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Citations de Augustin Berque (14)


Entre tous, c'est bien le lien au lieu que la modernité a le plus évidemment malmené. Plus la mobilité devenait l'étendard de l'émancipation, moins il faisait bon proclamer un attachement à un territoire, et pire, le justifier phénoménologiquement. Pourtant - et parce que - cette relation est fondatrice, dans nombre de territoires caractéristiques, elle n'a jamais su s'éteindre tout à fait et a continué à faire entendre sa petite musique localiste. En Corse par exemple, dans "cette montagne dans la mer", la société se construit aussi par son lien au territoire. La culture en témoigne et nos lendemains en dépendent. Car aujourd'hui assurément, à l'heure où les équilibres entre environnement et société se redéfinissent du fait d'un certain développement, les questions d'aménagement de l'espace deviennent cruciales pour l'avenir de l'île.
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Jusqu'à la fin des années 1960, l'architecture s'est progressivement déconnectée des lieux, instaurant un divorce entre le lieu et ce qu'on y construit. Or entre le sol - le substrat - et la spiritualité, l'occupation humaine d'une portion de l'étendue terrestre produit des liens aux lieux et, ce faisant, des milieux, rapports du vivant à son environnement. La recherche d'un nouvel ordonnancement de ces liens au lieu constitue aujourd'hui, notamment en architecture, une voie d'innovation. La mésologie dont l'objet est précisément la recherche d'une certaine cosmicité (une réinsertion de l'objet dans l'histoire et dans le territoire) vient en appui au projet architectural : "Que peut-on se permettre en ce lieu? Quelles sont les prises, les affordances? Où est le lien entre le bâti et son contenant?" Ce sont les questions que se pose Hugues Rolland, architecte.
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Les proverbes ne sont pas de simples récits, ils offrent de véritables enseignements en géographie. À qui sait les écouter, ils permettent de comprendre la manière avec laquelle une société se met en mots, avec laquelle elle appréhende un espace, avec laquelle elle transmet son propre héritage. En Chine, les proverbes sont des "paroles en devenir". Ce sont des histoires qui s'étirent et se condensent, à la manière d'un accordéon. Dans leurs formes les plus succinctes, ils se déploient à partir de quatre sinogrammes seulement : quelques signes pour traduire la singularité d'un monde et la multitude des relations qui le composent. C'est dans ce jeu de synthèse qu'un proverbe prend tout son sens. De manière étonnante également, les proverbes asiatiques, contrairement aux proverbes européens, ne convoquent pas nécessairement de moralité dans la chute du récit. Le conteur fait davantage référence à des images, des paysages et des modes de vie. Cela nous renseigne sur les évolutions des sociétés et sur les imaginaires qui structurent au quotidien leurs pensées.

p.26
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L'enjeu pour les gouvernements est maintenant de retranscrire ces nouvelles aspirations dans les institutions en reconnaissant le droit à la vie de chaque être vivant, en légiférant sur le lien.
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Je crois que la géographie a connu deux divorces importants qui sont regrettables pour la discipline. Avec l'histoire d'abord, avec les sciences de la Terre ensuite. Ce second divorce a été particulièrement présent ces dernières décennie, la géographie ayant eu tendance à s'affirmer comme une science sociale, laissant alors la géographie physique aux sciences de la Terre.
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Cela rejoignait également ma vocation de jeune chercheur : créer des ponts entre l'Orient et l'Occident. Ma vie est finalement elle -même une trajection, je trajecte entre l'Occident et l'Orient, aussi bien physiquement qu’intellectuellement, et cette expérience a bouleversé mes manières de penser.
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L'être se crée en créant son milieu.

p.32
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Comme disait mon directeur de thèse, Jean Delvert : "Un géographe, ça pense avec ses pieds." Il m'a fallu du temps pour comprendre qu'il avait raison.

p.31
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La mésologie n'est pas à proprement parler une discipline, qui s'intercalerait par exemple entre géographie culturelle et écologie ou entre géographie et ontologie. C'est plutôt une perspective générale, mobilisable dans tout les sciences, aussi bien celles de la nature que les sciences humaines.
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Cette importance de la riziculture, dans une région où la plante touche aux limites de son domaine écologique, est un fait géographique d’un intérêt extrême.
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Au Japon comme en Europe ,il existe un mythe de la sylve primordiale,repaire des inquiétudes ancestrales,mais aussi nostalgie de la nature qui s'enfuit. A la différence de l'Europe,toutefois et pour des raisons évidentes ,cette sylve a rejoint la constellation mythologique des attributs de la japonité ;elle joue en effet,dans l'imaginaire des japonais d'aujourd'hui,le rôle de matrice originelle ,ancrage de l'authenticité nationale.
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Augustin Berque
La crise de l'environnement nous révèle que la decosmisation moderne issue du dualisme entre l'objet et le sujet, entre le hasard et la nécessité, est en train de saper matériellement les fondements terrestres de l'existence humaine. Aujourd'hui, ce n'est donc plus seulement au sens ontologique, mais aussi au sens écologique, que faute de cosmicité, nous avons perdu notre place dans l'ordre générale des choses.
Philosophie magazine. Le cosmos des philosophes. Hors série. p40
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Augustin Berque
Les contradictions évidentes entre l'économie et l'écologie qui n'arrivent pas à se rejoindre sont le signe d'une société acosmique, où la place de l'homme n'est plus définie.
D'ailleurs, il suffit pour en observer les effets de revenir aux valeurs fondamentales : le bien, le beau, le vrai.
Notre monde contrevient au bien puisqu'il va vers des inégalités toujours plus grandes. Il contrevient au beau puisque la décomposition des formes urbaines et le mitage des campagnes ne cesse d'enlaidir le paysage. Et il contrevient au vrai puisqu'il n'arrive plus à concilier ces doubles vérités.
Nous n'arrivons plus à conjoindre le bien, le beau et la vrai parce que nous n'avons plus de cosmos [au sens étymologique].
Pour s'en tenir au vrai que s'est arrogé le science, l'Homme a divergé entre ce qui relève des affaires humaines et ce qui relève de la Terre, entre l'économie et l'écologie.
Et c'est ainsi que ce monde régi par l'économie devient insoutenable.
Philosophie magazine. Le cosmos des philosophes. Hors série. p40
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Nos promoteurs peuvent donc persister à produire des villages de standing et autres suburbanités, habitables à condition de disposer de plus d'une voiture par ménage. Ce n'est toujours pas moi que ça noiera demain, vu que je ne suis pas Bengalais !
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