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Critiques de Barbara Pym (215)
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Un brin de verdure

Choisi par hasard pour le challenge Solidaire 2023, Un brin de verdure est le dernier roman de Barbara Pym, publié après son décès en 1980.

Que dire de ce roman qui se passe au début des années 1970. Emma, une jeune anthropologue, vit dans un petit village près d'Oxford où elle étudie les coutumes et les événements locaux, avec l'idée d'écrire un essai ou des articles pour des revues spécialisées en anthropologie.

Un soir, à la télévision, elle revoit un camarade d'université et ancien amant, devenu consultant dans les médias.

Après avoir fini une bouteille de vin, Emma décide de lui écrire. Il lui répond qu'il viendra dans quelques jours lui rendre visite dans le village. Un retour de flamme alors qu'il est marié ou simple visite de courtoisie ?

Pour Emma, la trentaine, il est temps de choisir de vivre sa vie et pas seulement d'observer à la loupe celle des autres.
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Une question purement académique

Etre la femme d’un universitaire présente bien des avantages, comme la perspective de pouvoir assister régulièrement à tout un tas de cocktails et de diners mondains en compagnie de personnes brillantes.

Mais cela va finalement vite lasser l’héroïne de ce roman qui s’ennuie dans les soirées auxquelles elle se rend régulièrement avec son époux.

Car en guise de convives, elle se retrouve toujours avec les mêmes professeurs, archéologues ou sociologues qui racontent les mêmes histoires, les mêmes anecdotes de travail sans jamais vraiment s’intéresser aux autres.

Sa vie s’écoule donc entre tasses de thé l’après-midi, verres de sherry le soir, essayage d’une nouvelle robe ou visite d’une amie pour échanger des potins sans grand intérêt.

Il faut dire que notre gentille héroïne ne semble pas particulièrement intelligente ni passionnée par quoi que ce soit. Sa vie est donc assez morne et futile.

Ce roman n’en est pourtant pas triste ni même ennuyeux, on y savoure des réparties assez drôles, on se régale de voir l’héroïne se débattre avec des questions existentielles comme « dois-je porter une robe gris souris ou plutôt bleue marine pour représenter mon époux lors de l’inhumation d’une vague secrétaire qu’il a à peine connue il y a quinze ans ? ».

Certains personnages atypiques tel un professeur originaire des Caraïbes probablement homosexuel ou une vieille hippie donnent du piquant aux journées bien fades de notre héroïne.

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Une corne d'abondance

Dans ce roman du milieu du 20eme siècle, à travers la voix de Wilmet Forsyth, femme bourgeoise désœuvrée vivant entre un mari fonctionnaire et sa belle-mère,Barbara Pym dresse le portrait d'une épouse en manque de reconnaissance, d'amour qui s'attache à s'inventer idylle pour elle mais également pour les gens qui l'entoure et tout cela a travers sa communauté religieuse avec ses règles et ses principes. C'est vivant, à la fois humoristique et critique sur le mariage, l'amour, la femme et la religion. Une "desesperate housewife" avant l'heure avec des portraits et une ambiance dans la pure tradition de la littérature anglaise.
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Jane et Prudence

Mais pourquoi les femmes des romans de Barbara Pym cherchent-elles toutes à se marier absolument ?

Juste pour respecter les conventions sociales ?

Ce sont pourtant des femmes indépendantes, ayant un endroit généralement confortable où vivre, un emploi, des amis et des loisirs, alors pourquoi s’escriment-elles toutes à trouver un mari potentiel alors qu’elles n’en ont pas besoin et qu’elles ne sont même pas amoureuses la plupart du temps ?

Prudence est une jeune femme de 29 ans, elle vit dans un joli appartement, elle a un travail qui lui plait, elle a même le béguin pour son patron, elle sort régulièrement le soir et se fait inviter le week-end par ses amis.

Sa vie est agréable mais elle s’imagine que cela pourrait être différent si elle était mariée…différent c’est certain, mais mieux, là est la question car les hommes qu’elle rencontre ne semblent pas du tout à la hauteur de ses espérances.

Doit-on choisir un époux pour qu’il plaise à notre entourage alors qu’il ne partage pas nos goûts ou notre façon de concevoir la vie ?

Prudence, l’héroïne de ce roman aime jouer au jeu de la séduction avec les hommes, mais à force d’être une vraie casse-pieds, de rêver à des hommes qui n’existent pas ou de mépriser les gentils garçons qui se présentent, elle se retrouve le bec dans l’eau et c’est bien fait pour elle !

J’adore l’ironie dont fait preuve cet auteur, elle se moque de ses personnages avec tendresse pour notre plus grand plaisir.
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Les ingratitudes de l'amour

Faire de la recherche auprès d'un homme séduisant, même si le sujet est un obscur poète du XVIIIème siècle, voilà l'un des souhaits les plus chers de nombreuses demoiselles qui vieillissent doucement entre le monde universitaire et la paroisse du quartier. Mais le mariage est-il réellement une solution ? Si beaucoup vous diront que non, elles y aspirent malgré tout secrètement…



C'est le cas de Dulcie, qui a dépassé la trentaine et vient de rompre ses fiançailles. Pour se distraire elle se rend à un colloque et y rencontre Viola, amoureuse du séduisant professeur Aylwin Forbes, mal marié, pour lequel elle rédige des index. Viola vient s'installer chez Dulcie qui lui loue une chambre dans sa trop vaste maison de banlieue. L'intérêt de Dulcie va s'éveiller pour la famille Forbes dont elle suit la trace, mère, belle-mère, femme, frère mais verra d'un oeil plus sévère s'installer un flirt entre le quadragénaire et sa jeune nièce Laurel qu'elle héberge également.



Viola va vite renoncer à Alwin et se tourner vers Bill Sedge, le frère de la gouvernante de la tante de Dulcie, Hermione. Cette dernière s'apprête d'ailleurs à épouser, malgré un âge vénérable, un révérend dont la soeur vient de mourir ; le frère d'Hermione, avec lequel elle partageait sa vie, ayant décidé de se retirer dans les ordres. Viola va se marier, Laurel habite à Londres, la maison de Dulcie est désormais bien vide à son tour. Et puisqu'Alwin décide de divorcer et que Laurel n'est pas une épouse qui puisse lui convenir…



Barabara Pym s'amuse une fois encore dans ce chassé-croisé de couples mal assortis, de vieilles filles, d'hommes d'église et de professeurs plus ou moins libertins…Si l‘amour n'est pas toujours au rendez-vous, la solitude semble difficilement supportable…

Et entre un colloque à périr d'ennui, une vente de charité poussiéreuse, deux ou trois tasses de thé et un petit verre de brandy, on se régale de cet humour anglais sans égal !

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Adam et Cassandra

Quelques questionnements planent sur l'intensité de l'amour dans le ménage d'Adam et de Cassandra qui dure depuis cinq ans. L'homme, écrivain est parfois susceptible surtout quand l'inspiration fourmille en lui et qu'il ne trouve pas de pister pour pouvoir l'accoucher. Mais arrive un voisin Mr Tilos. IL est fascinée par la finesse de la personnalité de Cassandra et toute la petite ville d'Up Callow le constate. le ménage le plus exemplaire de la ville semble ménager... hé non! bien au contraire! cela a permis au couple de découvrir à nouveau et même de s'aimer encore un peu plus...

Barbara Pym nous guide directement dans les actions des personnages dans cet ouvrage. La plume ne s'évade pas autant. Et on reste accrocher du début jusqu'à la fin

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Moins que les anges

Tom Mallow, jeune anthropologue, partage l’appartement et également la vie de Catherine, romancière et journaliste pour des magazines féminins. Un petit nid douillet qui lui permet d’écrire sa thèse loin des préoccupations matérielles. Mais de retour à Londres après deux années de mission en Afrique, une certaine distance s’est installée entre eux. D’autant qu’une jeune étudiante Dreidre vivant dans un pavillon de banlieue avec sa mère et sa tante a succombé à son charme. Les deux amis de Tom, Mark et Digby, espèrent eux obtenir une bourse. Le professeur Mainwaring a réussi d’obtenir de la veuve et douce Minnie Foresight de léguer une part de son héritage à l’anthropologie. Mais c’était sans compter les manigances du père Gemini…



Les tribulations de ce chassé-croisé savoureux de personnages, dames patronnesses, ecclésiastiques, anthropologues, nous sont narrées avec beaucoup d’humour et une pointe de féminisme par l’auteur qui observe elle-même cette micro société anglaise avec le regard détaché de l’ethnologue découvrant les mœurs d’une tribu africaine. Barbara Pym nous offre une délicieuse comédie de la vie quotidienne : les dessous de la vie paroissiale, les intrigues du monde universitaire, l’art et la manière de marier les jeunes gens, les subtiles façons d’épier son voisin, l’interchangeabilité de ces êtres mus par l’appât du gain et les conventions sociales derrière leur flegme bien britannique, marquent les chapitres d’une histoire que l’on quitte à regret, s’étonnant presque d’arriver à la fin.

Vous en reprendriez bien un petit chapitre ? Avec plaisir !

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Une demoiselle comme il faut

Premier roman de cette auteure dont j'ai lu plusieurs avis assez élogieux et lorsqu'on aime la littérature anglaise comme moi on note le nom et à l'occasion on découvre ..... et c'est une belle découverte.



On se pose davantage de questions et des questions plus audacieuses, sur un homme célibataire que sur une femme dans la même situation (...) le fait qu'il est disponible est en soi plus intéressant que ça ne l'est chez une femme. (p308)



Voilà à travers cette citation l'objet de ce roman.



L'histoire, comme souvent dans ce type de littérature, tourne autour d'une femme, ici Ianthe et d'un homme, Rubert, elle bibliothécaire, lui anthropologue, qui vivent dans deux maisons face à face. Ecrit en 1963 mais publié après le décès de Barbara Pym, il y est question de la position de la femme dans la Société surtout quand cette dite femme n'est pas mariée mais aussi pour l'homme dans la même situation.



Comme toujours on retrouve des personnages aux traits marqués : il y a le couple dont le mari est pasteur, Mark et Sophia, sans enfant mais possédant une chatte Faustina,  qui tient une place prépondérante auprès de Sophia. Il y a également Pénélope qui attend, espère, rêve de rencontrer l'homme qui s'intéressera à elle car l'horloge tourne, 25 ans et pas mariée..... quelle horreur ! et à chaque homme croisé elle imagine, elle fantasme, elle rêve que cet homme va partager sa vie !



Ianthe elle est la femme vivant seule mais heureuse, ayant perdu ses parents (son père était chamoine) , dans une jolie maison décorée avec soin et goût, travaillant dans une bibliothèque avec Mervyn son supérieur et John qui vient d'être embauché pour la seconder. 



Voilà pour les acteurs principaux mais il y en a bien d'autres, cela fourmillent des figures traditionnelles anglaises : bourgeois, aristocrates, religieux car c'est en fin de compte une fresque de la société d'après guerre, qui évolue doucement mais qui garde ce côté "so british" que j'aime tant : thé, petits fours, intérieurs cosy, humour anglais, convenances, qu'en dira-t-on, religion et rumeurs..... 



On voyage également en Italie avec les caractéristiques de ces anglais qui voyagent beaucoup mais sans se départir de leurs rituels, habitudes (thé, confort) et regards critiques sur ce qui les entoure mais avec souvent, peut être sans le vouloir car c'est dans leurs gènes je pense, une pointe d'humour et de dérision.



Ecriture fine, légère, pleine de gaieté qui vous fait pénétrer dès les premières lignes dans ces petits intérieurs feutrés mais où les langues sont bien pendues, on ne s'ennuie pas et par un jeu de fausses pistes on prend plaisir à suivre la destinée de chacune et chacun.



Un livre dans lequel il ne se passe rien de spécial mais que l'on ne lâche pas car on passe un bon moment à voir tous les protagonistes se démener, se contredire, changeant d'avis comme on boit une tasse de thé,  on se déconnecte de notre quotidien, on prend du plaisir sans se prendre la tête..... , c'est une histoire de quartier euh je veux dire de paroisse où tout le monde semble se connaître, où on intrigue, où l'on s'observe.



C'est pertinent, lucide et gai, Barbara Pym mériterait d'être plus connue et lue....
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Comme une gazelle apprivoisée

Dans une commune retirée de la campagne anglaise, le grand plaisir des sœurs Harriet et Belinda Bede, outre les cancans, est l'accueil du nouveau vicaire de la paroisse.

Ces dames s'en donnent à cœur joie pour lui tricoter des chaussettes, lui cuisiner du poulet et lire avec lui des poèmes classiques, le soir au coin du feu.

Dans cette petite communauté, chacune a sa place et son rôle à tenir et si l'intrigue est vite résumée, c'est l'ironie mordante de l'autrice qui fait tout le charme de ce récit. Les demoiselles Bede "entre deux âges" comme elles aiment à se définir, se demandent si elles auront encore des "propositions" pour le seul plaisir pourrait-on penser, d'éconduire leurs prétendants. La vie de la paroisse est sinon bien monotone et il faut toute l'adresse de cette gent féminine sur le déclin pour nous en faire sourire.
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Une demoiselle comme il faut

La chronique d’une paroisse du Nord de Londres dans les années 60.

Pourquoi "paroisse" plutôt que quartier ?

Parce que le lien avec l’Église y détermine la position de chaque personnage :

"Fils d’archidiacre et fille de chanoine, que pouvait-il y avoir de mieux, quand on y réfléchissait ? Il était vrai que Pénélope était la fille d’un pasteur, mais c’était somme toute moins huppé, plus mesquin pour tout dire."

Cette position entraîne tout un tas de conventions très, très détaillées dans ce roman : ce qui se fait et ne se fait pas, les bons ou mauvais quartiers à habiter, les cadeaux appropriés pour telle ou telle visite…

C’est assez rasoir.

Dans une première partie, on présente les personnages (notamment les célibataires que l’entourage cherche à marier), dans la deuxième les relations qui se nouent entre eux ; dans la troisième une petite excursion à Rome qui n’apporte rien à l’intrigue… (sinon que les hommes y ont des conversations plus intéressantes que les femmes - ce roman ne passerait pas le test de Bechdel).

Et puis cette morale de l’histoire ! Vous êtes, mesdames, plus dignes d’attention si vous avez de jolis meubles et une tenue discrète, que si vous êtes rousse, boulotte et excentrique.

C’est pourtant écrit avec élégance et humour, mais l’intrigue est si mince que l’on n’a jamais l’impression d’entrer réellement dans l’histoire.

Traduit par Martine Béquié.

Challenge Solidaire 2023
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Des femmes remarquables

Barbara Pym, romancière britannique née en 1913, nous esquisse un portrait de l’Angleterre du début des années 1950 dans son roman « Des femmes remarquables ». La Seconde Guerre Mondiale est terminée mais ses stigmates toujours présents : églises fortement endommagées, pénuries alimentaires mais également beaucoup de femmes seules essayant de s’en sortir.



Barabara Pym, à travers la personne de Mildred Lathbury, femme célibataire d’une trentaine d’années et fille d’un pasteur décédé, nous évoque l’image de ces femmes remarquables, serviables et toujours prêtes à rendre service. L’image de ces femmes, au service de leurs époux, ou de leur communauté religieuse, toujours serviables change progressivement au fil du livre et la lassitude de l’héroïne met en valeur sa solitude. Elle est toujours là pour les autres mais au final qui l’est pour elle ? Tout le monde attend d’elle que le thé soit toujours prêt mais jamais personne ne lui propose de lui en préparer.



La cérémonie du thé se retrouve finalement instrumentalisée pour mettre en lumière une pointe de féminisme distillée à faible dose avec un humour très British. Le livre reste donc très conventionnel avec une amorce de dénonciation de la position des femmes. Malgré des personnages très attachants, le côté un peu trop conservateur du roman et certains passages un peu longs nous laissent un léger goût d’inachevé. Peut-être aurions-nous aimé un peu plus d’audace.

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Comme une gazelle apprivoisée

Belinda et Harriet Bede sont deux soeurs vivant dans un petit village d'Angleterre. Deux vieilles filles qui aiment leur confort et leur vie rythmée par les activités de la paroisse. Belinda est amoureuse depuis 30 ans de l'archidiacre, mariée à une autre. Harriet raffole des nouveaux vicaires qui vont et viennent (en tout bien tout honneur, évidemment).

Entre kermesse, visites, tea time ou dîner, Belinda observe d'un oeil parfois critique, parfois naïf, son microcosme quotidien. Et s'interroge sur l'amour : amour filial, spirituel, charnel, amour de jeunesse ou de convenance.... Tout y est décortiqué, sous la plume aigre-douce de Barbara Pym.



Le grand intérêt du roman réside dans la galerie de personnages créée par l'autrice : parfois amusants, parfois pathétiques, parfois agaçants, parfois émouvants. L'écriture est fine, ciselée, talentueuse.



Manque le petit piment, le petit twist pour en faire une lecture totalement délicieuse. On frise parfois l'ennui, comme si on assistait personnellement aux sermons sans fin du dimanche de l'archidiacre.
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Une corne d'abondance

Ce roman m'a décontenancée! Je me demande encore comment j'ai succombé à son charme surrané. Comment ai-je pu prendre plaisir à suivre le récit de Wilmet?



Jeune trentenaire vivant à Londres dans les années 50, elle est mariée à un haut fonctionnaire plus âgé qu'elle et vit chez sa charmante belle mère. Wilmet est une oisive. Elégante, curieuse et frivole elle passe sa vie entre dîners mondains, bonnes oeuvres à la paroisse et surtout à déguster en tout lieu et en tout temps, du thé! Elle ne s'ennuie pas, s'occupe d'un rien: shopping, visite à ses amis, réunions paroissiales. Pourtant, elle même dit "je suis inutile". Elle n'a pas vraiment d'empathie pour les autres, peu de vrai sentiments. Elle est à distance, superficielle. Elle semble peu ancrée dans le réel, survolant la vie sans s'y ancrer vraiment. Ellle participe à la vie de la paroisse mais ne s'y implique pas, manquant d'esprit d'initiative.

Elle est un peu pathétique aussi lorsque le moindre compliment d'un homme la plonge dans un trouble adolescent. Elle se laisse conter fleurette puis échafaude des hypothèses, espionne, espère...



Pourtant, grâce à la plume légère et délicate de Barbara Pym le récit de Wilmet m'a captée. Elle croque avec charme la vie de la paroisse et de ses pasteurs. Il y a de l'humour, de l'ironie. C'est comme un bonbon sucré mais un peu acide, une cuillère de lemon curd.



Et moi, pendant quelques heures j'ai aimé ce bavardage inconsistant. J'ai aimé suivre tous ces personnages sans grand intérêt mais attachants. Ils ne resteront pas longtemps près de moi c'est une certitude mais je me suis sincèrement intéressée à eux.
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Moins que les anges

A chaque fois, la relecture d'un roman de Barbara Pym est comme une nouvelle découverte. Ces chroniques de moeurs semblent ne pas raconter grand-chose et être dépourvues d'une véritable consistance. Bien des années plus tard, je suis toujours incapable de m'en souvenir car elles ne m'ont laissé que de vagues impressions. C'est pourtant avec un réel plaisir, mêlé de quelques réminiscences mélancoliques, que j'ai relu ce roman.



Sous l'oeil tendre et moqueur de Barbara Pym, des étudiants en anthropologie s'agitent pour obtenir une bourse qui leur permettra de partir en mission, très probablement en Afrique, et, à défaut d'étudier de lointaines tribus, appliquent leurs apprentissages à l'étude des moeurs sociales de leurs compatriotes. Tom, lui, avait eu la chance d'obtenir une bourse pour l'Afrique : il en revient auréolé d'une certaine gloire et retourne vivre chez Catherine, une femme un peu plus âgée que lui, chroniqueuse pour des magazines féminins, avec qui il vit une liaison tranquille, sans plus de saveur ni de piquant. Quand il rencontre la jeune Deirdre, flatté par l'admiration qu'elle lui porte, Tom se laisse convaincre qu'il éprouve quelques sentiments pour elle.



L'on prend le thé toutes les 10 pages, l'on discute du bien fondé de servir de la volaille à un membre du clergé, de porter du jais quand on n'est pas en deuil... C'est suranné, reposant, hors du temps. Pourtant, derrière les apparences policées de chacun des personnages, se cache parfois un désespoir ou une tristesse poignante. Mais les masques sont de mise pour maintenir une retenue très british qui est la marque d'une parfaite éducation.



Ecrit en 1955, le roman aborde aussi les relations hommes-femmes : les hommes hésitent entre galanterie et muflerie, sans savoir si proposer un taxi à une jeune fille pour rentrer chez elle ou la raccompagner à la station de métro serait lui témoigner une prévenance d'un autre âge, peu en accord avec l'émancipation naissante des femmes, ou au contraire une marque de courtoisie et de gentillesse que les jeunes filles continuent à apprécier. Mais toutes les femmes de ce roman, se montrent toujours très maternelles, conciliantes et consolatrices qu'il s'agisse de Deirdre ou de Catherine, bien que cette dernière soit une femme aux idées plutôt libres.



Un moment d'évasion bien agréable !



Challenge multi-défis 2022

Challenge plumes féminines 2022
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Une demoiselle comme il faut

Il parait que Barbara Pym fut la romancière anglaise la plus méconnue de sa génération.

Son talent : nous plonger dans une Angleterre désuète, qui semble immobilisée dans le temps, et nous raconter les petites histoires de paroisse.

Barbara Pym a aussi le don de nous dépeindre des situations engoncées dans la bienséance et de nous décrire des personnages truculents, empêtrés dans leurs contradictions, ce qui en fait des êtres profondément humains. Dans Une demoiselle comme il faut, Ianthe, vieille fille bibliothécaire, emménage dans le quartier. Elle est jolie, socialement parfaite (j’entends par là qu’elle ne fait jamais preuve de mauvais goût et qu’elle fait ce qu’on attend d’elle). Ianthe va cependant avoir le cœur chamboulé par un nouveau collègue de travail, qui semble attiré par elle, mais, so shocking, plus jeune qu’elle de 5 ans…

Penelope, sœur de la femme du pasteur, jeune fille émancipée (mais l’est-elle vraiment ?), cherche l’âme sœur. Tout célibataire ferait d’ailleurs l’affaire. Rupert,anthropologue, arrive également dans le quartier. Il est célibataire, ce qui fait de lui une proie potentielle. Autour de ces personnages gravitent d’autres portraits amusants ou féroces, et pathétiques bien souvent.

Il ne se passe finalement pas grand-chose, dans ce roman… Mais si on aime l’humour et l’ambiance british guindée, le thé et les scones, il ne faut pas hésiter : on passe un bon moment de lecture.
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Une question purement académique

Comme toujours avec Barbara Pym nous sommes plongés dans une petite communauté, ici celle d’une université de province, vue par les yeux de l’épouse d’un jeune universitaire. Là aussi la vie semble très monotone, remplie de conférences, de réceptions, avec quelques rivalités professionnelles, des tasses de thé et d’autres breuvages un peu plus forts.

Évidemment l’intérêt n’est pas dans l’intrigue assez mince, mais dans les portraits des personnages, dans cet esprit so british.

Juste le temps d’une soirée de lecture parmi les professeurs et leurs épouses ou mères, ni plus remarquables, ni plus passionnants que les autres, juste humains essayant de vivre au mieux là où ils sont, cela vous tente-t-il ?



Challenge ABC 2015-2016

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La douce colombe est morte

J'ai entendu et lu beaucoup d'avis divergents sur Barbara Pym. Certains l'adorent, d'autres la détestent. Apparemment, d'après mes listes de lectures d'adolescente que j'ai retrouvées il y a quelques mois, j'avais lu un roman d'elle vers l'âge de 14-15 ans ("Une demoiselle comme il faut") et j'avais détesté. C'est donc avec beaucoup de curiosité que j'ai sorti cette "Douce colombe" de ma PAL.

J'ai profité de la météo clémente (mais pas trop chaude) de ce vendredi 31 juillet. Je me suis installée au jardin avec un chapeau, un thé glacé, le chat des voisins sur les genoux et j'ai ouvert ce roman. Je ne l'ai plus lâché avant de l'avoir terminé !



Chose étonnante, j'ai trouvé une certaine sorte d'ironie dans la plume de Barbara Pym. Etant donné qu'elle fait partie de ces auteurs que l'on peut considérer comme "classiques", je ne m'y attendais pas du tout. Et, au début, on ne s'en rend pas compte. Mais au fil des pages, quand on avance dans le récit, on comprend que la dame fait preuve d'un certain humour (assez noir) lorsqu'elle compare la situation de départ qu'elle nous décrit, et celle qui s'installe aux environs de la page 100.





Léonora n'est pas une héroïne sympathique. Elle est froide et n'aime que les choses parfaites. Il faut être bien habillé, bien coiffée et, pour les dames, parfaitement maquillées. Il faut se conduire décemment en toute situation, s'intéresser à l'époque victorienne, faire preuve de "bon goût"... Léonora est en fait légèrement tyrannique, puisqu'elle a tendance à imposer son mode de vie aux autres. Elle est aussi intolérante, car elle ne supporte pas que l'on vive autrement qu'elle-même. Léonora recherche la perfection dans tous les domaines et elle paraît considérer avoir trouvé cette perfection : tout le monde devrait donc s'inspirer d'elle. Elle se montre donc parfaitement condescendante avec ses "amies" et méprise les jeunes gens dont nous faisons la connaissance au fil des pages (Phoebe, en particulier, avec le peu de soin qu'elle met à s'habiller, ne plaît pas du tout à Léonora).



Mais malgré ce côté antipathique de l'héroïne, on ne peut s'empêcher d'être fasciné par cette histoire. Car, ce que Pym nous décrit, c'est une sorte de déchéance. Le vernis de perfection qui recouvre toutes les facettes de l'existence de Léonora se fissure petit à petit et, finalement, cette femme nous est révélée comme faisant elle aussi partie du genre humain (ce qu'elle voulait apparemment éviter). C'est fascinant et assez plaisant aussi, étant donné que Léonora n'est pas de ces personnages que l'on apprécie. La voir tomber du piédestal sur lequel elle s'est elle-même placée et se retrouver quelque peu démunie et isolée est donc très agréable.



Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde avec ce roman. J'ai même hâte de découvrir le reste de l'oeuvre de Barbara Pym. Si, comme moi, vous faites parties des lecteurs qui hésitait à découvrir ses oeuvres, n'hésitez plus et lancez-vous !



Petite info : le titre vient d'un poème de Keats dont voici un extrait :



"J'avais une colombe et la douce colombe est morte,

Et j'ai pensé que c'était de chagrin

Oh d'où pouvait lui venir ce chagrin? Elle avait les

pieds attachés

D'un fil de soi tissé de ma propre main."



Ce poème va jouer un grand rôle dans la "déchéance" de Léonora...
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Un brin de verdure

Barbara Pym est sans aucun doute l'une des mes écrivaines anglaises préférées, pas assez connue à mon goût, chacun de ses romans est un petit bijou d'humour subtil et les analyses psychologiques de ses personnages toujours poussées et trés fines. Si vous aimez l'ambiance so british, tea time aux théières fleuries, jardins somptueux même sous la pluie, vieilles demoiselles aigries et jeunes filles un peu solitaires, ces romans sont pour vous. Il ne s'y passe pas grand-chose en terme d'action, certes, mais on s'attache aux personnages, on prend goût aux descriptions bucoliques de la campagne anglaise et on tend l'oreille aux commérages qui font tout le sel de ses romans. Je crois que j'aime lire ses livres pour l'atmosphère qui s'en dégage, plus que pour l'histoire, en fait.

Celui-ci, Un brin de verdure, regroupe toutes les caractéristiques des romans de Barbara Pym. Une jeune femme, plus si jeune que ça, s'installe dans la maison de campagne de sa mère, afin d'y mener à bien une étude sociologique sur les habitudes des habitants des villages. Toute la galerie de portraits y figure le pasteur solitaire qui vit avec sa soeur, qui d'ailleurs va bientôt le quitter pour s'installer avec une femme, les dames patronesses qui organisent des ventes de charité où on refile en guise de cadeaux tous les vieux machins dont on souhaite se débarrasser, le médecin un peu arriviste...
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Quatuor d'automne

Ils sont quatre, collègues de bureau. Deux hommes, deux femmes. Ce qu'ils font comme travail est assez indisctinct. On est dans du travail monotone, répétitif, de bureau, rien qui permette de s'épanouir ou de développer une image de soi positive. Un travail inutile, et on précisera au moment de la retraite que personne ne savait réellement ce que faisaient Marcia et Letty, les deux femmes du quatuor. Et de toute façon elles ne seront pas remplacées.



C'est un regard empreint d'une tendresse empathique et de misérabilisme que va jeter Barbara Pym sur ce quatuor, en se positionnant comme narratrice omnisciente. Le lecteur va s'immiscer, un brin voyeur, dans les esprits des protagonistes. C'est cela qui est captivant dans le roman. Le fait que les personnages vont s'enfoncer dans le quotidien, contraignant et répétitif. On va sentir le poids du regard des autres, de la société, du qu'en dira-t-on. Il y a les choses qu'on ne dit pas, qu'on ne fait pas... et même qu'on ne peut pas penser. Soooo British.



Le quotidien de ces quatre personnages est rapporté avec précision, acuité, à la limite du banal. On sent poindre l'humour British, qui affleure bien souvent, caustique, ironique, mais tendre aussi. Sans jugement de valeur autre que celui que va porter le lecteur. C'est une écriture fine, de la dentelle. C'est doux et calme, mais impitoyable.



C'est la vie... "un roman au goût de papier peint" nous indique la 4è de couverture. C'est bien vrai. Un papier peint qui s'écorne, à fleurs, orange et vert, à la mode des années 70. Le roman date de 1977, traduit en 1988, bien qu'il semble être quasiment d'un autre siècle.



je n'ai pas eu le coup de foudre au début du livre. Le rythme mis en place par Barbara Pym fait cependant (en ce qui me concerne) peu à peu son office. J'ai fini par ne plus savoir décrocher du quotidien du quatuor. On sent aussi petit à petit la tension monter vers quelque chose d'irrémédiable, d'inexorable. Les semaines semblent les mêmes, et pourtant peu à peu des petites choses vont bouger, se modifier.



Il y a plus de spleen que d'humour dans le roman, même si Barbara Pym manie le vitriol dilué. J'ai pensé à pas mal d'auteurs anglais en lisant Barbara Pym. Ils sont liés. Tom Sharpe est plus décalé, caustique. Mais on pense aussi à Coe, McEwan, et à toute cette littérature anglaise qui propose des comédies de moeurs, douces amères, tragi-comiques. Lecture très intéressante.



Le roman est fortement empreint de références à la vie de Barbara Pym, qui relevait comme Marcia dans le roman d'une mastectomie. Barbara Pym mourra 3 ans après l'écriture du roman des suites d'un cancer, comme si elle avait prédit sa mort. Célibataire, elle finira sa vie en partageant (comme Letty dans le roman) un cottage avec sa soeur cadette.



Détail... en anglais le titre est Quatuor in Autumn... plus ou moins gardé en français. Référence à l'automne de la vie. Tous les personnages ayant la soixantaine. C'est un peu facile comme référence. Mais c'est assez parlant.
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Lorsqu'un matin d'orage

Je poursuis avec bonheur la relecture de quelques nouvelles de Barbara Pym. Cette fois le ton est profondément mélancolique, et même un peu triste pour les deux nouvelles romantiques qui ouvrent et referment ce recueil, surtout quand on sait que la première serait presque autobiographique.



Sur le thème de l'amour non partagé, "Gervase et Flora" nous livre le beau portrait d'une jeune fille amoureuse d'un homme qui s'intéresse à une autre : écrite à 23 ans, sans doute peu après la déception amoureuse vécue par Barbara Pym durant ses études universitaires, la nouvelle vibre des sentiments d'abnégation, de courage et même d'esprit de sacrifice dont fait preuve la jeune fille en encourageant loyalement sa rivale à conquérir celui qu'elles aiment toutes les deux.



Mais dans la nouvelle qui clôt le livre "Dans un salon d'Oxford", la romancière évoque avec un peu de spleen une femme d'une soixantaine d'années. qui revoit lors d'une réception à Oxford un homme qu'elle avait aimé 30 ans plus tôt. Son héroïne sait faire preuve de détachement et d'humour en constatant qu'ils n'ont plus rien à se dire.

L'humour est toujours présent sous la plume de Barbara Pym, même s'il est cette fois un peu contenu dans l'ambiance nostalgique qui baigne ces nouvelles.



Comme le dit la romancière dans la causerie radiophonique restituée au début de ce recueil, "le temps transforme aisément les souffrances les plus profondes en irrésistibles fous-rires." On ne peut qu'espérer pour elle qu'il en fut ainsi.



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