La plupart des ecclésiastiques s'étaient ralliés au gouvernement de Staline. Pour eux, l'avenir de l’Église était lié à celui de l’État, fut-il soviétique. La tâche de l’Église devait donc consister à propager non seulement la foi en Dieu, mais encore le principe de la soumission aux pouvoirs établis. (...) Le symbole qui couronna cette politique fut l'introduction dans le service religieux d'une prière pour le gouvernement soviétique.
D'abord, j'ai été socialiste pour plusieurs raisons liées à la guerre. Celle-ci m'avait révélé des souffrances humaines auxquelles je voulais mettre fin. Par ailleurs, elle m'a contraint à vivre dans la ville tchèque de Brno où j'ai découvert un monde différent de celui que je connaissais avant en Bosnie-Herzégovine; un monde plus développé, plus moderne, plus industrialisé. J'en suis venu à la conclusion que le socialisme succédera, à son tour, à ce capitalisme qui, déjà, représentait une étape supérieure aux sociétés rurales. De plus, alors que j'étais pro-Croate, et pro-Yougoslave, résolument antiautrichien, le conflit mondial m'a convaincu que le socialisme réglera le problème national. Enfin la rapacité de la bourgeoisie chez-nous, après 1918, m'a dégoûté. Je suis donc devenu socialiste.
La Révolution russe connaissait, à son tour, comme les Révolutions anglaise et française dans le passé, son grand tournant. Un tournant marqué par l'échec des tendances qui veulent aller plus avant, dans le sens de la démocratie, et par la victoire de la nouvelle classe dominante qui veut amorcer une phase de descente de la révolution. Le vainqueur, dans ce cas, c'est l'homme qui épouse au plus près ce mouvement. En France, ce fut Napoléon; en Russie, Staline.
Ce n'est qu'en Russie, quand j'ai vraiment connu le nouveau régime, que je me suis aperçu de mon erreur. La Russie soviétique ne souhaitait aucunement régénérer l'Europe mais voulait la coloniser.
Quelques mois plus tard, j'eus l'occasion de lire en prison un article de l'historien bolchéviste Pokrovsky sur l'Inquisition espagnole. J'appris par cet article que c'étaient là les questions classiques que l'Inquisition posait à ses prisonniers. J'eus encore souvent l'occasion de me souvenir de l'Inquisition et de l'ordre des Jésuites à propos des événements de Russie et des méthodes de la Guépéou.
Les ouvriers luttaient alors pour le socialisme dont la bureaucratie poursuivait déjà la liquidation. C'est là qu'est le fond du problème.
(...) C'est précisément à la fin de la guerre civile que se produisit la scission de la société post-révolutionnaire en deux groupes fondamentaux : les masses travailleuses et la bureaucratie. Dans ses aspirations socialistes et internationalistes la révolution russe fut étouffée; dans ses tendances nationalistes, bureaucratiques, de capitalisme d’État, elle se développa et se consolida.
L'expérience de la dégénérescence de la révolution russe pose de nouveau devant la conscience du socialisme international un problème sociologique extrêmement important : pourquoi dans la révolution russe, comme dans deux autres grandes révolutions antérieures, celle d'Angleterre et de France, est-ce de l'intérieur que la contre-révolution a triomphé au moment où les forces révolutionnaires s'épuisaient.