Près de la moitié des Français inscrits sur les listes électorales se rendront aux urnes pour l'élection européenne du 9 juin 2024. Bien que ce taux de participation soit considéré comme presque satisfaisant par rapport à d'autres scrutins, l'abstention demeure le premier parti en France.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit :
Caëla Gillespie, professeure de philosophie
Christelle Craplet , directrice BVA opinion
Visuel de la vignette : Michel Gile / Getty
#politique #europe #election
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Il a fallu bien des métaphores et des images pour réinstruire le désir de ce qu'il est censé désirer. (p. 21)
Coupés de toute l'histoire des luttes sociales, amnésiques, nous avons appris à croire qu'il existe un droit de naître libre », une liberté spontanée qui n'a pas à être politiquement construite. Nous avons totalement oublié que la liberté se conquiert de haute lutte, qu'elle n'existe que si elle est établie par la loi et garantie par un type de Constitution particulière, et que les droits subjectifs eux-mêmes n'existent que parce qu'ils sont fabriqués par le droit objectif de la Cité. Aujourd'hui, les droits sont représentés comme des biens marchands, et l'on fait de la liberté un droit de l'homme sans ancrage citoyen, une propriété que l'homme posséderait dès la naissance, naturellement, et qui ne saurait lui être ôtée. L'idée que les droits de l'Homme sont ceux du Citoyen a fait l'objet d'un grand refoulement historique. Cette croyance en une liberté spontanée de l'individu qui ne doit rien au politique est le dogme le plus puissant du néo- libéralisme.
Comment s'explique l'inaction des hommes et des peuples: de quoi est faite notre inertie? Comment avons-nous pu nous mettre en retrait, adopter volontairement une artitude passive, face à la plus radicale des destructions jamais entreprises par le néolibéralisme, à savoir le démantèlement des corps poli riques, la lucratisation de tous les services publics, la privati sation de l'espace public? Er face à ce qui vient le dérégle ment climatique, l'extinction de masse du vivant comment pouvons-nous détourner le regard, pratiquer obstinément le déni de réalité et laisser faire, alors que la situation menace directement nos vies?
Devant l'ampleur des destructions en cours, notre atonie. notre immobilité sont stupéfiantes. Et c'est cela qui doit nous interroger. Avons-nous donc désappris toute l'histoire des luttes politiques? Avons-nous tout oublié, au point de rendre impensable, voire inimaginable. l'action politique?
Au cours de ces dernières décennies, nous avons vu le régime productiviste et consumériste s'imposer, et le mythe de la Nécessité économique progressivement configurer le réel. Parallèlement, l'éducation a cédé sa place à une entreprise globale de dés-éducation, de dislocation du langage et de la pensée, de stérilisation de l'imagination elle-même. Aujourd'hui nous arrivons au terme de ce processus : les décisions politiques nous paraissent vaines et l'ordre économique