Rap, la revanche des vaincus.
Le même Akhenaton insiste sur le fait que, par cette pochette, l’idée était de « montrer ces quartiers sous un angle créatif quand la télévision en parlait exclusivement dans les émissions racoleuses sur l’insécurité ». Les disques d’IAM portent l’étendard de la critique à l’urbanisme contemporain. Ils dénoncent les aspects négatifs qui se dégagent de la grande ville occidentale moderne en établissant notamment des parallèles avec les divinités égyptiennes et le multiculturalisme propre de l’Egypte ancienne. De nombreuses références faisant appel à la métaphore du « côté obscur » de l’épopée cinématographique Star Wars permettent aussi de discréditer la civilisation actuelle, dont la misère des grands ensembles serait l’une des forces antagoniques. Des voix off renvoient à la période pharaonique, mais le rapprochement avec le monde contemporain reste évident : « l’esprit qui a construit ces monuments est immortel » (« Pharaon reviens », 1993).
[…] Pour le littéraire, c’est la langue française qui se voit renouvelée, pour le linguiste, au contraire, elle se manifeste dans une version réduite et grossièrement déformée. […]
[…] Mais couchée sur les pages d’un livre, la violence des propos pourtant tout aussi intense, devient symbolique et par là, honorable. D’une certaine façon, ce que l’on ne permet pas aux rappeurs est autorisé aux écrivains, le livre jouissant en France d’une place plus respectable qu’un morceau chanté.