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La facilité d’usage du pastel et son caractère peu encombrant le rendent très populaire auprès des paysagistes, et notamment auprès d’Eugène Boudin : « Ces études si rapidement et si fidèlement croquées d’après ce qu’il y a de plus inconstant, de plus insaisissable dans sa forme et dans sa couleur, d’après des vagues et des nuages, portent toujours, écrits en marge, la date, l’heure et le vent ; ainsi, par exemple : 8 octobre, midi, vent de nord-ouest. Si vous avez eu quelquefois le loisir de faire connaissance avec ces beautés météorologiques, vous pourriez vérifier par mémoire l’exactitude des observations de M. Boudin. La légende cachée avec la main, vous devineriez la saison, l’heure et le vent. – Charles Baudelaire ».
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Le pastel rend mieux que tout autre medium le velouté de la peau et les teintes subtiles de sa carnation.
La Résurrection du pastel au XIXe siècle par Caroline Corbeau Parsons ( * Conservatrice des arts graphiques au Musée d'Orsay )
De nouveaux sujets pour un art graphique
Les pastellistes représentés dans la collection du musée d'Orsay ne renient pas l'héritage du pastel au XVIII e siècle, et perpétuent la tradition du portrait au pastel qui avait donné sa popularité à la technique, en adaptant ses codes à la bourgeoisie triomphante et à la mode de l'époque. Durant ce second âge d'or du pastel, de la seconde moitié du XIX e siècle à la Première Guerre mondiale, le médium adopte néanmoins de nombreux sujets inédits, et prend de nouvelles directions. Loin des salons raffinés et du portrait mondain, Millet, Léon Lhermitte, Giovanni Segantini et Fernand Legout-Gérard s'attachent à dépeindre la noblesse et la beauté de la vie rurale, ainsi que la force du lien à la terre et à la mer.
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La facilité d'usage du pastel et son caractère peu encombrant le rendent très populaire auprès des paysagistes, et notamment auprès d'Eugène Boudin, dont les esquisses inspireront nombre d'artistes, les impressionnistes en premier chef.
( p.14)
Le pastel est une technique graphique à part. Ni véritablement dessin, ni peinture, il unit la ligne et la couleur. Le liant du bâtonnet s'abolit dans le tracé qui libère les pigments. Le frémissement de la "fleur" qu'ils forment à la surface du papier ou de la toile offre un rapport direct à la matière et à la couleur pure, qui conserve sa fraîcheur et son intensité au fil du temps.
La Résurrection du pastel au XIXe siècle par Caroline Corbeau Parsons ( * Conservatrice des arts graphiques au Musée d'Orsay )
S'affranchir de la peinture
(...) C'est pendant le second âge d'or du pastel, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, qu'il s'affirme comme un art autonome.La collection du Musée d'Orsay, riche d'environ 500 pastels, représente de manière inégalée cette veritable renaissance du pastel, que l'artiste Charles Bazin, dès 1849, va jusqu'à qualifier de " résurrection ".
La technique, jusqu'alors confinée au portrait, sort du boudoir, et s'étend à tous les autres genres, accompagnant les mutations de la période. Fait important, la gamme des couleurs disponibles, restreinte à moins de cinquante au XVIIIe siècle, se développe à plusieurs centaines au XIXe siècle, à l'ère de l'industrie .L'introduction de nouveaux pigments, synthétiques pour certains, ouvre la voie à toutes les variations chromatiques et de nouveaux supports spécialement conçus pour le médiums sont commercialisés (...)
Les marchands de couleurs rivalisent d'invention pour offrir le meilleur support possible.
( p.13)