– As-tu déjà calculé combien tu gagnais de l'heure à travailler chez toi ?
La question prit Carol au dépourvu.
– Je ne vois pas l'intérêt. A vrai dire, je n'y ai jamais réfléchi !
Un éclair de satisfaction passa dans les yeux de Katy. Elle se sentait sur un terrain solide dont elle connaissait les détours.
– Tu as tort. Peux-tu, par exemple, te servir de la voiture ?
– David s'en sert.
– Bravo ! David part tôt le matin et rentre tard le soir. Pendant ce temps-là, tu es coincée à la maison ! Et qu'est-ce que tu fais ? La lessive, le ménage, la cuisine, le raccommodage et le jardinage. Et David, lui ? Te rends-tu compte de ce que ton travail lui rapporte ?
– Non, pas du tout et cela m'est indifférent...
– Parce que tu as peur de voir la réalité en face. Je parie tout ce que tu veux que tu ne gagnes même pas deux francs de l'heure !
– Ne dis pas de bêtises ! s'écria Carol en éclatant de rire. Deux francs ! C'est ridicule !
Katy prit sa tasse de café et se cala contre les coussins. Sous ses paupières légèrement plissées, son regard fixa Carol assise en face d'elle.
– Calcule. Tu travailles chez toi douze heures par jour, sept jours par semaine, ce qui fait quatre-vingt-quatre heures au total. Et combien David te donne-t-il ?
– Cent cinquante francs par semaine d'argent de poche.
– Alors, j'ai raison. Cela ne fait même pas deux francs de l'heure ! Je me tue à te le dire, Carol, tu es une poire.