La guerre avait effacé tout ce que nous avions été, et l'après-guerre tout ce que nous pouvions devenir.
La cicatrisation d'un drame collectif de ce genre n'est pas qu'un processus individuel. La société dans son ensemble est en mesure et a le devoir de guérir les blessures. Après tant d'années, il s'agit avant tout d'une réparation morale. Reconnaître l'injustice commise est le point de départ pour commencer à réparer le mal causé. Ce n'est qu'ainsi que les victimes, leurs familles et la société peuvent regarder vers l'avenir, libérées du fardeau du passé.
Au lieu de ça, alors que les crimes du franquisme sont encore dans les mémoires, on réécrit sournoisement l'histoire, on relativise l'horreur.
Je ne pouvais accepter ce silence complice et l'oubli imposé.
Non seulement ces hommes vous ont sauvé la vie, mais ils ont ensuite raconté votre histoire. Leur témoignage et leurs photos étaient à notre disposition au Canada. Et cela a permis à cette tragédie de ne pas sombrer dans l’oubli.
(à propos de Norma Bethune et de ses assistants, Hazen Size et Thomas Wosley)
Comme tant d’autres brigadistes, il pensait que le sort du monde était suspendu à l’Espagne : il fallait arrêter le fascisme là-bas ou il se propagerait inévitablement partout ailleurs.
PROMENADE DES CANADIENS
EN MÉMOIRE DE L’AIDE QUE LE PEUPLE CANADIEN A PORTÉE,
DE LA MAIN DE NORMAN BETHUNE,
AUX FUGITIFS DE MALAGA EN FÉVRIER 1937
Nous venions de tomber dans un piège. Cette portion de route entre Torrox et Motril est escarpée, d'un côté la mer, de l'autre la montagne. Aucune issue possible... Je me suis parfois dit qu'ils nous avaient laissés fuir Málaga pour nous chasser ici comme des lapins !
Qui pouvait imaginer une telle barbarie ? Nous étions des réfugiés, pas une armée...
— Je suppose que nous n'étions que des rouges pour eux. Comme si cela pouvait justifier ce qu'ils faisaient. Des navires de guerre et des avions contre des valises et des baluchons !
À partir de là, notre existence entière serait influencée par le souvenir de ces jours-là. Ce n'était plus de la peur, c'était de la terreur.
— Mais je ne m'indigne même plus. Tout ce que je veux maintenant, c'est que la vérité soit connue.
— Madame, ce sont des témoignages comme le vôtre qui permettent de connaître la vérité.
— Tu penses que ça intéressera quelqu'un ?
— Bien sûr, grand-mère !
L’éducation est l’arme de la république