Anne Clerval - Paris sans le peuple, la gentrification de la capitale .
Anne Clerval vous présente son ouvrage "Paris sans le peuple, la gentrification de la capitale" aux éditions La Découverte. http://www.mollat.com/livres/clerval-anne-paris-sans-peuple-gentrification-capitale-9782707171283.html Notes de Musique : "dans les rues de Paris" by Christophe Frémiot (http://freemusicarchive.org/music/Christophe_Frmiot/Mon_Chapeau_de_Fe/10_dans_les_rues_de_Paris)
La gentrification, voilà un sujet capital. Ca tombe bien, cet ouvrage porte sur Paris. Et en particulier sur 3 quartiers du nord-est parisien : chateau-rouge/goutte d'or, faubourg du temple et belleville. L'auteur est universitaire. C'est donc bien documenté avec quelques tableaux et cartes, et surtout beaucoup de références aux chercheurs qui l'ont influencé. Si ce livre a donc bien le côté ennuyeux qu'on attendait, il n'est en revanche pas du tout objectif ! Anne Clerval est en effet une gauchiste radicale. L'introduction commence d'ailleurs par parler de la commune de Paris. Elle écrira même plus loin : « la progression de la gentrification en rive droite n'est pas sans rappeler la reconquête du Paris communard par l'armée versaillaise en 1871 »... Au moins la titre annonce la couleur (rouge) : « Paris, sans le peuple », cela ressemble à un slogan politique, tel que celui du front de gauche (« A Paris, place au peuple »). Le problème c'est que cette activiste-chercheuse ne fait que critiquer la gentrification et les gentrifieurs sans jamais faire la critique des classes populaires et immigrées, si ce n'est leur incapacité à s'allier pour faire la révolution, seule solution implicite.
La première partie concernant l'histoire ne m'a pas du tout captivé, Anne Clerval n'a ni le talent pour raconter l'histoire ni l'analyse pour nous la faire comprendre. Elle reste sur des thématiques communistes ultra-éculées sur les ouvriers et le peuple. La deuxième partie, sur la géographie, est la meilleure. Le processus de gentrification est exposé et il faut avouer que c'est instructif mais un article complet aurait suffit. La dernière partie est plus sociologique et politique. La partie sociologique est intéressante car elle permet, grâce à des témoignages de savoir ce que les différents acteurs ou « vicitimes » de la gentrification pensent. La partie politique tombe à point nommé pour comprendre cet enjeu à l'heure des élections municipales 2014. Dans cette bataille pour Paris entre bobos et prolos, on sait maintenant que ce sont les bobos qui ont gagné.
en s'installant dans un quartier populaire, les gentrifieurs contribuent à en améliorer l'image ; cela accélère la gentrification et entraîne en retour la valorisation économique de leur bien immobilier
Ainsi la relative invisibilité de la gentrification traduit la fragmentation des classes populaires et des différentes vagues d'immigration, mais aussi le contexte idéologique valorisant la réussite individuelle et privilégiant une lecture de la société en termes culturels et identitaires, au détriment de la conscience de classe et des déterminants économiques des inégalités sociales.
La gentrification récupère l'identité populaire et cosmopolite, qui perdure symboliquement dans le décor des cafés, mais aussi par l'histoire du bâti. Contrairement à la rénovation, la gentrification ne fait pas table rase du passé : comme la réhabilitation du bâti, elle récupère les éléments de ce passé en le transformant pour une autre utilisation.
la hausse des prix immobiliers -en particulier des loyers à la relocation et, plus encore, la compétition entre les candidats, qui ne laisse aucune chance aux ménages modestes- et la réduction du parc social de fait réduisent de plus en plus la traditionnelle fonction d'accueil de Paris pour les classes populaires.
La valorisation de la mixité sociale leur permet avant tout de faire de nécessité vertu, la contrainte immobilière étant transformée en choix délibéré. Elle est aussi l'occasion d'une manifestation ostensible de valeurs morales élevées, telles que l'ouverture d'esprit et la tolérance