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Citations de Carine Russo (15)


Comment vivre sans joie et sans espoir? Je me raccroche à la pensée de tous ceux qui avant moi ont dû tenir dans un monde sans joie et sans espoir, dans le pire des enfers qui se puisse imaginer: ces déportés dans les camps pendant la guerre... Je pense très souvent à eux. Ils représentent, à mes yeux, le courage et la force de l'humanité. Ils devaient tenir dans les pires conditions, sans savoir non plus, ce qu'il advenait de leurs amours, de leurs parents, de leurs enfants. Sans savoir s'ils les reverraient un jour. Je pense à eux, à toutes ces vies brisées, anéanties. Et je comprends -ô combien- pourquoi les survivants de cet enfer et les descendants de ces survivants ne cèdent rien à l'oubli! Une telle somme de souffrance ne peut être oubliée. Et aucun être humain, s'il tient vraiment à l'humanité, à ce qui fonde notre humanité, ne peut oublier. (p.139)
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A partir de cette "vérité judiciaire", il n'y avait plus rien à questionner, plus rien à reconnaître, plus rien à expliquer. La question des responsabilités du fiasco était évacuée. Ces petites filles outrageusement violées et assassinées avaient fait une mauvaise rencontre, c'était la "faute à pas de chance", un destin fatal. Et la fatalité, bien sûr, c'est comme Dieu, ça ne s'explique pas... (p.206)
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Ce qui me blesse par-dessus tout depuis le jour de la disparition de ma fille, c'est cette propension que nous avons à justifier l'injustifiable, à banaliser l'atroce, à oublier l'essentiel: le souci de la vie. Car si l'horreur devient banale parce que banalisée, comment ferons-nous pour ne pas y sombrer, tous autant que nous sommes, un de ces jours plus ou moins lointains? (p.226)
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Les parents dont les enfants sont malades n’ont-ils pas le droit de rencontrer le médecin qui s’en occupe et de lui poser des questions ? Moi, je ne peux faire la différence entre ces deux situations. Je ne comprends qu’une chose : ma fille est en grave danger, sa vie est en danger. Pour m’aider à la sauver, j’ai fait appel à la police, un juge d’instruction a été nommé, une enquête a été ouverte. Et j’ai besoin d’être en contact avec ces professionnels qui vont, j’y crois de toutes mes forces, sauver ma fille. De la même manière que tout parent d’un enfant gravement malade a besoin d’un contact avec les médecins qui le soignent, je ressens cette impérieuse nécessité de savoir.
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Car, en effet, que faire, que penser, que conclure des actes commis par un "monstre"? Les serial killers, ça ne s'explique pas. Ce sont des éléments déviants de nos sociétés qui ont toujours existé et qui sont, en quelque sorte, acceptés comme on accepte les catastrophes naturelles. Quand elles se produisent, c'est spectaculaire, dramatique, "malheureux" pour ceux qui en sont victimes mais, fondamentalement, personne ne se sent responsable de ces phénomènes mortifères. (p.206)
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Ce samedi-là, 24 juin 1995, rien ne laissait présager un tel événement : l’enlèvement de notre petite fille et de Julie, sa compagne de classe et de jeux, sa compagne d’insouciance et de rires. Cette journée, qui avait commencé de manière anodine, avait pris au fil des heures un petit air festif. Pas seulement en raison de la couleur du ciel qui se découvrait
enfin bleu ce matin-là, mais sans doute aussi par l’excitation joyeuse des enfants qui, délivrés des derniers jours d’école, ramenaient l’atmosphère légère du temps des vacances.
Mélissa, ma petite fille, avait invité Julie à passer l’après-midi à la maison…
Mais, contrairement à ce que l’on croit, la vie n’est pas toujours quotidienne.
Elles sont parties à dix-sept heures, gaies et insouciantes comme on ne peut l’être qu’à cet âge. Elles auraient dû être de retour à dix-huit heures. C’était l’accord conclu, une promesse toute simple qu’aucun doute n’effleurait. C’était la logique banale et rassurante du quotidien. La suite est connue. Julie et Mélissa ne rentrèrent jamais de cette petite promenade censée se limiter au tour du quartier. Je les avais vues s’en aller, joyeuses et confiantes, si pressées de vivre et de grandir, si légères et rieuses. J’avais vu par la fenêtre s’éloigner leurs petites silhouettes légères et sautillantes. J’étais certaine déjà que Mélissa me rapporterait quelques fleurs cueillies le long des champs de blé et de maïs qui bordaient leur chemin. Elle faisait toujours ça, cueillir des fleurs. Comme moi-même à son âge. C’était un plaisir irrésistible. Mais à l’heure promise, je ne la vis pas rentrer les mains serrées sur un petit bouquet fraîchement cueilli comme je m’y attendais. C’est alors que l’angoisse, ce sentiment oppressant qui surgit face à l’inexplicable, au doute, à l’inquiétant, commença lentement à m’envahir pour ne plus me quitter pendant quatorze mois.
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Souvent, tout en vaquant à mes occupations quotidiennes dans la maison, je tombe sur le visage de ma petite fille, fixé sur pellicule
et tendrement encadré. Je me plonge dans ses yeux si doux et me laisse submerger par l’émotion qui m’étreint alors. Comment ont-ils
pu ? Comment, au nom de quoi ont-ils pu assassiner ces beaux yeux noirs, cette douceur, cette innocence ? Abandonnée de tous,
coupée de tout lien humain, exclue de la chaîne de vie que forme l’humanité, ma petite fille a rendu son dernier souffle seule, dans le
néant… Nul être pour l’accompagner, pour recueillir l’ultime flux de chaleur qui faisait d’elle une enfant vivante, une petite fille existant
dans le monde. Quelqu’un peut-il croire sérieusement qu’après un tel désastre, la vie puisse continuer « comme si de rien n’était » ?
La vie peut reprendre, certes, se prolonger, se perpétuer et recommencer. Mais, au fond de soi, reste cette béance, cette question
sans réponse hurlée à l’infini : Comment ont-ils pu ? Pourtant, on le voit bien, autour de soi, que la vie continue « comme si de rien
n’était ». Alors, on se construit des digues autour de la violence tempétueuse du souvenir, on se protège de sa cruauté comme on
peut, on tente de rebâtir ailleurs, plus loin, vers l’avenir, on évite de regarder la route parcourue, on cherche l’oubli. Parce qu’il faut
bien poursuivre…
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Le temps de la vengeance n’est pas venu. Il nous faut trouver encore et encore le courage, l’énergie, les moyens de vous retrouver saines et sauves. Sortir de l’impuissance, de ce cauchemar qui recommence et recommence chaque matin.
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Je déteste le monde. Je déteste surtout et avant tout ce monde d’argent et de puissants qui nous réduit au silence et qui vous abandonne. Ce monde d’indifférence, ces proclamés supérieurs qui tiennent en main vos vies, nos vies mais conduisent la leur dans la plus parfaite indifférence des nôtres. Magistrats et politiciens. Ce sont eux qui ont été interpellés sans répit depuis des mois. Et l’année se termine dans le gouffre de leur silence…
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Certains trouvent agréable de se souhaiter une belle année toute neuve. On tourne la page de celle qui vient de s’écouler et on repart comme dans un nouvel épisode. Mais le nôtre n’est pas terminé. Le temps du mystère de votre disparition, petites filles, n’est pas passé. Malgré tous nos efforts, tant de nuits blanches et de jours d’activité ininterrompue, malgré tant de péripéties, de déplacements, de bras de fer contre le temps et l’inertie des autorités, malgré tant de manœuvres pour mettre en branle les médias, malgré tant d’opiniâtres démarches aux côtés de notre avocat, malgré tant et tant de volontés à nos côtés pour permettre l’espoir, l’année 1995 s’est terminée sans nouvelle de vous deux.
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L’action en justice s’éteint avec lui et son bagage de lourds secrets. C’est injuste. Autant d’injustice me révolte de plus en plus. La souffrance sciemment infligée devrait se payer lourdement. Pourquoi les pires criminels semblent-ils toujours épargnés ?
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La vie peut reprendre, certes, se prolonger, se perpétuer et recommencer. Mais, au fond de soi, reste cette béance, cette question sans réponse hurlée à l’infini : Comment ont-ils pu ? Pourtant, on le voit bien, autour de soi, que la vie continue « comme si de rien n’était ». Alors, on se construit des digues autour de la violence tempétueuse du souvenir, on se protège de sa cruauté comme on peut, on tente de rebâtir ailleurs, plus loin, vers l’avenir, on évite de regarder la route parcourue, on cherche l’oubli. Parce qu’il faut bien poursuivre…
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La barbarie n’avait qu’un seul et même visage : « On la reconnaissait à sa capacité de destruction, à sa capacité de produire l’atroce. »
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Le tout-à-l'argent, cette idée fausse qui avait peu à peu gangrené toute une société jusqu'à laisser croire que tout était permis dans l'unique objectif du profit matériel, avait conduit à ce que d'aucuns estiment normal d'exploiter l'humain jusqu'à la mort. Enlever des enfants, les séquestrer, les violer et surtout profiter des penchants pervers de certains hommes en leur vendant de la "chair fraîche" à seule fin de "consommation" provenait-il d'une autre logique que celle de l'exploitation des plus faibles par les plus puissants? (p.187)
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Le temps des autres n’est plus le nôtre. L’attente a suspendu nos vies. De jour en jour, je deviens de plus en plus vindicative, intransigeante, entêtée. Je ne me reconnais plus. Par ce qu’il m’arrive en ce début d’été, je me découvre une autre. La police est subitement devenue, à mes yeux, l’élément le plus important de la société. J’en perçois soudainement les membres comme ces héros que l’on idéalise dans les films policiers. J’imagine des barrages routiers pour contrôler les passages aux frontières, des hélicoptères sillonnant le ciel du pays et au-delà, des hommes lourdement armés, en embuscade, prêts à intercepter le fou qui a osé. J’imagine des courses-poursuites infernales, des interventions musclées, des opérations commando… Tout ce que j’ai toujours assimilé à une injustifiable violence de l’État par le bras de sa police me semble aujourd’hui un système parfait, souverainement utile, indispensable, formidable.
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