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Les rêves du matin sont ceux dont je me souviens toujours le mieux. Je fis celui-là juste avant que le réveil ne sonne, à l’aube d’une nouvelle journée ordinaire de semaine…
Les premières images ne différaient guère des délires que mon imaginaire fantasque s’amuse à créer en grand nombre chaque nuit.
J’étais affairée à nettoyer je ne sais quoi devant un évier, dans une cuisine censée être la mienne, et je ne m’inquiétais guère de voir déambuler autour de moi des inconnus. Ils allaient et venaient dans ce qui semblait ma maison, peut-être la leur également, si l’on se fiait aux chaussons qu’ils portaient aux pieds et aux pyjamas que certains arboraient. Personne ne faisait attention à personne, chacun se hâtant d’avancer vers ses propres objectifs.
Soudain, un éclair blanc illumina les alentours et le décor de mon rêve disparut comme par enchantement. Plus d’évier, plus de cuisine, plus de murs, plus de maison. Seuls restaient les gens. Stupéfaite, je me retournai vers eux. L’étonnement les avait tous figés sur place. Ils cherchaient du regard ce qui avait bien pu provoquer une telle chose, mais aucune parole n’accompagnait leur questionnement.
Le sol différait à peine du ciel. Tout était uniformément blanc, comme cotonneux. Enfin tout, plutôt rien, étant donné que j’étais entourée de vide, du plus loin que je pusse voir. Je me mis à marcher, sans savoir où j’allais, vers d’autres personnes, au milieu de ce qui avait dû être une rue remplie de véhicules, quelques minutes plus tôt.
Petit à petit, les individus autour de moi se remirent en mouvement eux aussi, chacun avançant à un rythme très lent, se retournant parfois, revenant souvent en arrière. Tous étaient désorientés par la bizarrerie de l’évènement, s’interrogeaient les uns les autres, levant les bras en l’air, secouant la tête d’un air navré. Certains gardaient leur position d’avant la disparition de tout. Ceux qui conduisaient leur voiture avant l’évènement se retrouvaient assis dans le vide, tenant encore un volant invisible entre leurs mains.
Je regardai partout à la recherche d’un indice qui m’aiderait à comprendre. Alors, j’aperçus, non loin de là, monté sur une chaire, le pape en personne. J’écarquillai les yeux pour me persuader de ne pas avoir la berlue. Non seulement le chef de l’Église se trouvait là, en chair et en os, mais il ne semblait pas touché par le phénomène de disparition globale des objets qui l’entouraient.
En effet, il avait la main droite levée et s’apprêtait à la reposer sur un gros bouton rouge situé devant lui. Son geste s’arrêta et une grimace déforma son visage. Sa paume dévia sa trajectoire et se porta à son cœur. Le pape faisait un malaise. Il allait tomber à la renverse lorsqu’un personnage surgit de nulle part et vint à sa rescousse.
L’individu l’aida à s’asseoir sur sa chaire, lui parla, mais je n’entendis pas les paroles prononcées. Je vis juste le pape, que la douleur pliait en deux, faire « non » de la tête. D’un geste rapide, l’inconnu appuya sur le bouton rouge à la place du saint homme, avant de s’occuper à nouveau de la santé de celui-ci.
Une fraction de seconde plus tard, tout fut exactement comme auparavant, comme s’il ne s’était rien passé. Tous les objets disparus étaient revenus à leur place. Voitures, maisons, rues, arbres. Absolument tout. Durant un bref instant, les passants stoppèrent leurs mouvements, puis reprirent leurs activités, suspendues quelques minutes plus tôt, avec la même hâte mécanique que précédemment. Les véhicules redémarrèrent, les portes s’ouvrirent et se fermèrent à nouveau sans que cela étonnât personne.
À leur comportement, il me semblait qu’ils avaient oublié, qu’un instant plus tôt, tout ce qui était fait de matière n’existait plus.
Quelqu’un passa devant moi en regardant sa montre, accélérant le pas, au vu d’un retard évident causé par l’évènement. Je l’arrêtai au passage, ce qui le mit de mauvaise humeur. Je lui demandai :
— Est-ce que vous pouvez m’expliquer ce qui vient d’arriver ?
— Mais de quoi parlez-vous ? rétorqua l’individu renfrogné. Je n’ai pas de temps à perdre, laissez-moi. Je dois aller travailler.
Je posai la même question à un autre inconnu, qui me répondit à peu près la même chose que le précédent. Mon impression était donc la bonne : personne, hormis moi, ne se souvenait d’avoir erré au milieu de rien, sans comprendre pourquoi et comment tout avait disparu ; comme si ce bref instant avait été gommé de leur mémoire, mais pas de la mienne. Pourquoi ? Le mystère demeurait entier.
Je restai plantée sur le trottoir, cherchant vainement du regard quelqu’un d’aussi désorienté que moi. Pourquoi personne ne se souvenait-il de l’évènement le plus surprenant et inexplicable de sa vie ? Et que s’était-il passé, au juste ?
Tout à coup, je compris.
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