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Critiques de Ayelet Gundar-Goshen (145)
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Réveiller les lions

« Nous étions comme des fous toute la nuit rugirent en nous les lions ».



Le chantage est une arme redoutablement efficace pour semer le chaos dans la vie des autres. Lorsque le docteur Ethan Green, brillant neurochirurgien, mari heureux et père de famille rentre un soir, il percute un clandestin érythréen dans le désert. Green est médecin. Pourtant, il prend la fuite après avoir constaté qu'il n'y a plus rien à faire. Sa conscience le tourmente, et sa femme Liath, policière chargée de l'enquête, lui raconte chaque soir ses investigations.

Dans sa fuite, Ethan Green a égaré son portefeuille, qu'une clandestine, Sirkitt, épouse du défunt lui ramène à son domicile. Avec un marché non négociable. Son silence contre ses nuits.

Green se retrouve ainsi tous les soirs dans un hangar sordide à prodiguer des soins à des Soudanais et à des Erythréens en grande détresse, qui présentent de graves infections et des blessures sérieuses. Combien de temps Green pourra-t-il mentir à son entourage, à l'hôpital où il travaille et où il s'est mis à voler des médicaments? La mort d'Assoum a aussi d'autres conséquences qui vont plonger la zone dans de graves remous.



Le thème du maître chanteur manipulant sa victime qui voit avec désespoir la quiétude de son quotidien se lézarder au fil des jours est toujours efficace. Mais Réveiller les lions n'est pas Le bûcher des vanités de Tom Wolfe. Pas d'engrenage juridique, ni de prise de conscience des inégalités raciales. Le sort des clandestins africains en Israël, comme ailleurs, n'intéresse pas grand monde. Qu'ils manquent mourir dans le désert, se fassent tirer dessus par les militaires égyptiens, kidnapper et violer par les bédouins, pour arriver épuisés en Israël où ils végètent, c'est bon pour les journaux. Pour les autres, ils sont invisibles, interchangeables. Et pour Green, les nuits ne sont pas plus belles que nos jours. Il se retrouve à VOIR l'autre, à pratiquer une médecine d'urgence (ce qui lui plait), à sortir de sa bulle pour prendre la réelle mesure d'un phénomène que le pays n'avait pas prévu. Conçu pour les réfugiés, il n'avait pas pris en compte le fait qu'un jour Israël pourrait présenter un intérêt pour d'autres, Africains, Indonésiens…



Plus que l'intrigue policière et psychologique, c'est tout le côté sociologique mis en avant par Ayelet Gundar-Goshen qui m'aura intéressée. Déjà traité sous forme de polar par Liad Sholam dans Terminus Tel-Aviv (adapté récemment en série sous le titre Asylum City), le thème des clandestins africains majoritairement musulmans (environ 42 000 arrivés surtout après 2007 depuis le Sinaï égyptien et installés dans des quartiers pauvres de Tel-Aviv) est au coeur de l'actualité israélienne ces dernières années. En donnant un nom et un visage à l'un d'entre eux, Sirkitt, une femme énigmatique, victime des hommes, de son mari et elle même intraitable avec les autres, Ayelet Gundar-Goshen permet au lecteur de plonger dans un monde que Green comme sa femme connaissent mais qu'ils ne veulent pas voir. Et qui divise la société israélienne. « Je comprends que, pour vous, c'est un sacerdoce, Hippocrate et tout le bazar, mais je vous le dis, un Etat de droit ne peut pas fonctionner comme ça. On ne peut pas accueillir toute la misère du monde! Si on assure une couverture sociale et des soins médicaux gratuits, mais c'est la moitié de l'Afrique qui va débarquer chez nous! », déclare l'un des personnages.

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La menteuse et la ville

Nymphea a dix-sept, mais n'a pas la grâce des jeunes filles en fleur. Un peu enrobée, empotée, complexée, mise à l'écart, elle se morfond dans son cocon d'invisibilité et dans son job d'été de vendeuse de glaces. Elle qui comptait sur ce travail pour rencontrer des gens et peut-être l'aventure qui mettrait le feu à sa vie tristounette, elle va être servie puisqu'elle se trouve à l'origine d'une tempête plus violente que tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Un jour, Avishaï Milner, ex-chanteur populaire à succès, est pris d'une envie soudaine de glace. Nymphea, à l'arrière de la boutique, ne l'a pas entendu entrer et tarde un peu trop à servir ce client arrogant et impatient, qui s'énerve et insulte la jeune fille. Déstabilisée, celle-ci s'enfuit dans l'arrière-cour. Il la poursuit, l'insulte encore, et elle, elle se met à hurler. Les voisins, la police arrivent, et au vu du contexte, tous concluent à une tentative de viol, que Nymphea, tétanisée, ne dément pas. Au commissariat, elle persiste et signe, et les médias s'emballent, trop heureux de titrer sur cette jeune fille courageuse érigée en icône de la cause des violences faites aux femmes, agressée par une ancienne vedette désormais déchue. Une spirale de mensonges qui rend soudain Nymphea visible et populaire, elle la gamine insignifiante que personne n'avait jamais remarquée. Mais bientôt la culpabilité la ronge et la place devant un dilemme qu'elle a bien du mal à résoudre : laisser condamner un innocent, ou avouer son mensonge et être démolie par tout un pays à cause de sa mythomanie. On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans...

Comme dans "Réveiller les lions", précédent roman de l'auteure, le personnage principal s'embourbe dans son mensonge. le ton est ici plus léger, mais tout de même incisif. Dans cette histoire, Nymphea n'est d'ailleurs pas la seule à mentir, ou à composer avec la vérité, et tout le monde, aux prises avec ses propres contingences, cherche à sauver son petit honneur, au détriment de la justice et du courage. Et puisque quelques personnages savent que Nymphea a menti, l'histoire comporte un certain suspense, et l'auteure nous balade, avec un humour grinçant, d'un rebondissement à l'autre, pendant qu'on se demande si la catastrophe est évitable. le dénouement, assez plat, m'a d'ailleurs laissée sur ma faim, et je n'ai pas vraiment compris ce qu'apportait l'histoire de Raymonde, à part un mensonge supplémentaire et un fil narratif superflu. Quant aux petits cochons roses sur la plage, c'est resté carrément obscur. Quelques longueurs, donc, mais une intrigue et des personnages bien ficelés.
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La menteuse et la ville

Comme toutes les jeunes filles mal dans leur peau, un peu pataudes, invisibles, et souffrant de l’être, alors qu’elle voit autour d’elle les groupes se former autour de filles populaires, Nymphea se désespère, en vendant ses glaces dans une échoppe. Ce matin-là, Avishaï Milner aurait dû réfléchir avant de l’insulter en choisissant bien les mots qui font mal. Leur vie à tous deux va basculer avec peu d’espoir de revenir en arrière.



Elle ne sera pas la seule à s’inventer une vie : lors du décès de son amie Rivka, rescapée des camps, Raymonde s’empare de son identité…



Le mensonge…avec ses variantes, intention de nuire, désir de protection, ou utilitaire, ou hostile, ou comme ici mensonge-désir , qui cherche à nier une réalité frustrante ou inacceptable.

Seulement voilà, mentir est un art, et il faut beaucoup de prudence pour s’y lancer sans risquer d’en subir les conséquences. Nymphéa et Rivka l’apprendront à leur dépens.



La fable est moderne, portée par les travers de notre monde médiatique qui peut d’un feu de paille incendier une ville ou un pays.

Ces héros fautifs, coupables d’avoir inventé leur vie, on ne leur en veut pas. En choisissant une victime peu sympathique, l’auteur accentue le sentiment de solidarité que l’on éprouve pour la jeune fille.



Le ton est léger, facétieux, et le roman se lit avec plaisir, la curiosité aiguisée par le souhait d’en connaitre le dénouement.



#LaMenteuseEtLaVille #NetGalleyFrance










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Une famille américaine

Lilach Shouster, son mari Mikhaël et leur fils Adam, seize ans, vivent dans un beau quartier de Palo Alto, dans la banlieue de San Francisco. Lilach et Mikhaël sont nés et ont grandi en Israël mais ont émigré aux Etats-Unis peu avant la naissance de leur fils, laissant leur famille derrière eux. Mikhaël travaille dans une entreprise sensible de la Silicon Valley, dans la technologie de l’armement et est sur le point de décrocher un gros contrat ; Lilach a un travail presque bénévole d’animatrice dans un Ehpad. Un jour, un attentat a lieu dans la synagogue réformiste qu’ils fréquentent à Palo Alto : une jeune fille, Leah, est poignardée à mort par un jeune Noir, Paul Reed. Appartient-il à la Nation Of Islam, une organisation noire antisémite ? Est-ce le début d’une vague d’antisémitisme qui risquerait de frapper aussi la famille Shouster ?... ● C’est un roman passionnant qu’on ne peut lâcher. L’intrigue est menée de mains de maître et les rebondissements, tous vraisemblables, m’ont vraiment cueilli. ● Ecrit par une Israélienne en hébreu, le roman a un titre ironique puisque la famille Shouster n’est justement pas une famille américaine typique mais une famille israélienne transplantée aux Etats-Unis. Les parents sont encore proches d’Israël tandis que le fils est américanisé, ayant grandi aux Etats-Unis. ● Je ne connaissais pas Nation Of Islam et j’ai été surpris de constater l’antisémitisme de certains Afro-américains. J’ai lu sur Wikipédia la notice de Louis Farrakhan et de ses épigones, cela fait froid dans le dos. ● Avec Adam, l’adolescence est bien appréhendée, de même que le lien entre la mère et le fils ; Lilach doit sans cesse marcher sur des œufs pour éviter que son fils ne se referme comme une huître et coupe toute communication. Il est aussi question de harcèlement scolaire. ● C’est un thriller fouillé, qui possède des dimensions sociale et sociétale indéniables, au style limpide, que j’ai beaucoup aimé et que je conseille vivement. Merci à @liberliber de l’avoir signalé.
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Une nuit, Markovitch

Lorsqu’Israël ne s’appelait pas encore Israël...

Lorsque Jaacov Markovitch, le petit homme fade, ne croyait déjà plus à l’amour parce que personne ne croyait en lui...

Lorsque son ami Zeev Feinberg, le géant à la moustache triomphante, s’y adonnait, lui, de tout son cœur et explorait avec ferveur le côté féminin de ce pays en devenir, malgré qu’il aimait Sonia la volcanique plantureuse au parfum d’orange, et qu’il en était aimé passionnément...



Lorsque ces deux amis, donc, à cause d’une ultime frasque de ce dragueur de Zeev, furent obligés de quitter ce pays en devenir et s’engagèrent dans l’Organisation – chargée de sauver le plus de Juifs possible de l’Europe à feu et à sang - , l’histoire s’est emballée.



Et je peux vous dire qu’elle s’est emballée comme 4 chevaux en plein galop, bousculant tout sur son passage, ne s’arrêtant qu’à la toute dernière page.

Car des coups de sang, il y en a eu ! Des coups de foudre, aussi ; des coups de cœur, des coups de tonnerre et des coups tout court. Passion, jalousie, suicide, adultère, naissances, haine. Les corps et les cœurs se heurtent et se défont, s’empoignent et se déchirent, se fondent l’un dans l’autre dans l’ivresse la plus totale. Yeeh ! (Pourquoi ce cri, vous dites-vous, je ne sais pas, il est sorti tout seul, difficile de faire autrement en lisant cette histoire jubilatoire).



Un mot, justement, de l’histoire.

Le « Numéro Deux » de l’Organisation envoie nos deux compères avec quelques dizaines d’autres chercher des Juives d’Europe pour les prendre comme épouses. Les divorces, de toute façon, seront prononcés dès le retour au pays. Il s’agit ici d’un stratagème pour sauver des femmes juives, je l’ai dit plus haut.

Mais Jaacov Markovitch tombe éperdument amoureux de la femme que le sort lui a attribuée, et refuse de divorcer. L’histoire peut donc commencer, et s’emballer...car la magnifique Bella Zeigermann rue dans les brancards et se heurte aux parois rigides du mariage ; le tout assisté par des personnages du village hauts en couleurs.



Quelle langue savoureuse, imagée, plantureuse!

Quel humour! C’est de l’autodérision, tout le contraire de l’auto-apitoiement, que j’ai en horreur, mais où l’amertume perce, bien souvent, et la vérité simple et nue.

Oui, la vie est là, tumultueuse et toute simple : car la vie, c’est être amoureux, c’est aimer ses enfants, c’est chérir son pays, c’est détester son rival, c’est s’engager dans un combat personnel, c’est s’obstiner, malgré tout, à être heureux.

Et ça, j’aime !



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Réveiller les lions

♥ COUP DE COEUR ♥

*

Beaucoup de mouvement dans le désert du Neguev

*

Je crois que c'est bien le premier roman israelien que je lis (mais pas le dernier!). D'ailleurs à l'issue de ma lecture, j'ai aussitôt demandé à Netgalley le second roman de cette auteure "la menteuse et la ville".

*

On parle de thriller psychologique mais ce n'est pas que ça. Ne vous attendez pas à beaucoup d'action (du moins aux 2/3), mais c'est aussi un grand roman sociologique. J'ai vraiment été estomaquée par la façon dont l'auteur arrive à nous parler de thèmes assez controversés et douloureux, voire politiques.

*

Un neurochirurgien israelien, heureux en ménage mais plutôt frustré dans son travail, erre un soir dans le désert du Neguev. Avec son puissant bolide il écrase malencontreusement un Erythréen. Que fait-il? En peu de réflexion, il prend la fuite honteusement.

Or, une jeune femme sonne à son domicile peu de temps après. Elle a tout vu. Elle le force à accomplir des actions en lien avec son métier.

*

Voyez qu'en une minute, une vie peut basculer dans l'horreur. Ethan le chirurgien est animé par la culpabilité. Si grandissante qu'elle lui fait perdre son sang-froid.

L'auteur nous fait rentrer dans un monde inconnu: celui des migrants, de ces personnes esseulées, devenues parias. Egalement une tension extrème envers des peuples voisins, tels les Bedouins.

Tout ce petit monde est à cran. Et c'est peu de le dire.

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Le récit est narré par 3 personnes (sans vraiment de chapitres consacrés, la lecture est donc très active). Tout d'abord Ethan, le protagoniste rongé de remords, sa femme inspectrice, responsable de l'enquête policière et Sirkitt, la femme-chanteuse (en fait c'est la veuve de l'homme qu'Ethan a écrasé).

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Une incroyable descente aux enfers se déploie sous les yeux du lecteur. L'analyse des personnages est extrêmement bien fouillée avec leurs sentiments complexes et non manichéens. Une écriture dense avec parfois des souvenirs répétitifs des personnages rend cette lecture complète et très addictive. Je n'ai pas pû lâcher ce gros pavé.

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De plus la fin est complètement cohérente avec la réalité politique du pays. Je ne vous en dis pas plus. J'aimerais vous convaincre de le lire, de le savourer comme moi qui ai apprécié ce ton dramatique avec un soupçon d'humanité.

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Réveiller les lions

Le Dr Ethan Green, brillant neurochirurgien israélien, a tout pour être heureux : une femme aimante, deux petits garçons adorables, un travail gratifiant, une belle maison. Et un beau gros 4x4, tellement incongru sur le bitume de sa banlieue, que par une belle nuit de pleine lune, il décide d'aller le faire rugir dans les dunes du désert aux portes de la ville. Mauvaise idée. Il percute un homme, qui meurt sous ses yeux. Le Dr Green prend la fuite, sans se rendre compte que la femme de la victime a assisté à l'accident. Elle le retrouve, découvre qui il est, ce qu'il est et ce qu'il possède, et comprend très vite que le meilleur moyen de le faire chanter n'est pas de lui réclamer de l'argent. Green, qui comprend tout aussi rapidement qu'il risque de tout perdre s'il refuse, se voit entraîné dans le monde très précaire des migrants clandestins africains et de ses annexes que sont les trafics en tous genres, les violences envers les femmes et la traite d'êtres humains. Les rôles basculent : lui qui jusque là maîtrisait sa vie est désormais soumis au bon vouloir de Sirkitt, la veuve, jeune et belle Erythréenne, qui pour la première fois de son existence se trouve en position dominante et non plus dans celle de la femelle objet ou esclave. Embarqué malgré lui dans une vie parallèle dissimulée sous des mensonges de moins en moins crédibles, Ethan risque tout, travail, famille, liberté, d'autant que sa femme, policière, est chargée de l'enquête sur le mort retrouvé dans le désert. Sirkitt, quant à elle, gagne sur tous les terrains. Une relation trouble se noue entre eux, faite de haine, d'instrumentalisation, de culpabilité, de sens du devoir et de désirs inavoués. Jusqu'au moment où l'étau se resserre sur eux et où tout bascule à nouveau pour rentrer dans un certain ordre des choses.



« Etre né quelque part, pour celui qui est né, c'est toujours un hasard...

Est-ce que les gens naissent égaux en droits

A l'endroit où ils naissent... »



Injustice du lieu de naissance, certains dans un pays aisé, d'autres dans un pays en guerre ou en famine. Les premiers s'empressent de rester dans leur pays de cocagne, les autres n'ont de cesse de partir vers celui-ci, à quel prix, et sans être payés de retour. Sirkitt y a cru, y croit peut-être encore dans ce roman désabusé et dérangeant. La scène finale est criante de fatalité et de désespoir résigné pour les uns, de soulagement honteux pour les autres.

Si ce livre, centré sur le sort des migrants clandestins, est animé d'un certain suspense, il n'en est pas trépidant pour autant. Un autre thème occupe une place importante, celui de la confiance et la loyauté dans un couple, qui donne lieu à des monologues intérieurs un peu trop longs et répétitifs. Un couple peut-il survivre et se rebâtir sur un mensonge ? Les doutes, la mauvaise conscience en auront-ils raison un jour ? Peut-on être sûr qu'après avoir réveillé un lion, ou plutôt une lionne, celle-ci se rendormira en oubliant à jamais ce qui l'avait tirée de son sommeil ?
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Réveiller les lions

Il me semble que c'est le premier roman Israëlien que je lis. Et c'est une grande réussite ! C'est à la fois un grand roman d'amour, un polar et d'une certaine manière, une intrigue politico-sociale. Tout y est pour nous tenir en haleine sur 400 pages.

Un chirurgien, bien sous tous rapports, heureux en famille et en amour, heureux professionnellement, va voir sa vie basculer en quelques minutes. En écrivant ces lignes, ça me fait penser tout à coup à un film d'Hitchcock. Un lourd secret va peu à peu déliter tout ce qui faisait de cet homme , un parfait représentant de la haute bourgeoisie israëlienne. Sans le vouloir, il va se retrouver confronté à l'horreur qu'il n'imaginait pas. Car c'est aussi un formidable roman humaniste qui nous offre une autre vision d'Israël que celle habituellement véhiculée dans les média.

A lire absolument.
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La menteuse et la ville

Deux vies qui basculent du côté obscur

*

C'est le deuxieme roman que je lis de cette auteure israélienne (le premier étant un coup de coeur).

Encore une fois, le mensonge est au coeur du récit. Cette fois-ci, il impacte un groupe. Même si le mensonge est créé par deux personnes (la jeune fille et la dame âgée), il emporte plusieurs citoyens dans son sillage et surtout il cause des dommages pratiquement irréparables.



D'ailleurs, quelle est l'intention première de mentir? Se protéger , fuir une existence misérable, se mettre en valeur, provoquer?

Le mensonge est dangereux et entraine des conséquences bien dévastatrices. Nymphea et Raymonde en feront les frais et seront les victimes malgré elles. La jeunesse et la vieillesse, les antipodes de la vie. Des personnes fragiles qui essaient de survivre dans cette jungle hostile.

Aurions-nous fait pareil?

*

Ce roman m'a questionné sur la place de la vérité/mensonge dans un groupe. Peut-on revenir en arrière une fois qu'on a entamé un processus?



Un thème dérangeant très bien traité , tout en finesse avec un ton facétieux qui peut s'adresser au lectorat de jeune adulte également.



Une lecture attentive et parfois laborieuse (il y a bien quelques longueurs non nécessaires selon moi). Mais cela n’entache pas le plaisir de ce petit bonbon acide. (en référence à la couverture rose)
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Une nuit, Markovitch

Comment ne pas être époustouflé par l'énergie, le souffle et le bouillonnement de vie qui animent ce conte à la virtuosité qui décoiffe ? Un premier roman .....

En 1939 , Israël ne s'appelle pas encore Israël .......la Palestine est encore sous mandat britannique.

Les deux protagonistes habitent le même village.

D'un côté , Yaacov Markovitch ni beau ni laid ,en fait , d'une extraordinaire banalité, ne croyait pas en grand- chose.....

Il s'occupait de ses pigeons et avait parfois recours aux services d'une prostituée.

Son ami, Zeev Feinberg, à la moustache conquérante et flamboyante est un séducteur né qui croit en lui et passe de bras en bras. Notamment dans ceux de la pulpeuse Rachel Mandelbaum, l'épouse du Boucher extrêmement jaloux, en fait un sensible sous des dehors frustres et rustres.....

Deux personnalités complémentaires et opposées, ces amis!





Mankovitch et Feinberg prêtent main- forte à "L'Organisation" ..

Ils passent des armes au nez et à la barbe des Britanniques.

Le lieutenant - Colonel Froike , le numéro 2 de l'organisation les charge d'une mission bien particulière .



Ils doivent épouser quelques jeunes femmes juives afin de les sauver des griffes de l'ennemi : Les Nazis.....

Il s'agit de Mariages Blancs et les nouveaux mariés auront la possibilité de divorcer dés leur retour!

Seulement , Yaacov, le tendre et discret, tombe amoureux de la femme attribuée et refuse de divorcer.......Je n'en dirai pas plus.....

Quel humour, quelle autodérision dans cette fable drôle et touchante, tragi-comique, une épopée où la douceur,la violence et la poésie cohabitent harmonieusement .

Difficile de résumer cet ouvrage captivant et virevoltant où , grâce à un style simple et plaisant, à l'apparente légèreté des thèmes très forts sont pourtant évoqués : l'exil, le déracinement , les violences et les guerres ........

L'auteur met en parallèle la création de l'état juif et fait la part belle à ceux qui l'ont vécu, tant espéré , et redouté.



La mort,la filiation et l'amitié ponctuent cette flamboyante histoire d'amour parental, conjugal et charnel grâce à une langue riche, travaillée, imagée et surtout humoristique !



Coups de foudre, colére, adultère , passion, jalousie , haine , suicide, jalonnent cette fable poétique, burlesque parfois, facétieuse, en un mot :la Vie , Quoi !

Le temps qui passe, désillusions et espoirs, rancoeurs, joies, amertume .Avec des personnages hauts en couleurs !

Un souffle puissant et une vraie maîtrise !

Une découverte bien agréable !
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Une nuit, Markovitch

Contraints de fuir quelques temps la Palestine pour échapper au courroux d’un mari cocu(fié), Zeev Feinberg, le séducteur à la moustache majestueuse et Yaacov Markovitch, son acolyte effacé, sont envoyés par le chef de leur organisation clandestine en Allemagne avec pour mission d’épouser de jeunes juives et de les ramener dans leur pays afin de leur éviter le funeste sort que leur réservent les nazis.



L’opération devait être simple, sans risques et se solder par une vingtaine de divorces, mais c’était sans compter sur le coup de foudre de Yaacov pour Bella Zeigermann, « la plus belle femme qu’il ait vu de sa vie ». Comment cet homme au physique insipide, invisible aux yeux de tous et habitué à aller chercher l’amour dans les bordels pourrait-il laisser passer la chance d’être lié pour la vie à cette créature à la beauté quasi surnaturelle ? Aucunes supplications, aucunes menaces, aucunes larmes ne parviennent à lui faire entendre raison et c’est ainsi que Bella se retrouve prisonnière d’un homme envers lequel elle entretient désormais une haine viscérale. Et si le temps adoucit les peines, il ne vient pas toujours à bout des rancœurs les plus tenaces…



Comment parler du premier roman d’Ayelet Gundar-Goshen sans évoquer cette atmosphère bouillonnante de vie, cette énergie communicative ainsi que toutes les émotions fortes qu’il transmet au fur et à mesure que la lecture progresse. Joies, peines, passions, rancœurs et désillusions nous entraînent dans une ronde étourdissante, aux côtés de personnages attachants et hauts en couleurs, animés chacun par une espèce de folie douce et luttant sans cesse contre ses obsessions et ses failles.



L’auteur, grâce à des caractéristiques spécifiques, parvient à incarner merveilleusement ses protagonistes, rendant extraordinaire même le plus commun. Ainsi, Zeev Feinberg, à la moustache célèbre dans tout le pays, Sonia, sa sulfureuse maîtresse au parfum d’orange, en passant par le boucher, sensible sous des dehors de rustre et par Rachel et Bella, deux férues de mots et de poésie, rendues infidèles par désespoir, sans oublier Yaacov, le discret au cœur tendre, prêt à sacrifier sa vie pour un fantasme, sont autant de personnages charismatiques et touchants, animés par une foi et une énergie qui, en dépit des moments de faiblesse, les rendent uniques et inoubliables.



Malgré un contexte historique pour le moins perturbé, puisque l’intrigue se déroule en 1939, peu avant la création de l’Etat d’Israël, l’auteur fait de la Palestine un univers coloré, chaleureux et parfumé à l’orange et à la pêche, qui foisonne et tourbillonne au rythme des aventures (et mésaventures !) des différents protagonistes. La grande Histoire, si elle permet de planter le décor, n’est en rien le sujet du roman d’Ayelet Gundar-Goshen, bien au contraire. Elle privilégie largement les histoires individuelles de ses personnages, centrées sur l’amour (heureux mais bien plus souvent malheureux), plutôt que leurs faits d’armes, même s’il en est parfois question.



Cette apparente légèreté du roman se retrouve amplifiée par la poésie et la magie qui règnent dans son atmosphère ainsi que par le style d’écriture, simple mais plaisant, dans lequel l’humour est omniprésent, apportant une bonne dose de fraîcheur au texte, même lors des passages plus sombres et émouvants. Cela permet à l'auteur d'aborder plus aisément des thèmes extrêmement durs, tels que l’exil, les violences à l’encontre du peuple juif, le déracinement, la guerre et ses injustices, la folie liée aux traumatismes… Un roman aux multiples facettes donc, qui se révèle être un bon moment de lecture !



Un grand merci à Babelio et aux éditions Presses de la Cité pour cette découverte !
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Une famille américaine

" Je regarde ces doigts minuscules, des doigts de bébé qui vient de naître, et j'essaie de comprendre s'ils peuvent, en grandissant, devenir des doigts d'assassin. le jeune mort s'appelle Jamal Jones. Sur la photo du journal, ses yeux noirs ont la douceur du velours. Mon fils s'appelle Adam Shouster. Ses yeux ont la couleur de la mer de Tel-Aviv. Ils disent que c'est lui qui l'a tué. Mais ce n'est pas vrai."



Lilach, un prénom que les Américains ont du mal à prononcer à cause du son hébraïque, pour tout le monde c'est Lila. Son mari Michael, au lieu de Mikhaël. "Au lit, je l'appelle Mikhaël. Une seule fois, je l'ai appelé Michael, et j'ai eu l'impression de coucher avec quelqu'un d'autre." Leur fils Adam, un prénom neutre. Qui marche aussi bien en hébreu qu'en Anglais. "Un prénom apte à couler dans la gorge des Américains comme du bon vin de Californie, et qui ne leur restera pas coincé en travers."



Une famille aisée, belle maison, ils se sont presque fondus dans leur nouvelle vie. Ils ont quitté Israël pour s'installer en Californie, dans le beau quartier de Palo Alto, dans la banlieue de San Francisco. Lui, a un poste important dans une entreprise d'armement, de la Silicon Valley, elle, animatrice dans un Ehpad. Leur fils, est renfermé, ne parle pas beaucoup, ne se lie pas avec ses camarades, très intelligent, une mère qui le bombarde de questions, elle veut tout savoir, une vraie sangsue.



Ils résident dans une ville verte et tranquille, l'une des plus sûres d'Amérique où rien ne peut arriver. C'est ce qu'ils croient. le soir de Rosh Hashana, le nouvel an juif, un jeune Noir, Paul Reed, armé d'une machette est entré dans la synagogue et a semé la mort. Leah Weinstein, décède en voulant protéger sa grand-mère.



Les jours suivants, un sentiment d'insécurité ne fait que s'amplifier. La communauté juive de Palo Alto craint le début d'une vague d'antisémitisme. Profitant de cette peur, Ouri, un fascinant entraineur, crée un groupe de krav-maga, pour apprendre aux jeunes à se défendre. Après des hésitations, Adam rejoint l'équipe et en revient transformé.



Peu après, un jeune noir décède au cours d'une soirée entre copains, Adam qui y assistait malgré lui, dit ne pas connaitre la victime. Les tensions se multiplient. On parle de Nation Of Islam, jamais entendu parler, mais ça craint.



Adam a seize ans, mais Lilach se pose énormément de questions, elle qui l'a toujours couvé, connait-elle vraiment son fils ? elle a peur d'être trop directe, un fil ténu les relie et craint qu'il se casse. Elle devient parano, enquête de tous les côtés, elle craint de découvrir des horreurs sur son compte. Je trouve qu'elle en fait un peu trop…



Une famille américaine de Ayelet Gundar-Goshen, un thriller psychologique très intéressant sur la complexité des relations au sein d'une famille, d'une communauté, d'un pays qui n'est pas le pays natal. Différents sujets sont abordés, l'immigration, l'antisémitisme, le déracinement forcé, la société en générale, un peu d'espionnage, l'amour infini que Lilach, voue à son fils et à son mari. La fin m'a un peu surprise, mais en réfléchissant peut-être pas. A vous de le découvrir.





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Une nuit, Markovitch

En 1939, Yaakov Markovitch et Zeev Feinberg, deux amis, partent de leur Palestine pour épouser des jeunes juives afin de les sauver de l'Allemagne nazie. Si le premier ami est plutôt quelconque et réservé, le second est un coureur invétéré. A leur retour, il est prévu que mari et femme divorce mais Markovitch ne veut pas laisser Bella, sa femme…

Magnifique ! J'ai du mal à trouver mes mots pour exprimer ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre. C'était le contexte que m'avait attiré : la création d'un état d'Israël mais finalement, celui-ci est plutôt secondaire, il permet aux différents personnages d'être. Ayelet Gundar-Goshen a une plume admirable (et remarquablement traduite), elle fait plus que donner vie à ces hommes et femmes. Elle leur donne des caractéristiques étonnantes comme l'odeur d'orange de Sonia ou la fabuleuse moustache de Feinberg. J'ai pensé au réalisme magique de Gabriel Garcia Marquez avec en plus, un humour discret mais efficace.

L'amour dans Une nuit, Markovitch, n'est jamais facile, souvent contrariée, comme l'amitié. L'enfantement prend aussi des chemins tortueux. Une histoire qui part dans tous les sens et pourtant, je ne me suis pas sentie perdue, je me suis attachée à chacune des personnages. C'est un roman captivant sur les difficultés d'être un homme, d'aimer et d'être aimé.

Je remercie Babelio et les éditions Presses de la Cité pour cette belle découverte.

(J'ai remarqué que les hommes sont souvent nommés par leurs noms et les femmes par leurs prénoms, je me suis demandée pourquoi ?...)

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La menteuse et la ville

Nymphea , 17 ans , jeune fille un peu trop grosse , qui n’a pas confiance en elle comme la plupart des jeunes adolescentes , travaille chez un glacier tout l’été .

Elle espère vivre enfin une aventure , faire une rencontre amoureuse , elle qui a une vie qui lui paraît si vide .

L’aventure , elle va la vivre mais pas du tout comme elle l’avait imaginé .

Un jour , un chanteur populaire dont on ne parle presque plus , entre dans l’échoppe et l’agresse verbalement , la jeune fille en larmes fuit jusqu’à la réserve et le chanteur has been la poursuit en continuant à l’insulter .

Nymphéa hurle , les voisins débarquent et voilà qu’on pense qu’elle a été agressée sexuellement par le chanteur .

La vie de la jeune fille change du tout au tout , elle est au centre de toutes les attentions , elle est devenue une autre personne , elle prend confiance en soi , elle est sous le feu des projecteurs , elle passe à la télé ....

Pendant ce temps , le chanteur célèbre un peu oublié est en prison .

Très beau roman sur le mensonge , ici par omission et sur ses conséquences .

Comment revenir sur un mensonge , comment vivre si on découvre qu’on n’était qu’une mythomane ?

Il y a également dans ce roman , une deuxième partie qui évoque un autre mensonge .

Beaucoup de réflexions sur le mensonge dans nos vies .

Un thème qui m’attire beaucoup , j’ai lu il y a quelques temps un livre inoubliable sur le mensonge , L’imposteur de Javier Cercas .

Ici , le mensonge est traité de façon beaucoup plus légère , malgré tout c’est une lecture coup de cœur , l’auteur tire très bien son épingle du jeu .

Un grand merci aux Editions Presse de la cité ainsi qu’à NetGalley pour m’avoir permis de lire ce très beau roman .

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La menteuse et la ville

Un mensonge et c'est l'engrenage...

L'écriture de ce roman israélien est exquise comme les glaces que vend Nymphea. L'auteure use de métaphores et joue avec les mots pour notre plus grand plaisir. Vous l'aurez compris, l'auteure traite du mensonge. Qui n'a jamais menti? Mais une fois enlisé dans un mensonge, comment faire pour s'en sortir? Surtout que grâce à ce terrible mensonge, Nymphea passe de l'ombre à la lumière. Nouvelle amie, un amoureux, les projecteurs, soutien aux femmes violentées... Nymphea est enfin devenu quelqu'un. Le vilain petit canard est devenu un cygne. Alors, comment revenir en arrière quand on va trop loin? Les mensonges ont hélas des conséquences. Tout au long de la lecture, le lecteur est sur un fil ardent et on se demande à quel moment la vérité va éclater. Mais, Nymphea n'est pas la seule à mentir. La deuxième partie nous relate l'histoire d'un autre personnage, partie que j'ai moins aimé d'ailleurs. C'est une belle découverte! (...)



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Une nuit, Markovitch

Zeev Feinberg et Yaacov Markovitch sont deux amis aux personnalités opposées et complémentaires. Zeev est un séducteur à l'épaisse moustache orgasmique, tandis que Yaacov passe inaperçu. Tous deux sont Juifs, ils cultivent leurs parcelles dans un petit village de Palestine et sont engagés dans la défense de leur communauté sur cette terre.

Suite à à une opération destinée à sauver quelques Européennes juives des griffes de l'aigle nazi, chacun se retrouve marié, mais seulement pour quelques jours - en principe. Une aubaine pour Yaacov, qui n'a eu jusqu'alors que des relations sexuelles tarifées. D'autant qu'il a hérité de la plus belle des jeunes femmes...



J'ai hésité avant d'accepter cette proposition 'Masse Critique', craignant d'être perdue dans le contexte géopolitique.

En fait, bien que cette histoire se situe entre la Palestine et l'Europe pendant et après la Seconde Guerre mondiale, l'occupation ennemie et la guerre sont présentées de manière universelle, transposable à n'importe quel lieu, n'importe quelle époque.

Après une centaine de pages laborieuses, je me suis familiarisée avec l'humour de l'auteur, j'ai fini par adopter les personnages hauts en couleur qui gravitent autour de Markovitch. Et je me suis régalée, de plus en plus, à lire cette épopée, cette fable tragicomique où violence, douceur, poésie et burlesque cohabitent à la perfection, grâce à une plume imagée et sensuelle...

Une flamboyante et bouillonnante histoire d'amitié et d'amour (conjugal, charnel, parental), tissée de bonheurs, de drames, d'espoirs...



Je remercie Babelio et les Presses de la Cité pour cette belle découverte.
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Réveiller les lions

Merci à Maia64 qui m'avait conseillé ce livre, et tu remarqueras, Idil, que j'en suis à mon quatrième livre israélien!😉 Je progresse.



Encore une très belle découverte. Psychologue clinicienne, mais aussi scénariste, l'auteure allie ces deux métiers dans le livre. Je m'explique: les êtres sont sondés en profondeur, et l'aspect thriller présente une construction qui maintient habilement toute l'attention du lecteur.



Le point de départ de cette folle et angoissante histoire: Ethan, neurochirurgien, décide un soir de se libérer de toutes ses frustrations professionnelles ( il a été muté dans une ville poussiéreuse du désert car il a voulu révéler les dessous de table de son médecin-chef) .



Il roule donc à grande vitesse sur une piste, dans le sable, et soudain, heurte un corps: celui d'un Érythréen . Et devant le mourant, commet l'iŕréparrable pour un médecin : il fuit.



L'engrenage commence alors: la femme de la victime, qui a tout vu, vient le trouver chez lui et le tient à sa merci. Vous imaginez qu'elle va lui réclamer de l'argent, le faire chanter? Pas du tout. C'est autre chose qu'elle lui impose. Et je n'en dirai pas plus. Sauf que la vie d'Ethan va devenir un enfer de mensonges, et qu'il pourrait y perdre sa femme et ses enfants, qui sont pourtant tout pour lui.



Les personnages sont percés à jour, leurs pensées les plus intimes nous sont révélées, leurs fantasmes, leurs cauchemars, leurs faiblesses. Ils sont terriblement humains, et nous nous attachons à eux: Ethan et son enfermement dans une spirale dangereuse, Sirkitt , belle et digne, qui se relève de ses blessures, Liath, l'épouse d'Ethan, policière désarmée qui voit son mari s'éloigner, changer.



Voilà un roman prenant, bien plus complexe qu'un simple thriller. Certes, le lecteur désire savoir comment tout ceci va se terminer, mais c'est essentiellement l'aspect psychologique qui passionne. Bravo à l'auteure pour sa capacité à nous faire entrer dans l'âme d'êtres tourmentés avec autant de finesse et de sensibilité. Et la dimension sociologique a aussi beaucoup d' intérêt. Je recommande chaudement ce livre!
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Une nuit, Markovitch

Avant de commencer je tiens à adresser un grand merci à Babelio et aux éditions Les Presses de la Cité pour toute l'émotion que m'a procurée cette lecture.



Difficile de résumer ce beau premier roman d'Ayelet Gundar-Goshen.

Oui, ce roman parle d'une opération de sauvetage assez inhabituelle où des hommes vivant en Palestine (Israël n'existe pas encore) décident de se rendre en Europe épouser des jeunes femmes, les ramener sur la terre d'eretz-israël - la terre de l'espoir des Juifs chassés de partout - et divorcer pour retourner en Europe et recommencer l'opération.

Bien sûr, tout ne se passe pas comme prévu, et le pauvre Yaacov Markovitch tombe sous le charme de l'une de ses femmes et ne peut se résoudre à la laisser partir quels que soient les "mauvais traitements" qu'elle lui inflige.

C'est ce qu'annonce la quatrième de couverture, et c'est vrai, mais c'est tellement réducteur, car ce roman c'est tellement plus que ça !



D'un côté il y a Yaacov Markovitch, personnage littéralement pitoyable par sa naïveté mais touchant par sa compréhension de la solitude. Il y a aussi des destins (européens) brisés par l'Histoire (comme Rachel), et ceux qui espèrent encore malgré la guerre qui fait rage en Europe et celle qui gronde en Palestine.

Ayelet Gundar-Goshen met en parallèle la grande Histoire de la création du pays d'Israël en faisant la part belle à ceux qui l'ont vécu, espéré ou redouté. Et chacun de ses personnage est rendu très accessible et quasi palpable grâce très grande sensibilité de la plume de l'auteur et la très grande justesse des portraits qu'elle dresse.



Pour chacun des personnages, les mots ont un grand rôle, ils font le lien entre ces opinions si opposées et aident à exprimer (si ce n'est dépasser) les peines et l'ennemi intérieur parfois plus redoutable que celui qui pourrait nous déclarer la guerre.



C'est aussi et surtout un roman sur le temps qui passe, et amène avec lui désillusions et espoirs fanés. Un roman qui nous parle ce qui, en fin de compte est essentiel dans la vie et ce qui fait l'humain.



Un magnifique roman, vraiment.
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Réveiller les lions

Un accident, un meurtre et c'est l'engrenage...

C'est le deuxième livre de cette auteure que je lis et encore une fois, je suis agréablement surprise! Ce livre est classé dans la catégorie thriller mais pour moi c'est bel et bien un roman noir. Ce livre nous parle d'inégalités, de pauvreté et de misère. C'est une explosion de sentiments contradictoires au cours de la lecture. Le thème principal (cher à l'auteure) est le mensonge. (cf ci-dessous ma chronique de "La menteuse et la ville") Le Dr Green est un meurtrier, il devient voleur de médicaments, menteur, il ne se reconnaît plus en tant que médecin.. Que doit-il faire puisqu'il n'a pas le choix? Explosion de sa vie, de son couple, de son regard à autrui...La vérité est immonde, honteuse, trop difficile à avouer. Comment va-t-il s'en sortir? Je ne vous en dis pas plus mais sachez que peu à peu une métamorphose va se produire. Je conseille! (...)



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La menteuse et la ville

"Elle était une fille à qui rien n'arrivait. Jamais. Pas d'embrouilles. Pas d'histoires. Pas de flirt. Une petite vie insignifiante et inoffensive qui venait d'avoir 17 ans."



C'est ainsi que Nymphea perçoit sa vie. Elle vend des glaces après l'école mais cela n'a rien d'exaltant. A la maison, sa soeur, Maya, qui a un an de plus, est plus belle, plus classe, elle attire toute la lumière.



Le jour où Nymphea se fait agresser verbalement par Avishair Milner, un chanteur d'une émission de télé crochet, y voit-elle l'occasion d'être l'attention enfin tous les regards ? En tous cas, elle la saisit cette occasion et tout bascule en l'espace de quelques secondes. Seul Léo Malmain, qui devient son petit ami, a assisté à la scène et sait qu'elle ment quand elle affirme qu'il y a eu tentative d'agression sexuelle.



L'auteur n'a de cesse, à travers ce roman, d'explorer un thème qui lui tient à coeur -le mensonge -et à décortiquer ceux de ses personnages, avec un regard à la fois cruel et tendre.



Y a t-il des petits et des grands mensonges ? La vérité tout le temps est-elle d'ailleurs souhaitable ? Ayelet Gundar-Goshen pousse son lecteur à s'interroger, à douter non sans drôlerie avec avec beaucoup plus de gravité que ne le laisse supposer la couverture rose bonbon.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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