AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


A l’époque, la grande majorité des esclaves musulmans étaient soit turcs, soit noirs, et la doctrine aristotélicienne de l’esclavage naturel, mise au goût du jour, fournissait une justification commode de leur asservissement.

Une autre tentative de justification, celle-ci religieuse plutôt que philosophique, concerne une race entière et se limite aux peuples d’Afrique à la peau sombre : c’est l’adaptation musulmane de l’histoire biblique de la malédiction de Cham. Dans la version biblique (Genèse, IX, 1-27), la malédiction concerne la servitude, pas la négritude, et tombe sur Canaan, le plus jeune des films de Cham, pas sur ses autres fils, dont Kush, considéré plus tard comme l’ancêtre des Noirs. La raison d’être de cette histoire est évidente : les esclaves des Israélites, les Cananéens, étaient d’une parentèle proche ; il fallait donc une justification religieuse (c’est-à-dire idéologique) à leur asservissement, d’où la théorie de la malédiction de Canaan. Les esclaves des musulmans n’étaient pas des Cananéens, mais des Noirs ; on transféra donc sur eux la malédiction et on ajouta la négritude à la servitude dans leur fardeau héréditaire. L’histoire, quoique fort répandue, ne fut pas pour autant universellement acceptée. Ibn Khaldûn et quelques autres auteurs arabes la rejettent comme absurde et attribuent la couleur de la peau à des facteurs climatiques et géographiques. Mais l’association de l’esclavage à la noirceur de peau qui ressort de l’histoire ci-dessus provient moins de la tradition que de la réalité.

De telles idées n’ont aucune place dans les écrits des juristes musulmans, qui rejettent unanimement l’asservissement de musulmans libres quelles que soient leur race ou origine. L’identification totale de la noirceur de peau et de l’esclavage, qui eut lieu en Amérique du Nord et du Sud, ne s’est jamais faite dans le monde islamique. Il y eut toujours des esclaves blancs comme des esclaves noirs, des Noirs livres et des Noirs esclaves. Néanmoins, l’identification de la noirceur de peau avec certaines formes d’esclavage est allée très loin – et, dans les siècles suivants, les esclaves blancs se firent de plus en plus rares. (pp. 86-87)
Commenter  J’apprécie          00









{* *}