Le maître Brian De Palma ! - C à Vous - 01/06/2018
Chez lui comme chez beaucoup d'hommes, une honte diffuse succédait au coït, la culpabilité devait planter ses griffes sur eux. Une fois les frasques passées, une fois l'envie éteinte, ils se souvenaient brusquement de leur épouse et de leurs enfants; on aurait cru qu'ils désiraient inconsciemment être surpris la main dans le sac... et recevoir une punition.
Ce devait être l'un de ses problèmes que de chercher le rationnel dans un monde où le hasard régnait en maître. Apprends à être irrationnelle, cela vaudra mieux pour toi. Baisse la garde, abandonne-toi à la folie de cette peinture. Succombe, comme dans le rêve. Exactement comme dans le rêve.
Il y a des événements qu'on ne peut tout simplement pas rejeter dans l'oubli parce qu'ils sont trop atroces. Aussi longtemps que tu vivras, ma belle, tu te souviendras de cette mare de sang, de ces deux visages - la victime et la meurtrière. Pas moyen d'y échapper.
On meurt et c'est la fin. L'obscurité. Le néant absolu. Alors la vie ne rimait à rien?
Je suis marié. Toute morale, mise à part, pourquoi compromettrais-je mon mariage, et vous le vôtre, pour quelques minutes passées au lit? Ça n'en vaut pas le risque.
Question: Carla Gugino semble être la seule référence à Hitchcock dans Snake Eyes. Avec sa perruque blonde et son ensemble blanc elle nous rappelle Kim Novak dans Vertigo. Mais curieusement, on pense davantage à Angie Dickinson dans Pulsions.
Réponse (DePalma): C'est possible. Je ne m'en rends pas compte. A la limite, vous êtes mieux placés pour dire si c’est un truc piqué à Hitchcock ou pas. Vous avez tellement regardé mes films que vous les connaissez mieux que moi. Je me suis dit qu'il fallait qu'elle soit en blanc car on devait pouvoir la repérer facilement dans la foule. Toujours en suivant la même idée, il valait mieux qu'elle soit blonde, parce que de loin, on remarque mieux les blondes que les brunes. Je voulais aussi qu'elle soit déguisée. J'ai donc décidé qu'elle porterait une perruque. Elle en a essayé une qui la faisait ressembler à Marylin Monroe. J'aime vraiment le genre que lui donne cette perruque, et pourtant on en a essayé un paquet avant de trouver la bonne. Maintenant vous me dites que c'est un truc hitchcokien... peut-être que ça rappelle Pas de printemps pour Marnie ou je ne sais quoi, mais ça n'était pas volontaire de ma part. Ça n'est pas comme ça que ça marche. Vous connaissez cette réflexion célèbre que l'on avait fait à Ingmar Bergman à propos du dernier plan du Septième Sceau ? Dans le passage où la Mort entraîne avec elle les sept personnages en haut de la colline, on lui avait demandé pourquoi l'un des personnages importants du film n'était pas du dernier plan. Bergman avait répondu: "Parce que l'acteur était malade ce jour-là". Les critiques s'étaient creusé la tête pour justifier pourquoi le personnage avait survécu alors qu'en vérité l'acteur était malade ! C'est exactement comme ça que ça marche quand on fait un film. Il y a ce que vous pouvez contrôler et ce qui arrive par accident. Il faut savoir être pragmatique.
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La solitude. Le désarroi. On commence à se voir à travers les yeux des autres. On regarde, et on aperçoit une veuve qui ne peut se lamenter sur l'épaule de quelqu'un, on voit un lit vide.
Il n'y a aucune commune mesure entre le jeu de dames et ceci. Ce que j'essaie de faire, en gros, c'est de reprogrammer un ordinateur qui joue aux échecs en augmentant son répertoire. Donc, j'accrois les capacités de cet élément miniaturisé en lui ajoutant toute une série d'ouvertures.
L'honnêteté demande un peu de courage.
Lee Rogers est inquiet. Très inquiet. Vous le seriez vous aussi si la jeune stagiaire avec qui vous couchiez avait disparu et si sa mère hystérique était assise en face de vous dans votre salon.