Citations de Avril Clémence (18)
Un seul regard et voilà que se mêle à ma salive la saveur de sa bouche, la saveur de sa peau, la saveur de lui.
Pendant un instant, il tient les cils baissés sur mes lèvres et les siennes s'entrouvrent comme s'il allait se mettre à parler, me dire tout ce que je crève d'entendre, mais le voilà déjà qui fronce les sourcils et le cœur de sa bouche se serre. Il déglutit, m'embrasse sur le front. Et alors, comme toujours, je sais qu'il ferme une parenthèse, la dernière.
Elle et moi avons un problème commun avec le bonheur : nous n’osons pas y croire, ni en jouir.
Je ressemble à mon père, oui. Je le vois et, surtout, je le sens. C’est comme un poison qui se répand dans mes veines.
Il y a des jours où tout va mal. Des jours où le cosmos lui-même semble prendre un malin plaisir à tout mettre en œuvre pour vous pourrir la journée. Aujourd’hui, je crois qu’il veut ma mort.
Je flotte. Trente bons centimètres au-dessus du sol, dans ma bulle devenue indestructible. Tamao ne lâche plus ma main. Un sourire permanent s’étale sur mes lèvres et je vois le monde autrement. Tout est plus beau, plus grandiose, plus fou.
Le réveil devient le moment le plus éprouvant de ma journée. C'est le point de passage entre brouillard et clarté où toutes les vérités me rattrapent en me heurtant de plein fouet. L'intervalle où la légèreté de l'oubli s'incline devant le poids du rappel, qui m'écrase jusqu'à me broyer le corps et l'âme.
On se dispute mieux qu'on ne s'aime.
Je me cherche, et ne me trouve plus.
Un frisson me parcourt la nuque, qui se raidit. C'est comme une main qui enserrerait mes cervicales pour m'empêcher de me détourner. Accompagnée d'une vois inamicale qui murmurerait à mon oreille : "Regarde... Regarde ce que tu as provoqué..."
Quel sentiment terrible que le doute ! Peut-être le pire de tous, le plus sournois. Celui qui réduit toutes les options à l'état de mauvais choix.
Mon clapier comporte une porte-fenêtre qui s'ouvre sur un balcon minuscule, d'où l'on peut voir toute la partie supérieure de la Tour Eiffel. Chaque soir, son scintillement balaie mes murs, pendant cinq minutes, toutes les heures de la tombée de la nuit à une heure du matin. Ces moments sont magiques pour moi, ils me réconcilient avec le monde. Je crois aux fées, aux légendes, je crois que tout s'arrange pendant ces quelques instants.
La bonne personne, le bon moment ; cette équation qui fait peur et envie tout en même temps.
Quand la nuit tombe, les villes chuchotent des confidences qui se répandent à travers les rues, comme un murmure que l'on devine sans l'entendre.
Des roses. Rouges. Un simulacre de geste d'amour pour un simulacre de repentir.
Le phénomène ne dure qu'une fraction de seconde, mais sur ma peau une empreinte sensorielle aussi étrange qu'inédite.
J'envisage de chercher un arbre auquel me pendre dès que j'aurai une minute.
J'aime les livres. J'aime leur forme, leur odeur, leur texture, et l'idée qu'ils renferment des mots qui ne parlent que s'ils y sont invités.