Mon visage vire couleur poireau. Appelez-moi Shrek.
Tout a commencé le premier jour des vacances de février
Nathan avait les yeux bouffis de sommeil et les cheveux en pétard. On aurait dit un ourson qui venait de se réveiller de longs mois d'hibernation et qui passait la première fois la tête hors de sa grotte, tout ébloui par la lumière du jour. (Bon, en même temps, je n'en ai jamais vu... J'imagine, quoi !).
- Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Qui parle ?
Un inconnu ? Un fantôme ? Un Martien qui connaît mémé et qui veut l'emmener à bord d'une vraie fusée spatiale ? Je me suis toujours doutée qu'elle venait d'une autre planète.
Dans la vie, il faut saisir toutes les occasions d'étaler sa science, surtout quand on n'en a pas beaucoup.
Regarde ! elle hennit, narines ouvertes (poilues, les narines, je remarque).
Je jette un regard éploré à ma grand-mère qui, assise les mains jointes sur ses genoux, ressemble à un cochon d'inde en furie. Ses joues sont rouges et gonflées. Elle aussi est évidemment extrêmement déçue de cette défaite.
Mes yeux ne quittent pas l'écran de mon ordi et mes doigts passent d'une touche à l'autre avec légèreté, assurance et virtuosité. Je suis le Mozart du clavier azerty, le Beethoven du PC.
T'es lent de nature, t'es né sous le signe de la tortue fatiguée, je t'en veux pas !
- Tout le monde sait que je suis un fantôme. C'est évident. Il ne faut pas être né de la cuisse d'un troll pour s'en rendre compte.
Après douze ans,les cerveaux des humais sont remplis "d'encombrants" qui prennent toute la place. C'est dommage. Ils cassent les rêves,racornissent les vies,et empêchent la magie de fonctionner correctement.
Le lutin déraillait de la clochette.
Lili et moi, on est en auto-formation d'espionnage (formation qu'on se donne nous-mêmes). Pas le choix. On a regardé partout sur internet, les écoles pour espions junior, n'existent pas.
Le virtuel et le réel, ça ne se mélange jamais très bien, ça fait des grumeaux. (p. 81)
- J'ai la sérieuse impression que, finalement, notre coopération n'est pas très efficace, constate mémé en rajustant sa tunique en peau de panthère. J'irais même jusqu'à l'appeler "foireuse", si tu le permets. (p. 39)
Ma mère entre dans la cuisine. Encore une fois !
Elle aperçoit mémé au sol et se met à ouvrir la bouche bizarrement. Pas un son ne sort. Elle a vraiment une drôle de tête.
Du coup, un silence gênant s'installe. On sait plus trop quoi faire, mémé et moi. Je pense à lancer un joyeux petit : "surprise ! Mémé vient de faire un petit vol plané !", mais je n'ose pas, n'étant pas complétement sûre de la réaction de maman. Je lis dans le regard de ma grand-mère une SOUDAINE ENVIE de faire la morte, ce qui, à mon avis, n'est pas non plus la solution. (pp. 18-19)