'histoire extrêmement longue de cette relation et dans une puissante fascination aux nombreux contours. Fascination des êtres humains pour cet animal, qu’elle prenne la forme d’une attraction qui peut aller jusqu’à la passion ou à l’identification, ou au contraire d’un rejet
absolu et obstiné. Cette fascination plonge ses racines dans des tréfonds de l’âme humaine qui nous échappent, mais aussi, comme nous le verrons, dans un compagnonnage dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Elle mêle le proche et le lointain, le connu et l’inexploré, l’attirance et la crainte. Elle nous parle à travers des mythes, des légendes, des rites et des récits. Elle perce dans des aventures et des expériences extraordinaires allant jusqu’aux confins fluctuants et incertains de notre condition humaine,
parfois même au-delà… Elle porte d’autres questions qui nous taraudent, finalement depuis toujours, à savoir notre relation avec la nature, la nôtre et celle qui nous entoure, avec l’animal et plus particulièrement l’animal sauvage, et sans doute, par-delà, encore d’autres interrogations, philosophiques, sur la civilisation, sur la domesticité et la liberté. Finalement, le loup éveille en nous bien des questions cruciales pour notre existence individuelle et collective. Certaines affleurent à notre conscience, d’autres se meuvent dans nos obscures profondeurs. Voilà pourquoi, il ne nous lâche pas, ou plutôt nous ne le lâchons pas ! Depuis si longtemps ! Voilà pourquoi, il est mystérieux et fascinant ! Essayons d’y voir plus
clair dans l’écheveau des siècles et des traditions !
Extrait de "La présence du loup", introduction de l'ouvrage.
L’ouvrage explore la relation étroite de la royauté et du sacré, plus précisément il expose comment le sacré, par sa présence et sa manifestation, constitue et anime la royauté. Ces deux termes, royauté et sacré, appellent quelques explications de ma part. Pour le premier, le lecteur comprendra très vite qu’il ne s’agit pas tant d’un système ou d’une organisation politique que de la concrétisation d’une vision de la société vue comme un organisme en correspondance avec la Création visible et invisible, matériel et spirituel, et tâchant d’être à l’image de celle-ci.
Le terme sacré, quant à lui, est pour moi ambivalent et partant problématique. Il présente l’avantage d’être très vite compris, d’où son utilisation ici. Il évoque la manifestation de la transcendance dans l’ici-bas, d’une verticalité dans notre horizontalité. Mais il a l’inconvénient d’amener à un dualisme, à savoir que l’on ne conçoit pas le sacré sans le profane. Il existe là une opposition, qui est souvent systématisée, à laquelle il me semble dangereux de réduire le cheminement spirituel et la vie tout court.
Le “syncrétisme”, entendu dans son vrai sens, n'est rien de plus qu'une simple juxtaposition d'éléments de provenances diverses, rassemblés “du dehors”, pour ainsi dire, sans qu'aucun principe d'ordre plus profond vienne les unifier. Il est évident qu'un tel assemblage ne peut pas constituer réellement une doctrine, pas plus qu'un tas de pierres ne constitue un édifice
L’étymologie du mot roi est d’origine indo-européenne. À la racine reg correspondent le latin rex, le védique raj et les termes gaulois rig et rix. On retrouve ces racines dans mahârâjah en Inde, « grand roi », dans des noms gaulois comme Vercingétorix, « le très grand roi des guerriers ». Émile Benveniste, dans Le vocabulaire des institutions indo-européennes2, donne à la racine reg-, le sens de « celui qui trace la ligne, qui incarne en même temps ce qui est droit ». Cette signification se retrouve dans le mot latin déjà évoqué rex, « celui qui dirige ». Le verbe diriger lui-même provient de la même racine indo-européenne et latine reg-. Dirigere équivaut à « tracer des lignes dans différentes directions, mener par différentes voies ». Il y a également l’idée de mouvement en ligne droite, verticale, ou horizontal et extensif.
Pour Plotin, l'ultime objet de l'émerveillement philosophique est l'Un, le Premier principe au-delà de l'essence.
Par contre, le mot du persan moderne shāh, « roi », quant à lui, est issu du vieux persan khshayathiya, d’une même racine que le sanscrit kshatra (qui a donné en Inde le kshatriya, le guerrier) signifiant « être maître, disposer de ». Enfin, un autre groupe de mots provient de la racine gen, « naître ». Il est non seulement à l’origine du grec genos et du latin gens, la lignée, et à la racine de nombreux mots en français (de genèse à génétique et généalogie, de génie à généreux), mais aussi du mot roi en allemand et en anglais, könig et king, par l’intermédiaire du proto-germanique kuningaz. L’accent est donc mis ici sur la lignée.
Le centre peut être un lieu mythologique. Il est alors souvent symbolisé par une montagne, symbole axial évident.
La présence du christianisme orthodoxe en Europe occidentale à l’époque contemporaine est un phénomène qui n’est plus nouveau. En effet, on peut considérer globalement qu’il a deux siècles d’ancienneté, un peu plus ou un peu moins selon les pays. Les premiers pas furent très modestes et très discrets, mais cette présence s’amplifia avec le temps, le premier quart et la fin du XXe siècle furent marquants à cet égard. Les communautés orthodoxes se sont fait une place, sans bruit, petit à petit, au sein de l’ensemble des Églises chrétiennes et parmi les grandes traditions religieuses présentes en Occident, c’est-à-dire en Europe occidentale et en Amérique du Nord.