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Critiques de Charlotte McConaghy (71)
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Je pleure encore la beauté du monde

Des sœurs indéfectiblement liées, des violences, des luttes et des loups.

C’est les grandes lignes de ce récit aux enjeux importants.

Réensauvager les forêts écossaises afin de recréer un écosystème disparu depuis longtemps en introduisant des meutes de loups dans les forêts écossaises.



Si vous lisez le résumé, vous savez qu’il y a une enquête liée à un effroyable meurtre, mais ce livre n’est pas un thriller, c’est plus un roman psychologique, féministe et écologique avec des triggers warnings.



C’est autour du personnage d’Inti que toute l’histoire se construit. On suit deux temporalités faisant avancer le récit et l’intrigue avec rythme.

On est confronté à la nature humaine et sauvage de tous les personnages du livre, on prie pour les loups, pour leurs vies, pour la réussite de la mission dont ils sont acteurs sans le savoir, on est directement lié à Intie qui nous fait tout ressentir, on se bat et on espère avec elle.



J’ai refermé cette lecture avec des larmichettes. Ce récit est dur parfois, mais aussi très beau. Je me suis dit que peut-être les humains ne sont pas tous perdus. J’ai eu envie de mettre mes chaussures de randonnées, de partir arpenter des sentiers sauvages dans la forêt, d’observer les animaux, les paysages et de prendre soin de la nature et des autres, comme toujours.
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Je pleure encore la beauté du monde

Et soudain, on sent qu'enfin on tient un bon livre !

Après plusieurs semaines d'errance, d'abandons, de bouquins chroniqués par acquis de conscience et d'autres carrément refermés au bout de quelques chapitres, j'en tiens un.

« Happée» J'ai lu ce mot dans une des critiques babeliotes. Et je dois dire que je ne trouve pas mieux pour décrire ce moment où on se laisse embarquer avec délectation. Happée, littéralement, je l'ai été moi aussi!

Charlotte MacConaghy nous conte l'histoire d'une biologiste australienne qui participe à la réintroduction de loups en Ecosse, dans une zone désertifiée, où tentent de subsister des éleveurs de moutons.

Sa particularité n'est pas banale : elle est atteinte d'un syndrome qui en fait une personne ultrasensible percevant avec une très grande acuité par la simple perception visuelle le ressenti émotionnel et physique des êtres vivants qui l'entourent. C'est certes une faiblesse dont elle doit faire une force, car c'est aussi ce qui en fait une biologiste particulièrement intuitive et efficace.

On s'en doute, sa tâche ne va pas être simple. Comme un peu partout en Europe, réintroduire de grands prédateurs dans des zones d'élevage où la vie est déjà fort rude sans eux ne va pas sans heurts ni animosité!

Habitant moi-même une région où le loup s'est installé en peu d'années, prélevant des dizaines de bovins pour se nourrir, j'avoue être très circonspecte sur le sujet de la réintroduction dans un monde qui n'a plus guère de place pour la cohabitation pacifique.

Et puis on ne peut s'empêcher de craindre la rencontre fortuite qui pourrait menacer enfants et animaux domestiques et on comprend la tristesse des éleveurs qui retrouvent morts des animaux qu'ils ont soignés et vus grandir.

Pourtant, ce texte magnifique m'a bouleversée et j'avoue avoir versé des larmes tant l'écriture est belle et le message émouvant. J'ai été conquise et ai appris beaucoup de choses que j'ignorais totalement sur cet animal et le sens des réintroductions.

Le récit n'est pas qu'un "nature writing" particulièrement réussi, c'est aussi une vraie histoire avec des sentiments, du suspense, des tensions, une intrigue, une enquête. C'est un vrai beau roman à rebondissement car comme vous le découvrirez Inti n'est pas venu seule en Ecosse. Elle protège sa soeur jumelle dont on découvre par étapes le passé douloureux. Hymne à la vie sauvage et plaidoyer vibrant pour le loup qui remue les tripes et retourne le coeur, ce roman est aussi un rude voyage, sordide parfois, dans l'intime des sentiments humains de ses protagonistes, dont la plupart ont été d'une manière ou d'une autre, confrontés à la violence.

De quoi mettre en perspective la peur du loup…

Un gros coup de coeur.

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Je pleure encore la beauté du monde

Je pleure encore la beauté du monde, ce n'est pas juste un roman qui parle d'écologie, de ré-ensauvager Highlands écossais pour lutter contre le réchauffement climatique.



C'est aussi une histoire de liens : entre deux sœurs qui essaient de se sauver l'une l'autre et de se reconstruire, entre deux mondes qui se confrontent avec violence, entre les Hommes et les loups, entre la haine, la peur et l'amour.



L'autrice glisse un peu de tout dans son roman : avec une intrigue polar qui vient s'ajouter au fil de l'histoire pour notre plus grand plaisir. On piste, on essaie de reconstruire la toile du passé pour comprendre le présent.



Entre instinct de protection et violence de la réalité, ce récit est fort.

La fin est un peu "facile" à mon goût, mais ça ne vient pas entacher le reste de l'histoire.
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Je pleure encore la beauté du monde

L'écrivaine australienne déploie son intrigue policière dans les forêts en souffrance des Highlands, en Ecosse.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Je pleure encore la beauté du monde

D'abord, il y a la couverture qui a retenu mon attention, la quatrième qui a confirmé que l'histoire parlait de loups, mais aussi d'Ecosse (ma prochaine destination de vacances) , de nature, de la difficulté de les réintégrer dans leur milieu naturel et de femmes complexes et passionnées ...

Et puis au cours de ma lecture, j'ai découvert des personnages ombrageux, cabossés, violents, délicats et exaltés.

J'ai été fascinée par les loups, Numéro 10, Cendre et la petite blanche chétive cascadeuse et déterminée, car les loups réintégrés à cette superbe terre de légendes que sont les Cairngorms sont bien les héros mythiques et sauvages de ce roman.

Et surtout, j'ai été happée par l'intrigue, les cadavres d'animaux ou d'hommes qui apparaissent ou disparaissent, sont retrouvés et enterrés ...

Enfin, parce qu'une histoire sans amour, sous toutes ses formes ne serait pas la vraie vie, Charlotte Mcconaghy a su justement doser les sentiments et les émotions de ses personnages, elle a rendu Inti si belle et si farouche, Duncan si secret et si patient et Aggie si forte et si fragile, les habitants et les paysans hostiles au projet plus vrais que nature et parfois attachants...

Vous l'aurez compris , j'ai tout aimé dans ce roman , une petite pépite qu'on ne voit pas assez sur les tables de librairie, que je vous invite instamment à découvrir et venez me dire ce que vous en avez pensé, ce que vous avez aimé ou pas....mais faites vite, j'ai hâte d'échanger !
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Je pleure encore la beauté du monde

Cinq loups stylisés se sont substitués en couverture au titre original « Once there were wolves », que remplace en français une citation du livre « Je pleure encore la beauté du monde ». La quatrième de couv' en fait plus en retombant dans d'anciens travers spoilers. La composante roman policier n'intervient en effet qu'après un bon tiers du récit. le thème général est un projet de réensauvagement des Highlands où ne subsistent que des lambeaux des anciennes forêts celtiques qu'ont décimées des hardes de chevreuils laissées sans prédateurs.

Si l'on excepte les éleveurs de bétail, les loups ont actuellement la cote dans le reste de la population, notamment auprès des pianistes. On pourrait de ce fait s'attendre à une narration convenue, un genre de nouveau western avec une flamboyante biologiste, une certaine Inti Flynn, responsable du projet d'un côté et des éleveurs hostiles à l'esprit bovin de l'autre, même si dans la région, on travaille plutôt sur du mouton. Mais l'examen du CV de l'autrice nous révèle qu'elle est scénariste avant même d'être romancière et de ce point de vue, elle n'a pas ménagé ses efforts pour imaginer un dispositif éminemment complexe : ladite biologiste souffre d'abord d'un syndrome qui lui fait éprouver dans sa chair la douleur de l'être qu'elle observe. Son personnage en outre se double d'une jumelle, autrefois polyglotte et aujourd'hui rendue muette quoique communicant par des signes. Le récit fera dès lors des allers et retours entre le présent et le passé pour nous en révéler la cause. Une intrigue secondaire – mais pas tant que ça – est centrée sur la violence faite aux femmes. On ajoute que les parents de cette doublette sont un père bûcheron repenti (et repentant) survivant désormais en autarcie dans la forêt au Canada, divorcé d'une mère commissaire de police opérant en Australie et déplorant la trop extrême sensibilité de sa fille.

Avec ça il y a de quoi faire et Charlotte McConaghy fait la démonstration d'un talent certain, même si de temps à autre, une barque aussi chargée a tendance à tanguer et que la densité des personnages secondaires en pâtit un peu, ce qui ne l'empêche pas de conduire son affaire avec brio, avec des morceaux de bravoure superbes comme l'approche du cheval sur le lac gelé et d'autres que je ne parviens pas à retrouver, mais qui ne vous échapperont pas, j'en suis certain. Avec des loups au rendez-vous pour tout ce qu'on peut attendre d'eux, depuis Romulus et Remus en passant par Jack London.

J'allais oublier de louer le très beau travail de la traductrice.

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Je pleure encore la beauté du monde

« On avait huit ans le jour où papa m’a coupée en deux, de la gorge jusqu’au bas du ventre. »



Première ligne de ce livre. Bon, et bien, voyons la suite…



Inti Flynn, australienne et biologiste est chargée de la réintroduction des loups dans les Highlands écossaises. Bien entendu, cela ne va pas sans mal avec les éleveurs de moutons. Pensez, ils ne pourront plus faire paître leur cheptel en liberté. La présentation a été houleuse !! et lorsque Inti a libéré les loups, c’est pire. Un d’entre eux est plus violent que les autres, Stuart Burns, celui-là même qu’elle retrouve mort en forêt, bien amoché. De peur que les villageois s’en prennent aux loups, elle l’enterre. Oui, mais, si les loups ne sont pas responsables, ce qu’au fond d’elle, elle pense… Qui est responsable de la disparition de cet homme violent avec sa femme, ses animaux, les autres?



Inti s’en ouvre à sa sœur jumelle, Aggie, muette, traumatisée par un évènement certainement tragique qui l’empêche de sortir, de parler. Elles communiquent entre elles par un langage des signes qui leur est particulier et leur permet de ne pas être comprises des autres. Avant c’était Aggie qui protégeait sa sœur atteinte de synesthésie, qui fait qu’elle ressent dans sont corps tout ce que l’on inflige à l’être devant elle, que ce soit humain ou animal. Maintenant, c’est à Inti de s’occuper de sa sœur, de l’entourer, d’être là dans son enfermement.



Les parents, parlons-en. Un père qui vit dans la forêt près de Vancouver et qui leur a appris la survie en milieu sauvage. La mère, habite en Australie, avocate, il est hors de question qu’elle vive à la campagne.



Charlotte Mc Conaghy dépeint une nature envoûtante, sauvage et tisse un suspens qui va crescendo.



« Je pleure encore la beauté du monde », superbement écrit et traduit, est un hymne à la nature, la faune sauvage, la résilience. Il y est également question de la violence faite aux femmes, alors que tout le village le sait, le voit et ne dit rien, voire en profite. Les personnages principaux ou secondaires sont vrais, le paysage des Highlands est partout dans ce livre.



Un livre dense, captivant, addictif qui m’a valu une nuit écourtée, mais c’était si bon !! Bien sûr, un coup de cœur pour ce premier roman de Charlotte Mc Conaghy. La couverture est superbe.



Merci à la si gentille et ouverte libraire qui m'a proposé cette lecture. J'ai eu raison de lui faire confiance, comme d'habitude !
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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Je pleure encore la beauté du monde

Je ne vais pas hurler avec les loups, puisque je me retrouve un peut toute seule à faire ma ronchon sur ce livre, je vais donc pousser un petit solo ! Ahouuuuu ! Ahouuuuuu !

Voilà qui me fait du bien (peut-être un peu moins à vos oreilles) !

Incursion au pays des loups … en terre écossaise.

Oui, cette association ne vient pas immédiatement à l’esprit. Pourtant, un véritable programme de réintroduction des loups avait été initié en 2021 dans le pays (probablement interrompu par le covid).

Dans le roman de Charlotte McConaghy, Inti Flynn, responsable du Cairngorms Wolf Project, s’installe ainsi dans les Highlands avec cet objectif. Avec son équipe, elle va œuvrer à la réintroduction de plusieurs meutes de loups, mais elle va se heurter à la réticence de la population paysanne locale et aux éleveurs de moutons.

J’ai apprécié les descriptions du travail d’Inti qui doit sans cesse composer entre intervention humaine et un certain laisser faire pour préserver le côté sauvage des loups.

Tout cet aspect du roman, cette fable écologiste est réussi et m’a vraiment beaucoup plu.

Mais, il y a un mais, l’autrice a voulu accoler à cette histoire beaucoup trop d’autres sujets à mon sens, et qui trop embrasse mal étreint… Ainsi viennent se mêler les violences faites aux femmes, des meurtres, une histoire d’amour, des flashbacks… et là ça part un peu trop dans tous les sens.

Le bouquet final m’a semblé un grand feu d’artifice de n’importe quoi et mon plaisir de lecture est retombé comme un soufflé à la lecture des multiples invraisemblances…

Dommage, Charlotte McConaghy aurait pu s’en tenir à son premier sujet qui se suffisait amplement à lui-même.

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Je pleure encore la beauté du monde

La réintroduction des loups dans les territoires des Highlands en Écosse est une hypothèse tout à fait plausible , sauf que, comme dans de nombreux pays les loups ont été exterminés dans les siècles précédents et que les terres ont été envahies ( et ravagées ) par les moutons et que les éleveurs n'ont pas envie que cela change ...



Une jeune scientifique , Indy Flynn et son équipe débarquent avec une douzaine de loups, espérant que ces loups vont créer des meutes , chasser les chevreuils et autres bêtes sauvages et , ainsi , redonner vie à la végétation



Mais comme la population locale n'est pas vraiment associée au programme, les choses ne se passent pas aisément et le premier tir sur un loup arrive vite au grand désarroi de Indy et de ses collègues.

Les hostilités sont lancées .



Lorsqu'Indy découvre le corps d'un éleveur, , elle prend , pour protéger les loups ,la mauvaise décision ouvrant la porte à un engrenage de violence, de suspicion et d'incompréhension.



Indy est venue en Écosse avec sa sœur jumelle, Aggie , espérant que cette vie en pleine nature guérira Aggie du profond traumatisme qui l'a transformée en un être absent , ne communiquant avec Indy que par le langage des signes qu'elles avaient inventé quand elles étaient enfants et qu'elles vivaient quelques mois par an dans la cabane de leur père au Canada.



La relation entre les jumelles est fusionnelle et jusqu'à l'accident d'Aggie il était difficile de savoir qui protégeait qui ; maintenant Indy veut guérir sa sœur.



Indy , elle, est atteinte d'une synesthésie visio-tactile, une altération sensorielle rare : elle ressent les douleurs et les émotions des autres , humains ou animaux , ce qui la rend particulièrement vulnérable mais elle a réussi à force de côtoyer la violence à se créer une carapace .

Seulement cela la rend solitaire, suspicieuse envers les autres avec une agressivité qu'elle a parfois du mal à contrôler car l'autre sujet lié également à l'état d'Aggie est la violence des hommes envers les femmes qu'elle a décidé de dénoncer.



Une belle histoire par son coté humain avec en particulier les forts liens entre sœurs et les pouvoirs de l'amour et en même temps , le constat toujours d'actualité sur la difficile cohabitation entre la nature sauvage et certains hommes forts de leur prérogative et de leurs coutumes qu'ils brandissent comme un bouclier contre tout changement comme le réensauvagement pourtant essentiel .





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Je pleure encore la beauté du monde

Après une période d'adaptation un peu longue au style d'écriture de Charlotte McCONAGHY, ce qui ne m'a pas aidée, j'avoue avoir été un peu déçue par les premiers chapitres de ce roman.



Je m'attendais à plus d'interactions entre l'homme et l'animal et aussi à être transportée en Écosse.

Mais l'auteure a été avare, à mon goût, de descriptions de paysages et de folklore de ce pays et il m'est même arrivé d'occulter totalement l'endroit où se déroule l'histoire.



Toutefois, après environ un tiers du roman, je me suis surprise à apprécier l'intrigue et les différents rebondissements.

J'ai découvert également une maladie que je ne connaissais pas et qui tient une place importante dans cette aventure.



Je reste quand même dans l'idée que les interactions entre humains tiennent plus de place dans ce roman que la relation entre l'animal et l'homme.



Et enfin, en refermant le livre, la question que je me pose encore une fois est la suivante : qui de l'homme ou du loup est le plus sauvage et le plus dangereux ?
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Je pleure encore la beauté du monde

« J’avais toujours su qu’il y avait quelque chose de différent en moi, mais ce jour-là, pour la première fois, j’ai compris que c’était un truc dangereux. Ce fut aussi le jour où, alors que j’émergeais de la cabane en titubant, accueillie par les violacées d’un long crépuscule, je posai les yeux sur la lisière des bois et vis mon premier loup. Qui me vit également. »



Depuis toute petite, Inti Flynn est fascinée par les loups. Elle en a d’ailleurs fait son métier, puisqu’elle est responsable de leur réintroduction dans différentes régions du monde. Cette fois, c’est dans les Highlands écossais qu’elle va devoir menée à bien sa mission. Un retour du loup qui inquiète dans la région et suscite l’hostilité de certains, en particulier celle des éleveurs de moutons qui craignent pour leurs troupeaux.



L’opposition entre pro et anti-loups, assez habituel et compréhensible lorsqu’il s’agit de réintroduire des animaux prédateurs, est décrite de manière subtile et sans jugement de la part de l’autrice. Chacun à ses arguments à faire valoir et je trouve intéressant que même Inti soit aussi confrontée à des situations qui lui feront revoir certaines de ses positions.



Dès les premières lignes du roman, on apprend qu’Inti a une affection neurologique, la synesthésie visuo-tactile, et a donc la particularité de ressentir les expériences sensorielles des êtres vivants qu’elle voit : « Quand je vois, je ressens, et pendant quelques instants, je suis les autres, eux et moi ne faisons qu’un et leur douleur ou leur plaisir est le mien. »

Une singularité que Charlotte McConaghy exploite parfaitement dans le roman puisque cette synesthésie exacerbe les émotions que peut ressentir Inti. Les interactions avec les loups sont ainsi décrites avec beaucoup de justesse et de sensibilité, et cela nous permet de comprendre aussi la relation toute particulière qu’Inti entretient avec la nature de manière générale. Les très belles descriptions de la nature, véritable explosion de couleurs, m’ont particulièrement plu.



« Notre trio se met en route et les arbres nous enveloppent rapidement. La mousse recouvre le sol d’un tapis vert citron. Certaines espèces de fougères m’arrivent aux épaules. Je caresse des troncs rugueux et des ramures lisses, glisse les doigts entre des feuilles veloutées, effleure des aiguilles pointues. Mes pieds s’enfoncent légèrement dans le sol spongieux. La canopée laisse entrevoir le gris du ciel, sa lumière souligne les contours de chaque chose, éclairant les couleurs de l’intérieur. »



L’autrice vient en revanche greffer sur son récit d’autres intrigues, dont certaines flirtent avec le thriller, et qui m’ont semblé desservir le roman en s’écartant du sujet principal. Les réactions et agissements d’Inti sont aussi parfois difficiles à comprendre et à mesure que l’histoire progresse mon intérêt pour le récit a fini par faiblir.



Lecture donc en demi-teinte, mais je retiendrai la plume sensible et poétique de Charlotte McConaghy, ainsi que les très beaux passages de nature-writing.
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Je pleure encore la beauté du monde

Et voilà ce livre terminé, avec la phrase leitmotiv qui me revient en tête : "l'infini mystère des loups".



Nous suivons à travers ce roman, à travers les paysages de l'Écosse, entre montagne et forêts, les efforts d'Inti et de son équipe pour réimplanter des loups. L'idée est de tester si la présence des loups a pour effet de dynamiser la croissance de la végétation, et de ramener de la biodiversité dans ces montagnes esseulées, ces plaines plutôt dédiées aux moutons. Il est vrai qu'auprès des éleveurs l'affaire ne sera en rien facile, encore moins acquise. Inti et ses collaborateurs sont prévenus : si un seul loup attaque le bétail, les fermiers organiseront une battue et les tueront tous.



Mais Inti n'est pas femme à s'en laisser conter, et surtout, il y a bien longtemps qu'elle a tourné le dos à sa propre espèce pour suivre l'appel de la forêt, qui résonnait pour elle, pour élever ces meutes, les suivre, les étudier et les protéger. En saurons-nous plus sur cet animal mythique ? Bien sûr, nous ne serons pas déçus, car nous apprendrons à connaître la plupart d'entre eux, à nous prendre de sympathie pour eux, ces bêtes souples et furtives qui chassent le daim. Nos nuits n'ont qu'à tendre l'oreille pour percevoir, lointain, le hurlement d'appel ou de regret. le roman s'émaille de rencontres infimes ou magiques avec la meute, surtout celle de Cendre et de ses louveteaux. Mais chut... Ne faut-il pas s'habituer à les appeler d'un numéro, pour garder la distance nécessaire ? Regardez donc ces yeux jaunes et demandez-vous si vous pouvez les oublier, vous en défaire...



Mais que peut-il arriver lorsqu'un homme est attaqué de nuit, avec des blessures horribles qui rappellent fort une certaine dentition inexorable ? C'était certes un homme mauvais, qui cognait sur sa femme, mais que faire ? Comment empêcher la contagion et protéger ce qui peut l'être encore, bêtes et humains ? Comment se battre lorsqu'on souffre au-delà du sensible de tout ce qui est fait à tous ? Lorsqu'on se débat encore avec une enfance au goût sauvage mais si douce et forte, avec les traumatismes du passé, qui ont meurtri sa soeur jumelle Aggie au-delà de la conscience ? Comment accepter d'aimer et de faire confiance ?



Inti découvrira certaines de ces réponses dans ce grand roman d'aventure au souffle poétique, à la langue puissante ; peut-être la façon d'exprimer les sensations d'autres qui deviennent les siennes est-elle un peu systématique - c'est la seule chose en quoi le texte manque parfois de subtilité, d'autant plus que le profil cognitif de la jeune femme se réveille davantage dans certaines scènes marquantes, mais ne semble pas toujours actif. C'est sans conteste une belle lecture qui vous entraîne très loin, un grand merci à @Cassiopee42 qui m'a donné envie de le lire par sa belle critique.
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Je pleure encore la beauté du monde

En reliant domination des hommes sur les femmes et des humains sur la nature, McConaghy fait de son roman un polar écoféministe assumé, dont le personnage principal soigne ses blessures personnelles dans sa fusion avec la nature […].
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Je pleure encore la beauté du monde

Inty Flinn débarque en Écosse avec 3 loups et une équipe de scientifiques avec l'objectif de réintroduire les canidés depuis longtemps disparus dans les Highlands. Tous vont devoir prouver aux habitants du village que la réintroduction du loup dans les forêts est une nécessité pour sauver l'écosystème et lutter contre le réchauffement climatique.

Inty est une femme secrète et sèche, qui semble cacher de nombreux démons. Mais pour le bien de son projet et pour éviter des conflits inutiles avec les villageois, elle va devoir apprendre à mettre de l'eau dans son vin...



Un roman d'une grande force qui nous plonge dans le quotidien des loups et des hommes, qui sont encore trop effrayés par ces animaux.
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Je pleure encore la beauté du monde

Biologiste écartelée entre deux continents et les deux codes de vie de ses parents séparés – La Colombie-Britannique où vit son père homme des bois, et l'Australie où vit sa mère policière - Inti dirige dans les Highlands un programme de renaturation destiné à freiner le réchauffement climatique grâce à la réintroduction du loup en milieu naturel. Concomitamment, elle souffre de synesthésie visuo-sensorielle, affection neurologique épuisante qui lui fait éprouver en se glissant dans leur peau, les sensations vécues par les humains ou animaux qu'elle côtoie. Elle vit avec sa soeur jumelle dont elle prend soin, depuis qu'elle est déconnectée du monde après des violences irréparables de la part de son mari qui « l'aimait à mort », prouvant une fois de plus que "l'homme est un loup pour l'homme et un relou pour la femme" (Miss.Tic).





Dans ce second roman, Charlotte McConaghy atteint l'excellence. Avec un talent, un style, une précision et une maturité hors normes, elle entrelace dans la même intrigue des thématiques aussi graves et lourdes que les violences infligées à la planète, les violences infligées aux femmes, en leur accordant la même importance. A partir de ce qui n'aurait pu être qu'un énième appel à la raison ou enfonçage de portes ouvertes pour sauver ce qui reste sauvable, elle crée une histoire déchirante peuplée de personnages complexes, qui tous tentent, à leur manière, de s'en sortir, de se réparer tout en réparant le monde.





Si j'ai apprécié chaque mot de Je pleure encore la beauté du monde, si j'ai apprécié le style envoûtant et poétique de l'auteure, j'ai également été sensible à son aspect pédagogique. Grâce à des explications documentées et simples bien intégrées dans le roman, j'ai enfin compris pourquoi la réintroduction du loup est autant primordiale pour l'avenir commun. L'auteure n'est pas manichéenne, elle ne pratique pas le sentimentalisme niaiseux, mais rapporte des données scientifiques. Elle évoque les conflits qui opposent les biologistes aux éleveurs autochtones, les premiers souhaitant sauver une espèce, les seconds s'érigeant en propriétaires de la terre et du paysage, s'intéressant davantage à leurs revenus qu'à la préservation du bien commun alors qu'ils sont grassement indemnisés si très rarement, l'une de leurs bêtes est attaquée. Au passage, qui a tué l'un d'entre eux, grande gueule, tabasseur et chasseur ?





Enfin, et j'en resterai là, j'ai aimé découvrir la nomenclature de Werner (publiée en 1814) qui relie les mondes animal, végétal et minéral, identiques et uniquement distingués par des nuances de couleurs, que Charlotte McConaghy utilise pour parer le monde de teintes jusqu'alors inconnues : l'orange orpiment et le jaune citron des frelons ; le vert tarin des aulnes, couleur des poires Colmar bien mûres, des pommes Irish Pitcher et de la pierre brillante baptisée torbernite ; le rouge hyacinthe comme les taches de la punaise Lygaeus apterus ou l'orange hollandais comme la crête du roitelet à couronne dorée. Si vous voulez apprendre que le sang frais a la couleur des cerises et de la tête des chardonnerets, Je pleure encore la beauté du monde est fait pour vous. Mais pas uniquement pour ce motif. Un très grand roman sensoriel, beau, émouvant, utile si l'on considère qu'un autre monde est possible. Et nécessaire.
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Je pleure encore la beauté du monde

« On avait huit ans le jour où papa m’a coupée en deux, de la gorge jusqu’au bas ventre. »



Voilà comment débute ce roman, entre malaise et incompréhension. Aggie et Intie sont jumelles, elles vivent entre l’Australie et le Canada, entre mère et père.



Leur père leur fait découvrir les grandes forêts de Colombie Britannique, les rapproche de la nature, au plus près des derniers animaux sauvages qui vivent librement.



Leur mère les endurcit, surtout Intie, compte tenu de son don particulier…



À l’âge adulte, elles ne se quitteront pas et Aggie suivra Intie dans les Highlands en Ecosse pour l’aider à réintroduire des loups. Mais rapidement elles vont faire face à l’hostilité du monde et des hommes, dominés par leur peur et leurs préjugés.



Quel roman fabuleux ! Les descriptions de la nature sont à couper le souffle. J’ai eu l’impression de vivre au milieu des loups, de les sentir, de caresser leur pelage. Et puis, quel portrait de femmes ! Dans ces nuits noires, hantées par l’hostilité des hommes, Intie brille. Je pleure encore sur la beauté de ce roman.



À mettre dans toutes les mains, urgemment !
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Je pleure encore la beauté du monde

La rage m’habite

Le beau se montre à moi

Mais il est trop faible

Face à toute l’horreur environnante

Le beau est broyé

La bonté est moribonde

La rage l’emporte

La haine est victorieuse

La violence omniprésente

Pourtant, je sais que cette noirceur me détruira l’âme

Mais qu’importe

Le futur n’existe pas

Je vis dans le présent

Je me consume

~

Un récit qui m’emporte loin entre bonté et violence, entre sagesse et fatalisme, entre écologie et mercantilisme. Tout dans ce récit est dualité, combat… Certains combats sont perdus d’avance malheureusement, mais cela ne signifient pas pour autant qu’ils ne doivent pas être menés.
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Je pleure encore la beauté du monde

J’ai été très surprise par cette lecture, sur beaucoup de points. Premièrement, et parce que c’est ce qui m’a le plus captivée : la plume de la traductrice. Même si je me doute que l’autrice a de base une plume très poétique, au regard des paragraphes magnifiques sur la nature qu’elle soit végétale, animale ou humaine, je dois féliciter la beauté de la traduction. Tout est bien écrit, fluide et prenant. Elle a assurément contribué à ce coup de coeur !



Dans ce livre, nous plongeons en Écosse avec des loups en réinsertion. Nous suivons Inti, la biologiste en charge du projet qui doit faire accepter ces nouveaux habitants. Déterminée et presque aussi féroce qu’une louve, elle défend avec coeur et ferveur l’écologie, et le féminisme. Elle porte haut et fort ses valeurs au point de se mesurer à un homme qui bat sa femme, et à qui personne n’a jamais rien dit dans ce village. Elle ne se laisse pas faire malgré son handicap qui la condamne à ressentir tout ce que les autres ressentent physiquement.



Puis un meurtre s’en mêle. Les loups sont désignés coupables, Inti cherche à les innocenter en menant l’enquête de son côté, tout en fricotant avec le chef de la police. Cette romance est mon seul point d’ombre. Je ne l’ai pas trouvé forcément bien amenée dans l’histoire, malgré son utilité subtile et pourtant déterminante dans le récit. Les attaques se multiplient sur le bétail, et c’est la course à la vérité. Inti doit se dépêcher.



Si la première partie de l’histoire est assez lente, nous sommes rapidement pris dans les souvenirs d’Inti, ceux de sa soeur jumelle, et les flots nous emportent. Entre poésie et horreur, le véritable coupable se dessine dans le carmin laissé dans la neige. La fin m'a surprise, j'aurais pu m'y attendre, mais je me suis simplement laissée porter par les événements et les ressentis d'Inti. J'étais dans sa peau.



Je pourrais parler des heures de ce livre parce qu’il est aussi beau que complexe. L’autrice nous amène à nous questionner sur notre place sur la planète, notre impact sur la biodiversité, mais aussi la place des violences conjugales et aux conséquences qu’elles laissent sur les victimes. Je le recommande à 1000% !
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Je pleure encore la beauté du monde

Charlotte McConaghy propose avec Je pleure encore la beauté du monde un roman moderne, émouvant, prenant, sans jamais en faire trop.



Avouons-le, c’est d’abord le titre et la couverture qui m’ont attiré vers ce livre. Je ne connaissais pas l’autrice… et c’est une belle découverte.



Dans son roman, Charlotte McConaghy raconte en parallèle deux histoires, celle de Inti et sa sœur Aggie, lorsqu’elles sont enfants, jeunes filles et jeunes adultes en Australie, puis, plus tard, celle de Inti et sa sœur Aggie, transformées par des événements qu’elles ont vécus, qui se retrouvent en Écosse pour essayer de réintroduire le loup dans les Highlands. En faisant progresser ces deux temporalités, l’autrice permet à son lecteur de mieux comprendre les agissements, les motivations et les émotions de Inti et Aggie.



Comme l’annonce la quatrième de couverture, le roman explore bien « les noirceurs de l’âme humaine et les splendeurs d’une nature menacée de destruction ». Et je suis bien forcé d’admettre que le livre a été poignant et émouvant, qu’il n’en fait pas trop, n’a pas besoin de tout décrire pour émouvoir et, surtout, qu’il a su maintenir mon intérêt et me surprendre. J’ai aimé l’idée de la synesthesie visuo-tactile, dont souffre Inti et qui lui fait ressentir dans son corps tout ce que ressentent ceux qu’elle voit autour d’elle. J’ai aimé l’enjeu écologique et l’enjeu féministe, le parcours des personnages, souvent cassés d’une manière ou d’une autre, la nuance, puisque tout n’est jamais blanc ou noir. J’ai aimé le croisement entre le nature writing et le polar.



Certaines pages m’ont fait découvrir le mystère des loups, leurs interactions avec les autres animaux, la forêt et les hommes. D’autres pages ont pu m’arracher une larme (ou deux ?). Tout le livre m’interroge : quelle est la part d’animalité en l’homme ? quelle est la part d’humanité en l’animal ? l’homme est-il plus humain que l’animal, sous prétexte qu’il est homme ? qui est le plus sauvage et le plus violent, l’homme ou l’animal ?



Bref, c’est une très belle découverte et un roman qui m’aura marqué, c’est certain.
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Je pleure encore la beauté du monde

DE TOUTE BEAUTÉ ✨️💙



Inti Flynn gère un programme de réintroduction des loups dans les Highlands écossais. Les animaux sauvages sont nécessaires à l'équilibre de l'écosystème actuellement menacé face à l'urgence climatique. L'enjeu est grand mais la bataille s'annonce ardue tant les incompréhensions demeurent. Un territoire sauvage et un monde exploité par l'homme qui peinent à cohabiter. Quand un berger est retrouvé mort... c'est le drame et Inti sera prête à tout pour protéger ses loups.



Je pleure encore la beauté du monde. Rien que le titre est une invitation. Suspense et nature writing s'entremêlent pour nous livrer une fiction tellement riche. L'écriture est belle, les personnages touchants, les paysages sublimes. Cette meute de loups m'a invitée à découvrir son territoire et j'ai été happée. Parfois même, bouleversée par ses hurlements. L'opposition entre pro et anti-loups est passionnante et le sujet est abordé avec intelligence, sans parti pris.



J'ai découvert aux côtés d'Inti la synesthésie visuo-tactile, la biologiste fait des douleurs d'autrui, siennes. Des émotions exacerbées, un lien à la nature particulier et une sœur à sauver.

Les sujets abordés sont multiples mais le mélange est délicieux. Je préfère ne pas vous en dire trop sur la teneur des événements pour vous laisser tout le plaisir de la découverte, sachez simplement que suspense, émotions et contemplation sont au rendez-vous.



Un roman d'une beauté fulgurante qui met en avant nos failles et ce que nous serions prêts à faire par amour, par vengeance, par amitié, par sororité.

Bref, c'était magnifique et je recommande vivement ! ✨️
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