Citations de Charles Bonnaire (28)
- Vous n’aimez pas les gens ?
- Je dirais plutôt que j’aime la solitude.
L’arrestation d’un suspect leur avait rendu espoir et avant même de confronter l’individu, ils le détestaient déjà viscéralement.
Il avait besoin de se préparer mentalement pour la suite, il devait interroger Anne Rosen. Et pour couronner le tout, en compagnie de ses parents. Une famille en peine qui avait déjà trop attendu. Il devait s’armer de la plus grande des patiences pour que ça se passe sans heurts. Il avait déjà vu de nombreuses horreurs, participé à des situations stressantes et dangereuses. Mais une des parties de son travail qu’il détestait le plus l’attendait, l’entretien avec une famille rongée par la disparition de l’un de ses membres et l’ignorance de son sort.
« Les rêves brisés sont ceux que l’on n’a pas tenté de réaliser. »
Quand on voit les supplices infligés aux corps des victimes, on sait qu’on a juste affaire à un taré.
Sylvain Rosen n’aurait jamais fait l’amour, il ne connaitrait jamais l’échange intime et sexuel avec un être aimé. Il n’avait connu que douleur et violence. Son assassin avait veillé à ça.
Car même si elle était belle, on avait rapidement l’impression d’avoir à nouveau affaire à une maison qui n’était pas habitée, qu’on avait fuie depuis longtemps. Un endroit sans âme. Il n’y avait aucun objet personnel, pas de photos, ni de toiles sur les murs, pas d’objets de décoration. Et la suite de la visite n’allait qu’amplifier ce sentiment.
- Ça va, ma chérie ?
Anne haussa les épaules. Elle avait beau n’avoir que cinq ans, elle trouvait cette question ridicule et ne comprenait pas pourquoi les gens se la posaient sans arrêt. Évidemment que ça n’allait pas, ça n’irait peut-être plus jamais d’ailleurs, si son frère ne revenait pas à la maison. Elle préféra ne pas répondre.
J’aime mon métier, je ne voudrais pas du vôtre. Je préfère travailler avec les morts. Ils ne peuvent plus faire de mal à personne.
- Le corps humain est fascinant, ajouta-t-il. C’est énorme ce qu’il peut nous raconter sur la vie de son propriétaire. L’autopsie fait parler les morts. Et les morts ne peuvent pas mentir, eux.
Le jour de sa majorité, elle lui laissa le choix ! Soit il partait et se débrouillait seul, soit il restait et elle lui payait ses études, mais à la condition qu’il s’occupe de la maison, de lui administrer ses soins et de lui faire sa toilette. Etienne pesa le pour et le contre toute la nuit. Il avait réussi au fil du temps à s’installer un petit laboratoire confortable dans son grenier. L’argent qu’il gagnait en faisant des petits boulots, ce que sa grand-mère ignorait, lui permettait de renouveler son équipement et de s’acheter du nouveau matériel. Il n’imagina pas perdre tout ça et décida donc de rester jusqu’à la fin de ses études. Sa grand-mère remercia l’infirmière qui s’occupait d’elle dès le lendemain. Lors de la première toilette, elle lui avait décoché un sourire édenté.
L’absence de musique dans ses oreilles lui avait fait baisser sa garde et il avait parlé. Et pour rien au monde, il ne voulait que ça se reproduise.
Non seulement, il aimait travailler en musique, mais il avait aussi remarqué que les gens avait moins tendance à lui adresser la parole quand il avait ses écouteurs sur les oreilles. Et si on lui parlait, il pouvait toujours faire semblant de ne pas entendre, en se concentrant sur la musique.
Il y a quelques années de cela, il avait fait le choix difficile de n’avoir aucun contact direct avec qui que ce soit. Il vivait donc volontairement seul et éloigné. Cependant la compagnie d’autres personnes lui manquait de temps en temps. Pour voir des gens, sans craindre d’avoir à leur adresser la parole et risquer de créer des liens, il avait trouvé comme solution d’aller travailler à la bibliothèque municipale, une fois par semaine. C’était, par définition, un endroit dans lequel le silence régnait et où on ne pouvait donc pas parler. Ainsi, il prenait sa dose hebdomadaire de contact humain, ce qui l’aidait à rester sain d’esprit, sans faire prendre de risque à personne.
Tout ce que je veux, c’est arrêter l’animal que je traque depuis trop longtemps ! Je n’ai pas de pouvoir ici. Et je dépends de vous pour faire les choses de façon règlementaire. Que vous me fassiez confiance ou pas, je m’en moque. Soyez moins con, si ça reste dans vos capacités, et je vous prouverai que vous avez eu tort de vous méfier de moi. Votre fille a raison, on doit avancer dans le même sens, si on veut en finir rapidement.
Baker prit une grande inspiration ne lâchant pas Atias du regard. Le commandant souriait intérieurement. « Clémence ne se trompe jamais ! se fit-il la remarque.» Il eut une bouffée de fierté en pensant à sa fille. Depuis la mort de sa mère, ils s’étaient éloignés l’un de l’autre, mais elle ne cessait de le rendre fier. Elle avait bien jugé l’anglais. Lui, avait eu une mauvaise première impression, cet excès de franchise chez le détective le fit changer d’avis.
À seize ans, en bon adolescent introverti et timide qui se respecte, Sylvain passait le plus clair de son temps libre le nez plongé dans les livres. Pendant que ses camarades de classe occupaient leur mercredi après-midi sur le terrain de foot ou à la piscine, lui préférait flâner dans les rayonnages de la bibliothèque, s’appliquant à choisir le livre qui l’accompagnerait pendant une semaine et qui lui permettrait de s’évader, de le faire rêver et de l’embarquer dans des aventures aussi extravagantes que variées. Il était capable de porter son choix sur des genres complètement opposés, se laissant d’abord interpeller par la couverture de l’ouvrage.
La culture ! Il n’y que ça de vrai ! C’est ce qu’il y a de plus important au monde! Et j’estime qu’il faut lire beaucoup pour se cultiver ! À la maison, ils ne regardent pratiquement jamais la télévision. Et encore, on contrôle ce qu’ils regardent.
Ce qui m’interpelle, c’est que j’ai du mal à cerner la mentalité du tueur. Il a un comportement erratique. D’un côté, il est organisé et méticuleux. Nous avons retrouvé de l’eau de javel uniquement à certains endroits du corps, au niveau de l’anus et dans le rectum ainsi que sur une des cuisses. Il a certainement voulu effacer des traces de fluide corporel, aussi bien du sperme que de la salive. Il aurait pu nettoyer le corps complètement pour être certain de ne rien oublier mais il ne l’a pas fait. Ce qui pour moi signifie, que même en période de grande excitation, il reste au contrôle de ce qu’il fait. Il savait exactement où nettoyer. Et nous n’avons, bien évidemment, retrouvé aucune empreinte.
Elle ne comprenait pas sa passion pour la criminelle malgré son aversion pour le sang et son cœur fragile. Il ne supportait même pas ce genre de scène quand il regardait une série. C’était effectivement la seule chose qui avait fait hésiter le jeune homme dans son choix de carrière. Il avait toujours voulu travailler pour la criminelle. L’idée de résoudre des enquêtes et de mettre des assassins sous les verrous lui plaisait plus que tout.
Il n’osait plus bouger. Il était tétanisé par la peur, persuadé que d’un instant à l’autre, une main allait sortir de l’obscurité et le saisir. Le danger pouvait arriver de partout. Des frissons lui parcoururent l’échine. À cet instant, la peur l’emporta sur la prudence, il voulait en finir. Il s’engouffra dans la suite de l’escalier, escaladant les marches quatre à quatre. Les larmes coulaient sur ses joues. Il voulait se dépêcher de récupérer son abruti de chien, sortir de cet horribleendroit et retrouver le confort douillet de sa maison. Il se promit inconsciemment de ne plus jamais promener son chien sans laisse.