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Citations de André Maurois (304)


Depuis 1913, Céleste Albaret gouvernait l'intérieur de Proust. C'était une jeune femme belle et bien faite, qui parlait un français agréable et reposait par une sorte de calme autorité. Elle était entrée dans la vie de Proust en épousant le chauffeur Odilon Albaret, dont le taxi entièrement au service de Proust, qui s'en servait tantôt pour sortir lui-même, tantôt pour faire porter à la main ses lettres, tantôt pour chercher et ramener, à toute heure de la nuit, ceux qu'une soudaine fantaisie lui inspirait le désir de voir. 

1768 - [p. 81]
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On peut prendre plaisir à se rendre en pèlerinage sur les lieux qui servirent de cadres ou de modèles aux chefs-d’œuvre, à chercher dans Saumur ou Guérande ce qu'y vit Balzac, à Combourg les tristes soirées de famille qu'a gravées Chateaubriand, à Illiers les aubépines du mois de Marie et les roseaux de la Vivonne. Mais de telles confrontations, plutôt qu'elles ne nous restituent les tableaux merveilleux qu'avait créée la magie de l'écrivain, servent à nous montrer l'écart immense qui sépare le modèle de l’œuvre. : « S'il était besoin de quelque chose pour prouver qu'il n'y a pas un univers, mais autant d'univers qu'il y a d'individus, qui sont tous différents, qu'est-ce qui le prouverait mieux que ce fait que, si nous apercevons chez un collectionneur, une grange, une église, un arbre, nous nous disons : « Tiens ! « un Elstir » et reconnaissons ainsi pour tout autant de fragments de ce monde que voit Elstir et qu'il est seul à voir... »

1766 - [p. 13/15]
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Le mélange de l'admiration et de la pitié est une des plus sûres recettes de l'affection.
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L'humanité repose sur un lit incommode. Quand le dormeur est trop meurtri, il se retourne, c'est la guerre ou l'émeute. Puis il se rendort pour quelques siècles.
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(...) le peuple anglais (...) a inventé pour notre salut la soupape parlementaire. Des champions élus font désormais pour nous émeutes et coups d'état en chambre, ce qui laisse au reste de la nation le loisir de jouer au cricket. La presse complète le système en nous permettant de jouir de ces tumultes par procuration.
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Quand Cromwell mourut, en 1658, jeune encore (cinquante-neuf ans), à la fois de tristesse et de fièvre, tout l'édifice hâtivement bâti par lequel il avait essayé de remplacer l'Angleterre traditionnelle chancela aussitôt. Vers la fin on l'entendit murmurer: "Mon œuvre est faite." Elle ne devait pas lui survivre.
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Avec Chaucer (1340-1400), la littérature de langue saxonne atteint, dès ses débuts, à une perfection qui sera égalée, jamais dépassée. Un des effets de la guerre de Cent ans avait été de créer un préjugé contre la littérature française, devenue celle d'un pays ennemi. Les élites elles-mêmes souhaitent un grand écrivain saxon; elles le trouvent en Chaucer. Celui-ci, comme plus tard Shakespeare, a connu toutes les conditions humaines; il a vécu à la cour d’Édouard III; il a été ambassadeur à Florence, à Rome, et député à Westminster. Il est donc merveilleusement préparé à peindre un tableau complet et vivant de l'Angleterre de son temps. De ses œuvres, la plus importante , aux yeux de l'historien, est le fameux recueil des "Contes de Canterbury".
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P138 tu seras un homme mon fils
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.
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Après une promenade qui parut très longue à Michelle et qui avait peut-être duré deux ou trois heures, quelques arbres apparurent au milieu du sable. Puis elle vit une tache sombre dans le lointain et le chameau s'arrêta à l'entrée d'une forêt. Michelle descendit et aperçut un écriteau cloué sur un sapin. Elle lut :

CLOS MAGIQUE
S'ADRESSER À M. HONTEUZÉKONFU
Corbeau de service

Quand elle fut plus près, elle remarqua que dans l'écorce du sapin était taillé un petit guichet semblable à ceux qui sont dans les gares ou à ceux des bureaux de théâtres. Elle frappa au guichet ; personne ne répondit. Elle frappa plus fort et elle entendit :
"Croa, croa... Voilà, voilà..."
Le guichet s'ouvrit et elle vit un vieux corbeau qui portait des lunettes sur son bec, une calotte de drap noir sur la tête et un petit veston d'alpaga noir.
"Est-ce que vous êtes M. Honteuzékonfu ? dit Michelle.
- Je croa", dit le Corbeau.
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Il n'y a qu'un cynique qui puisse être idéaliste sans danger pour ses contemporains.

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Nos destinées et nos volontés jouent presque toujours à contretemps.


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Il est injuste et absurde de rendre les êtres comptables de leurs promesses.


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De ses trois premières années de mariage, Denise Holmann conserva toujours un souvenir terne, mai qui n'était pas sans douceur. Elles les passa, tantôt à Nancy, tantôt à Paris, seule entre son mari et son beau-père. C'était elle qui avait souhaité vivre avec le vieux Prosper Holmann, dans l'hôtel de la rue Alfred-de-Vigny. Les deux familles l'en avaient blamée. Edmond lui-même avait dit plusieurs fois qu'il craignait pour une femme si jeune l'ennui d'une maison austèr.
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Je me propose d'étudier, sur trois générations, les formes successives d'un tempérament fabuleux, né de l'union d'un gentilhomme français et d'une esclave noire de Saint-Domingue.
Les trois hommes dont je conterai la vie eurent tous, à des degrés différents, et sous des aspects divers, les mêmes qualités : force, courage, dévouement chevaleresque, horreur active des méchants, et un même défaut : besoin, par désir de revanche, d'étonner.
Mais un tempérament ne suffit pas à expliquer un destin.
Sur ce canevas initial brodent les événements et la volonté.
Voici donc mon monument aux trois Dumas....
(extrait de "Villers-Cotterets", première partie du volume paru chez "Hachette" en 1957)
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J'avais mis une robe blanche toute unie, pour être moi-même une Walkyrie. Philippe m'en avait fait compliment. Il était rare qu'il aimât mes robes. Ce jour là, je vis qu'il avait plaisir à me regarder. La forêt ma parut très belle. Nous nous étendimes dans l'herbe, moi les orteils en éventail et ma tête appuyée sur son épaule. Des sapins plantés autour de nous formaient comme un puits vertical.
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Le temps était splendide. Quand mon mari rentrait de l'usine, il aimait à "se griller" en plein soleil. Nous nous faisions apporter deux pliants sur la pelouse, devant la maison, et nous restions silencieux, perdus dans de vagues rêveries. Quelquefois Philippe me souriait et me regardait et me souriait. Je savais que nous étions unis. Ah, Philippe, je voudrais passer toute ma vie, près de vous, engourdie, orteils nus, sans rien de plus que votre main, cette tiédeur de l'air, ces bruyères...C'est délicieux et si mélancholique.
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En 1809, le roi Georges III d’Angleterre mit à la tête de l’aristocratique collège d’Eton le Dr Keate, petit homme terrible, qui considérait la bastonnade comme une station nécessaire sur le chemin de toute perfection morale, et qui terminait ses sermons en disant : « Soyez charitables, boys, ou je vous battrai jusqu’à ce que vous le deveniez. »

En ce temps-là, toute discipline sévère était approuvée par l’élite. La Révolution française venait de montrer les dangers du libéralisme quand il infecte les classes dirigeantes. L’Angleterre officielle, âme de la Sainte-Alliance, croyait combattre en Napoléon la philosophie couronnée. Elle exigeait de ses écoles publiques une génération sagement hypocrite.
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Elle a éprouvé et exprimé un amour sincère du peuple, bien avant que le suffrage universel imposât cette attitude.
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« Je ne suis pas, disait-elle, de ces âmes patientes qui accueillent l'injustice avec un visage serein. »
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Parmi les aïeux de George Sand, tous les personnages sont extraordinaires. Les rois s'y mêlent aux chanoinesses, les grands soldats aux filles de théâtre. Toutes les femmes s'appellent Aurore, comme dans les contes de fées ; toutes ont des fils, des amants, et préfèrent les fils aux amants. Les enfants naturels y tombent comme grêle, mais sont reconnus, exaltés, royalement élevés. Tous sont séduisants, anarchistes, tendres et cruels. « À cette race impolie et forte, dit Maurras, George devait quelques grands traits de son caractère physique, la brutalité de la vie, l'audace impudente à la vivre ».
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