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Citations de Alexis de Tocqueville (381)


L'Américain habite une terre de prodiges, autour de lui tout se remue sans cesse, et chaque mouvement semble un progrès. L'idée du nouveau se lie donc intimement dans son esprit à l'idée du mieux. Nulle part il n'aperçoit la borne que la nature peut avoir mise aux efforts de l'homme ; à ses yeux, ce qui n'est pas est ce qui n'a point encore été tenté.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. X - Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des États-Unis - p. 528)
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En Amérique, il arrive quelque fois que le même homme laboure son champ, bâtit sa demeure, fabrique ses outils, fait ses souliers et tisse de ses mains l'étoffe grossière qui doit le couvrir. Ceci nuit au perfectionnement de l'industrie, mais sert puissamment à développer l'intelligence de l'ouvrier. Il n'y a rien qui tende plus que la grande division du travail à matérialiser l'homme et à ôter de ses œuvres jusqu'à la trace de l'âme.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. X - Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des États-Unis - p. 527)
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En même temps que les Anglo-Américains sont ainsi unis entre eux par des idées communes, ils sont séparés de tous les autres peuples par un sentiment, l'orgueil.
Depuis cinquante ans on ne cesse de répéter aux habitants des États-Unis qu'ils forment le seul peuple religieux, éclairé et libre. Ils voient que chez eux jusqu'à présent les institutions démocratiques prospèrent, tandis qu'elles échouent dans le reste du monde ; ils ont donc une opinion immense d'eux-mêmes, et ils ne sont pas éloignés de croire qu'ils forment une espèce à part dans le genre humain.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. X - Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des États-Unis - p. 493)
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Ce qui maintient un grand nombre de citoyens sous le même gouvernement, c'est bien moins la volonté raisonnée de demeurer unis que l'accord instinctif et en quelque sorte involontaire qui résulte de la similitude des sentiments et de la ressemblance des opinions.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. X - Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des États-Unis - p. 492)
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Quels que soient, du reste, les efforts des Américains du Sud pour conserver l'esclavage, ils n'y réussiront pas toujours. L'esclavage, resserré sur un seul point du globe, attaqué par le christianisme comme injuste, par l'économie politique comme funeste ; l'esclavage, au milieu de la liberté démocratique et des lumières de notre âge, n'est point une institution qui puisse durer. Il cessera par le fait de l'esclave ou par celui du maître. Dans les deux cas, il faut s'attendre à de grands malheurs.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. X - Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des États-Unis - p. 480)
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S'il fallait absolument prévoir l'avenir, je dirais que, suivant le cours probable des choses, l'abolition de l'esclavage au Sud fera croître la répugnance que la population blanche y éprouve pour les noirs. Je fonde cette opinion sur ce que j'ai déjà remarqué d'analogue au Nord.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. X - Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des États-Unis - p. 473)
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Dans presque tous les États où l'esclavage est aboli, on a donné au nègre des droits électoraux ; mais s'il se présente pour voter, il court risque de la vie. Opprimé, il peut se plaindre, mais il ne trouve que des blancs parmi ses juges. La loi cependant lui ouvre le banc des jurés, mais le préjugé l'en repousse. Son fils est exclu de l'école où vient s'instruire le descendant des Européens. Dans les théâtres, il ne saurait, au prix de l'or, acheter le droit de se placer à côté de celui qui fut son maître ; dans les hôpitaux, il gît à part. On permet au noir d'implorer le même Dieu que les blancs, mais non de le prier au même autel. Il a ses prêtres et ses temples. On ne lui ferme point les portes du ciel : à peine cependant si l'inégalité s'arrête au bord de l'autre monde. Quand le nègre n'est plus, on jette ses os à l'écart, et la différence des conditions se retrouve jusque dans l'égalité de la mort.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. X - Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des États-Unis - p. 457)
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Les Espagnols, à l'aide de monstruosités sans exemples, en se couvrant d'une honte ineffaçable, n'ont pu parvenir à exterminer la race indienne, ni même à l'empêcher de partager leurs droits ; les Américains des Etats-Unis ont atteint ce double résultat avec une merveilleuse facilité, tranquillement, légalement, philanthropiquement, sans répandre de sang, sans violer un seul des grands principes de la morale aux yeux du monde. On ne saurait détruire les hommes en respectant mieux les lois de l'humanité.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. X - Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des Etats-Unis - p. 452)
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Parmi ces hommes si divers [qui peuplent les Etats-Unis], le premier qui attire les regards, le premier en lumière, en puissance, en bonheur, c'est l'homme blanc, l'Européen, l'homme par excellence ; au-dessous de lui paraissent le nègre et l'Indien.
Ces deux races infortunées n'ont en commun ni la naissance, ni la figure, ni le langage, ni les mœurs ; leurs malheurs seuls se ressemblent. Toutes deux occupent une position également inférieure dans le pays qu'elles habitent ; toutes deux éprouvent les effets de la tyrannie ; et si leurs misères sont différentes, elles peuvent en accuser les mêmes auteurs.
Ne dirait-on pas, à voir ce qui se passe dans le monde, que l'Européen est aux hommes des autres races ce que l'homme lui-même est aux animaux ? Il les fait servir à son usage, et quand il ne peut les plier, il les détruit.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. X - Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des Etats-Unis - p. 427)
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Comment la société pourrait-elle manquer de périr si, tandis que le lien politique se relâche, le lien moral ne se resserrait pas ? et que faire d'un peuple maître de lui-même, s'il n'est pas soumis à Dieu ?

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. IX - Des causes principales qui tendent à maintenir la république démocratique aux Etats-Unis - p. 401)
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Ainsi donc, en même temps que la loi permet au peuple américain de tout faire, la religion l'empêche de tout concevoir et lui défend de tout oser.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. IX - Des causes principales qui tendent à maintenir la république démocratique aux Etats-Unis - p. 398)
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Des chaînes et des bourreaux, ce sont là les instruments grossiers qu'employait jadis la tyrannie ; mais de nos jours la civilisation a perfectionné jusqu'au despotisme lui-même, qui semblait pourtant n'avoir plus rien à apprendre.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. VII - De l'omnipotence de la majorité aux Etats-Unis et de ses effets - p. 354)
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La majorité a donc aux Etats-Unis une immense puissance de fait et une puissance d'opinion presque aussi grande ; et lorsqu'elle est une fois formée sur une question, il n'y a pour ainsi dire point d'obstacles qui puissent, je ne dirai pas arrêter, mais même retarder sa marche, et lui laisser le temps d'écouter les plaintes de ceux qu'elle écrase en passant.
Les conséquences de cet état de choses sont funestes et dangereuses pour l'avenir.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. VII - De l'omnipotence de la majorité aux Etats-Unis et de ses effets - p. 345)
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Le despotisme se présente souvent comme le réparateur de tous les maux soufferts ; il est l'appui du bon droit, le soutien des opprimés et le fondateur de l'ordre. Les peuples s'endorment au sein de la prospérité momentanée qu'il fait naître ; et lorsqu'ils se réveillent, ils sont misérables. La liberté, au contraire, nait d'ordinaire au milieu des orages, elle s'établit péniblement parmi les discordes civiles et ce n'est que quand elle est déjà vieille qu'on peut connaître ses bienfaits.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. VI - Quels sont les avantages réels que la société américaine retire du gouvernement de la démocratie - p. 335)
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On ne saurait trop le dire : il n'est rien de plus fécond en merveilles que l'art d'être libre ; mais il n'est rien de plus dur que l'apprentissage de la liberté.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. VI - Quels sont les avantages réels que la société américaine retire du gouvernement de la démocratie - p. 335)
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Je ne dis point que ce soit chose aisée que d'apprendre à tous les hommes à se servir des droits politiques ; je dis seulement que, quand cela peut être, les effets qui en résultent sont grands.
Et j'ajoute que s'il est un siècle où une pareille entreprise doive être tentée, ce siècle est le nôtre.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. VI - Quels sont les avantages réels que la société américaine retire du gouvernement de la démocratie - p. 334)
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L'Américain prenant part à tout ce qui se fait dans ce pays se croit intéressé à défendre tout ce qu'on y critique ; car ce n'est pas seulement son pays qu'on attaque alors, c'est lui-même : aussi voit-on son orgueil national recourir à tous les artifices et descendre à toutes les puérilités de la vanité individuelle.
Il n'y a rien de plus gênant dans l'habitude de la vie que ce patriotisme irritable des Américains. L'étranger consentirait bien à louer beaucoup dans leur pays ; mais il voudrait qu'on lui permît de blâmer quelque chose, et c'est ce qu'on lui refuse absolument.
L'Amérique est donc un pays de liberté, où, pour ne blesser personne, l'étranger ne doit parler librement ni des particuliers, ni de l'Etat, ni des gouvernés, ni des gouvernants, ni des entreprises publiques, ni des entreprises privées ; de rien enfin de ce qu'on y rencontre, sinon peut-être du climat et du sol ; encore trouve-t-on des Américains prêts à défendre l'un et l'autre, comme s'ils avaient concouru à les former.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. VI - Quels sont les avantages réels que la société américaine retire du gouvernement de la démocratie - p. 332)
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Il y a donc au fond des institutions démocratiques, une tendance cachée qui fait souvent concourir les hommes à la prospérité générale, malgré leurs vices ou leurs erreurs, tandis que dans les institutions aristocratiques il se découvre quelquefois une pente secrète qui, en dépit des talents et des vertus, les entraîne à contribuer aux misères de leurs semblables. C'est ainsi qu'il peut arriver que, dans les gouvernements aristocratiques, les hommes publics fassent le mal sans le vouloir, et que dans les démocraties ils produisent le bien sans en avoir la pensée.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. VI - Quels sont les avantages réels que la société américaine retire du gouvernement de la démocratie - p. 329)
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Les lois de la démocratie tendent, en général, au bien du plus grand monde, car elles émanent de la majorité de tous les citoyens, laquelle peut se tromper, mais ne saurait avoir un intérêt contraire à elle-même.
Celles de l'aristocratie tendent, au contraire, à monopoliser dans les mains du petit nombre la richesse et le pouvoir, parce que l'aristocratie forme toujours de sa nature une minorité.
On peut donc dire, d'une manière générale, que l'objet de la démocratie, dans sa législation, est plus utile à l'humanité que l'objet de l'aristocratie dans la sienne.
Mais là finissent ses avantages.
L'aristocratie est infiniment plus habile dans la science du législateur que ne saurait l'être la démocratie.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. VI - Quels sont les avantages réels que la société américaine retire du gouvernement de la démocratie - p. 326)
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On voit des peuples dont l'éducation première a été si vicieuse, et dont le caractère présente un si étrange mélange de passions, d'ignorance et de notions erronées de toutes choses, qu'ils ne sauraient d'eux-mêmes discerner la cause de leurs misères ; ils succombent sous des maux qu'ils ignorent.
[...] J'ai habité chez des tribus [indiennes] déjà mutilées qui chaque jour voient décroître leur nombre et disparaître l'éclat de leur gloire sauvage ; j'ai entendu ces Indiens eux-mêmes prévoir le destin final réservé à leur race. Il n'y a pas un Européen, cependant, qui n'aperçoive ce qu'il faudrait faire pour préserver ces peuples infortunés d'une destruction inévitable. Mais eux ne le voient point ; ils sentent les maux qui, chaque année, s'accumulent sur leurs têtes, et ils périront jusqu'au dernier en rejetant le remède. Il faudrait employer la force pour les contraindre à vivre.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. V - Du gouvernement de la démocratie en Amérique - p. 318)
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