La peur, c’est lorsqu’elle se croit suivie dans les rues sombres de la ville à 2 heures du matin. La peur, c’est lorsqu’elle attend que quelque chose se produise et que son imagination s’emballe. La peur a besoin de temps pour que son venin prenne possession de l’organisme.
Le monde attend son nouveau Messie. Je sais, les Allemands disaient déjà la même chose soula République de Weimar, et tout ce qu'ils ont gagné, c'est Hitler. Mais la comparaison est trop triviale, trop profane. C'est un Messie comme celui que les Juifs espéraient voici deux mille ans que notre monde attend aujourd'hui. Un sauveur. Quelqu'un pour endosser toutes les souffrances et tous les malheurs de l'humanité, passer l'éponge et lui permettre de prendre un nouveau départ. Regardez autour de vous. Regardezle monde qui vous entoure. Osez dire qu'il n'est pas complètement pourri. Impossible. Normal : ce monde est pourri jusqu'à l'os.
Mais pourquoi tuer quelqu'un en l'écorchant s'il n'emporte pas la peau avec lui ? Ce genre d'acte suppose que le tueur garde la peau de sa victime en souvenir. Langue d'Argent, lui, la laisse sur le lieu du crime, dans la main de sa victime. La seul chose qu'il a prise, comme d'habitude, c'est la langue. Pourquoi ?
Il préférerait ne pas être là. Il serait si simple d’aller droit aux conclusions, de s’en tirer en disant que les deux crimes se sont déroulés de la même façon. Mais c’est impossible, tant qu’il n’en a pas le cœur net. Et il n’y a qu’une seule façon d’en avoir le cœur net : plonger les mains dans la merde.
Le pouvoir de la raison, le jugement, la capacité à distinguer le Bien du Mal, distinguent également l'homme de la bête. Lorsqu'il étaient encore doué de cette faculté, Red en usait sans restriction. Jusqu'à ce qu'il se retrouve confronté à sa propre vérité, et que cette vérité le terrasse.
Si la presse couvre le sujet en détail – comme c’est presque toujours le cas avec les meurtres spectaculaires –, il tient à savoir qui dit quoi, où et de quelle façon. Utilisés intelligemment, les médias peuvent être de précieux auxiliaires pour capturer un criminel. Laissés sans surveillance, ils peuvent aussi l’aider à passer entre les mailles du filet. Les citoyens ont certes le droit de tout savoir, mais parmi eux se trouve le seul type qui connaît le fin mot de l’histoire – le tueur. Une information trop précise suffit pour que, se sentant piégé, il s’évanouisse dans la nature.
Il existe en gros deux catégories de traumatisme : première catégorie, exposition ponctuelle à un événement isolé ; deuxième catégorie, exposition répétée ou prolongée à des événements traumatisants. Parmi les événements isolés, on trouve les tremblements de terre, les enlèvements, les viols, les catastrophes industrielles, les incendies, etc. Les événements de la seconde catégorie, ce sont les abus sexuels chroniques, les effets secondaires d’une contamination ou d’une explosion nucléaire, ainsi que, bien sûr, l’expérience de la guerre.
Lorsqu’un avion de ligne s’abîme en mer, tout le monde meurt, et presque instantanément. Mais, sur l’Amphitrite, le Destin est à l’œuvre. Il donne à ses victimes juste assez de temps pour espérer, mais pas suffisamment pour croire. Il en fait ses jouets, il les oblige à regarder en elles-mêmes pour voir si elles auront les nerfs et l’audace de défier la mort.
Et quand vous constatez que les probabilités sont contre vous, c’est pour vous apercevoir aussitôt que la folie et le caprice des hommes accentuent encore le déséquilibre.
Le corps n’est jamais aussi démuni que lorsqu’il tombe. Dans son implacable linéarité, dans sa conclusion brutale, la chute est l’image même de la mort.
Son corps n’est pas si mal pour trente-cinq ans, elle l’admet volontiers. Ses seins luttent toujours avec enthousiasme contre la gravité, et aucune surcharge n’est à déplorer autour ou en dessous de ses fesses. La seule chose qu’elle changerait en elle, ce sont ses pieds, trop grands d’une taille et demie à son goût.