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Citations de André Maurois (304)


Denise enviait ses tranquilles certitudes, mais ne pouvait les partager. De ses années de couvent, les sermons de l'abbé Guillemein sur l'Enfer, lui restait une crainte vague mais invincible des puissances inhumaines. Courageuse, elle avait peur des orages, de la nuit. Elle n'eût pas osé le dire à Jacques, mais le tonnerre lui semblait comme un avertissement céleste. Elle aimait les premiers livres de Maeterlinck (alors très admiré par les jeunes gens) parce qu'ils admettaient l'intervention dans notre vie de l'invisible et de l'infini.

Première partie. Chapitre XV
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Elle était décidée à ne pas se marier. Elle avait trop vu ce qu'était le mariage. De ses angoisses d'enfant lui restait un goût profond de la pureté.

Première partie. Chapitre XIV
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Christine Aubert vivait seule, dans un petit appartement voisin du lycée et dont le masque de Pascal et celui de Beethoven étaient, avec des livres, les seuls ornements.

Première partie. Chapitre XIII
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Mlle Christiane Aubert, professeur au lycée Jeanne d'Arc, regarda sa nouvelle classe avec curiosité. Toute jeune, elle était encore étonnée de se trouver dans un chaire. Derrière elle, accrochés au mur, Denise voyait un portrait de Descartes et un tableau noir sur lequel on avait dessiné un cercle et une tangente. Dès que Mlle Aubert parla, sa voix charma les jeunes filles. Elle dit qu'elle voulait apprendre à les connaître et que, pour leur premier devoir, elle leur demanderait des confidences.
Vous prendrez comme titre : Un souvenir d'enfance et vous pourrez, comme vous le préferez, me raconter un souvenir réel, celui auquel vous tenez le plus, ou au contraire inventer une histoire..."

Première partie. Chapitre XIII
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L'abbé racontait l'histoire sainte aux enfants du petit catéchisme d'une voix grave, qui rappelait à Denise celle des orgues. Les sermons de l'abbé Faurie étaient célèbres à Pont-de-l'Eure.(...° Denise aimait à entendre l'abbé raconter l'histoire du Buisson ardent, et celle du sacrifice d'Abraham. Le soir, dans son lit, elle imaginait que sa mère la sacrifiait sur une montagne. Plus tard, elle aima l'histoire de la fille de Jephté, demandant à mourir pour que fût accompli le voue de son père.
Maintenant, dès qu'elle avait un instant de liberté, au lieu de jouer avec ses chiffons, elle ouvrait la Vie des Saints que lui avait donnée sa grand-mère d'Hocquinville. (....)
Elle aimait les histoires de vierges qui étaient mortes pour rester pures, comme sainte Eulalie, qui avait été lacérée par des peignes d'acier, puis brûlée avec des torches ardentes et qui, au milieu de ses tourments, était restée inébranlable, ou comme sainte Agnès qui avait eu la pudeur de s'envelopper de son manteau en recevant le coup mortel.

Première partie. Chapitre VIII
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Il y a cent manières de dire : "Je suis moi, vous êtes vous." Il n'y en a pas cent mille. Or les jours sont longs et nombreux.
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[...] aucun être humain ne peut vivre tout le jour, et moins encore des semaines, des années, sur le plan de la tendresse passionnée. On se fatigue de tout, même d'être aimé.
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L'homme le plus patient ne demeure fidèle à une inconnue que si elle se fait connaître.
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– Il vous sied bien de critiquer la polygamie, Padre, dit le docteur, relisez votre Bible. Que dites-vous du vénérable Laban qui, ayant vendu à un même homme ses deux filles payables par mensualités pendant quatorze ans, donna par surcroît les deux femmes de chambre comme prime à l'acheteur ?

– Mais, dit le Padre, je ne suis pas responsable des actions d'un patriarche douteux; je n'ai aucune sympathie pour ce Laban.

– Moi non plus, dit Aurelle, ce Dufayel du mariage m'a toujours inspiré un profond dégoût, mais c'est plutôt à cause de ses méthodes matrimoniales que pour avoir accepté la polygamie naturelle à sa tribu. D'ailleurs la question du nombre de femmes à attribuer à un même homme est-elle une question morale ? Il me semble que c'est une question d'arithmétique. S'il y a à peu près autant de femmes que d'hommes, la monogamie s'impose; si, pour quelque raison, le nombre des femmes vient à l'emporter, la polygamie vaut peut-être mieux pour le bonheur général.

Les deux jeunes filles, qui comprenaient moins bien cette conversation que les « promenade » et les « na poo » des tommies, se rapprochèrent du colonel, qui leur adressa des grognements paternels et sortit pour elles le disque Caruso de sa chemise rouge incarnat.

– Vous avez des idées très fausses sur la psychologie animale, Aurelle, dit le docteur. Si vous aviez observé la nature, vous auriez, au contraire, constaté que la question du nombre des compagnes n'est nullement une question d'arithmétique. Chez les cousins, il naît dix femelles pour un mâle. Or, les cousins ne sont pas polygames : neuf de ces femelles meurent vierges. Ce sont même ces vieilles filles seules qui nous piquent, par où l'on voit que le célibat engendre la férocité chez les insectes comme chez les femmes.

– J'ai connu des vieilles filles charmantes, dit Aurelle.

– Qu'en savez-vous? dit le docteur. Mais quoi qu'il en soit, le nombre des épouses varie simplement comme le mode d'alimentation de l'espèce. Les lapins, les Turcs, les moutons, les artistes, et d'une façon générale tous les herbivores sont polygames; les renards, les Anglais, les loups, les banquiers, et d'une façon générale tous les carnivores sont monogames. Cela tient à la difficulté que trouve le carnivore à élever ses petits tant qu'ils ne sont pas assez forts pour tuer eux-mêmes une proie. Quant à la polyandrie, elle s'établit dans des pays misérables comme le Thibet, où plusieurs hommes doivent unir leurs forces pour nourrir une femme et sa progéniture.
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– J'ai beaucoup d'admiration pour la France, Aurelle, surtout depuis cette guerre, mais une chose me choque dans votre pays, si vous me permettez de vous parler sincèrement, c'est votre jalousie égalitaire. Quand je lis l'histoire de votre Révolution, je regrette de n'avoir pas été là pour boxer Robespierre et cet horrible fellow Hébert. Et vos sans-culottes... Well, cela me donne envie de m'habiller de satin pourpre brodé d'or et d'aller me promener sur la place de la Concorde.

Le docteur laissa passer une crise de délire particulièrement aiguë de Mistress Finzi-Magrini et reprit :

– L'amour de l'humanité est un état pathologique d'origine sexuelle qui se produit fréquemment à l'époque de la puberté chez les intellectuels timides : le phosphore en excès dans l'organisme doit s'éliminer d'une façon quelconque. Quant à la haine du tyran, c'est un sentiment plus humain et qui a beau jeu en temps de guerre, alors que la force et la foule coïncident. Il faut que les empereurs soient fous furieux quand ils se décident à déclarer ces guerres qui substituent le peuple armé à leurs gardes prétoriennes. Cette sottise faite, le despotisme produit nécessairement la révolution jusqu'à ce que le terrorisme amène la réaction.

– Vous nous condamnez donc, docteur, à osciller sans cesse de l'émeute au coup d'Etat ?

– Non, dit le docteur, car le peuple anglais, qui avait déjà donné au monde le fromage de Stilton et des fauteuils confortables, a inventé pour notre salut à tous la soupape parlementaire. Des champions élus font désormais pour nous émeutes et coups d'Etat en chambre, ce qui laisse au reste de la nation le loisir de jouer au cricket. La presse complète le système en nous permettant de jouir de ces tumultes par procuration. Tout cela fait partie du confort moderne et dans cent ans tout homme blanc, jaune, rouge ou noir refusera d'habiter un appartement sans eau courante et un pays sans parlement.
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Parker, lui aussi, a découvert un jour une phrase qui connaît désormais les plus brillants succès; il l'a cueillie dans une lettre adressée au Times par un chapelain.
"La vie du soldat, écrivait cet excellent homme, est une vie très dure, parfois mêlée de réels dangers."
Le colonel goûte profondément l'humour inconscient de cette formule et la cite volontiers quand un obus le cingle de cailloux.
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André Maurois
Le bonheur est une fleur qu'il ne faut pas cueillir .
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Enfin j’avais souvent entendu Philippe exprimer l’idée que la grande force d’une femme est l’absence, que loin des êtres on oublie leurs défauts, leurs manies, que l’on découvre qu’ils apportent dans notre vie un élément précieux, indispensable, élément que nous n’avions pas remarqué parce qu’il était trop intimement mêlé à nous. « C’est comme le sel, disait-il, nous ne savons même pas que nous en absorbons, mais supprimons-le de tous nos repas et, sans doute, nous mourrons. »
Si Philippe, loin de moi, pouvait découvrir que j’étais le sel de sa vie...
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Il y a deux choses qu’un homme ne pardonne pas à une femme: c’est de l’aimer, et de ne pas l’aimer.
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Les hommes tournent toujours au fade assez tôt.
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Nous, Anglais, sommes gouvernés par une aristocratie sous contrôle démocratique.
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Vous mêmes, Français, n'avez fait une démocratie qu'avec des notables.
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- Mais qui vous dit, mon pauvre petit, de ne pas avoir de vie sentimentale ? Naturellement j'aime beaucoup mon neveu et ce n'est pas moi qui vous conseillerai de prendre un amant... Non, bien sûr... Mais tout de même, s'il plaît à M. Philippe de courir ailleurs quand il y a une jeune et jolie femme, ce n'est pas moi non plus qui vous en voudrai si, de votre côté, vous chercher à meubler votre vie... Je sais bien qu'ici même, avenue Marceau, il ne manque pas d'hommes à qui vous plaisez...
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Un autre fait qui me frappa au cours de ces quelques visites de François de Crozant chez nous, ce fut que souvent Odile y brilla en racontant des anecdotes et en énonçant des idées que je lui avais jadis enseignées au temps de nos fiançailles. Elle ne m'en avait jamais reparlé ; je croyais qu'elle avait tout oublié, et voilà que ma pauvre science ressuscitait pour étonner un autre homme par la netteté masculine d'un esprit de femme. Je pensais en l'écoutant qu'il en avait été ainsi jadis avec Denise Aubry et que, presque toujours, quand nous prenons grand soin de former une âme, c'est pour un autre que nous travaillons.
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Tu n'as pas osé, malgré mes prières "perdre ta vie pour la gagner" (...). Tu te marieras, mon chéri, avec quelque enfant simple, qui ne demandera qu'un bonheur facile, une existence vide et de beaux enfants. Moi je remonterai sur ma bête et je chercherai encore, toujours, une pureté libre qui peut-être n'existe pas. Puis quelques années encore passeront, et l'un comme l'autre, nous tomberons dans l'éternel sommeil ou dans un monde plus terrible encore que celui-ci.
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