Conférence par Gaël Aymon
Dans le cadre du cycle « Les visiteurs du soir », le Centre national de la littérature pour la jeunesse (CNLJ) de la BnF propose des conférences de spécialistes, universitaires ou professionnels du livre, qui présentent leurs recherches sur la littérature de jeunesse et la lecture.
Cette séance accueille l'auteur Gaël Aymon, sélectionné en 2023 et 2024 pour le prestigieux prix suédois international, le Prix commémoratif Astrid-Lindgren considéré comme le « Nobel de la littérature jeunesse », pour l'ensemble de son oeuvre.
Séance enregistrée le 6 juin 2024 à la BnF I François-Mitterrand.
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Si vous rentrez chez vous maintenant, vous pourrez revenir demain matin, dit Fifi. Car si vous ne partez pas, vous ne pourrez pas revenir non plus. Et ça serait vraiment dommage.
Je ne sais pas très bien à quel endroit du corps on ressent le bonheur, mais j'avais l'impression qu'un éclat de rire avait envahi mon âme tout entière.
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Je me souviens d'une tempête terrible. Même les poissons avaient le mal de mer et voulaient aller à terre. J'ai vu de mes propres yeux un requin qui avait la nausée et une pieuvre qui se tenait la tête avec tous ses bras. Oh oui, quelle tempête!
— Je ne ne veux jamais grandir, dit-il d’une voix ferme.
— Moi non plus, renchérit Annika.
— Non, c’est pas un truc chouette, dit Fifi. Les grands ne s’amusent jamais. Tout ce qu’ils ont, c’est un boulot ennuyeux, des vêtements ridicules, des cors aux pieds et des dingos locaux.
— Des impôts locaux, corrigea Annika.
Ils poussèrent la grille branlante de la villa Drôlederepos, montèrent l'allée de gravier bordée d'arbres moussus (des arbres faits pour que l'on y grimpe) et arrivèrent devant la véranda. Le cheval dévorait son picotin versé dans une soupière.
- Mais qu'est-ce que ton cheval fait sous la véranda ? demanda Tommy. Pour ce dernier, la place d'un cheval était à l'écurie.
- Eh bien, dit Fifi après mûre réflexion, dans la cuisine, il serait toujours sur mon chemin. Et il ne se plaît pas au salon.
- Mais, tu te rends bien compte qu'il faut que tu ailles à l'école.
- Et pourquoi devrais-je aller à l'école ?
- Pour apprendre des choses, voyons.
- Quel genre de choses ?
- Plein de choses utiles, les tables de multiplications, par exemple.
- Je me suis très bien débrouillée sans tables de nulplication pendant des années. Et j'ai bien l'intention de continuer comme ça.
Bref, il avait l'air tellement mignon que tout le monde aurait pu le prendre pour un petit ange. Mais il ne fallait pas s'y fier.
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-Mais, enfin, les chemises de nuit ne sont méchantes, protesta Fifi. Elles ne mordent que pour se défendre.
- Vous devriez avoir honte ! Il y a des milliers de gosses dans le monde qui paieraient cher pour manger un plat comme celui-là.
Karlsson sortit alors un bloc-notes et un crayon de sa poche.
- Pourrais-tu me donner le nom de deux d’entre eux ? demanda-t-il.
Tu ne peux pas empêcher les oiseaux de malheur de voler au-dessus de ta tête, mais tu peux les empêcher de faire leur nid dans tes cheveux.
[La Revue des livres pour enfants n°306]