Hier traités de fous et de criminels, ils sont désormais seize rédempteurs d’Erin, que le pays se prépare à élever au rang de héros. Une petite bande de révolutionnaires, qui disposaient à peine du mandat de leurs organisations, et encore moins du soutien de l’opinion publique. Seize, parfaitement résolus à racheter par leur sacrifice huit cents ans de passivité face aux Britanniques. Seize qu’immortaliseront les poèmes de Yeats. Plus que de leur nombre, dérisoire, l’Angleterre rendra compte à la postérité de sa cruauté à leur égard ; cours martiales fonctionnant dans le plus grand secret, exécutions reprises chaque jour, « comme si l’on observait un flot de sang provenant de dessous une porte fermée ». Monte aussi, du lieu du sacrifice, la voix des prêtres proclamant l’héroïsme des suppliciés.