- Car un jour de vengeance, d'Alexandra Julhiet chez Calmna-Lévy.
" Un polar que vous ne lâchez pas et un suspens d'enfer ! Un des très très bon polar que j'ai lu cette année." - Gérard Collard.
Le sang de Lilas, 37 ans, se fige lorsqu'elle découvre dans sa librairie favorite un livre retraçant les heures sombres de son adolescence au pensionnat de Chevrière, en Suisse. C'est fou, tout y est, ses pensées intimes, ses chagrins, ses secrets, et surtout l'acte terrible commis avec ses trois amis d'alors, Lazare, Alice et Olivier... le passé va-t-il détruire le présent ?
https://lagriffenoire.com/car-un-jour-de-vengeance-1.html
Alexandra JULHIET est nominée pour le Prix du Polar "Noir sur Ormesson" 2023.
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Si nous n’avions pas été unis, nous aurions fait taire nos doutes et nous aurions continué à idolâtrer Schmidt. Mais ensemble nous avions compris. Nous avions relié les points et le tableau qui nous était apparu était devenu… limpide. Et noir comme la mort.
Il semblait fatigué soit par la nuit trop courte qu’il venait de passer, soit par la journée trop longue qu’il s’apprêtait à vivre.
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— Action vérité, nickel. Alors on commence… Toi ! dit Lazare en pointant Olivier du doigt.
Olivier le fixa, inquiet. Il n’avait pas envie de participer à un jeu ridicule, et surtout pas d’être le centre de l’attention dès son arrivée.
— OK… vérité, finit-il par lâcher, ne sachant quoi dire d’autre.
— Qui es-tu ?
— Je m’appelle Olivier Hinguerlot. J’ai seize ans. Je… viens de Paris. Je rentre en première scientifique. Je…
— Non. C’est pas ton CV qu’on veut. C’est pas le jeu. Qui es-tu vraiment ?
Les yeux de Lazare étaient comme deux brasiers, fixés sur lui. Des yeux dans lesquels Olivier aurait pu se noyer… Alors, sans savoir pourquoi ni comment, Olivier le discret, Olivier le dédaigneux, Olivier le menteur répondit sincèrement.
— Je suis… Je ne sais pas qui je suis. Il y a la personne que mes parents, enfin plutôt mon père, veut que je sois. Un type de la haute catho intégriste (que ça lui faisait du bien d’avouer cette honte familiale à haute voix !) avec tout pour lui : le physique, le mental, l’assurance. Le jeu parfait au tennis, le chamois d’or au ski alors que moi, j’ai le vertige !
Le sourire d’Olivier se tordit à gauche en un rictus. Il avait tenté de faire un trait d’humour, mais ça n’avait pas marché et il (...) ...
La parole d'un junkie est aussi sûre qu'une promesse électorale.
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Ce qu'il y a de bien avec là où j'habite, c'est que, le temps que j'y arrive, j'ai l'impression d'avoir traversé plein de fuseaux horaires. Il y a le train, le Paris-Clermont-Ferrand, quatre heures au compteur. Puis le TER jusqu'à Issoire, et la voiture laissée sur le parking désert, une vieille Renault quasi hors d'usage avec encore un mange-cassettes, et sur le parking les mêmes jeunes qui, génération après génération, fument des joints en attendant un avenir incertain. Enfin, quarante-cinq minutes de routes sinueuses au milieu des sapins et des anciens volcans, des vaches et des prés vallonnés, parfois interrompues par un hameau aux volets fermés. Jusqu'au petit chemin de terre presque invisible, les cahots des nids-de-poule jamais réparés et la maison, tapie dans l'ombre au milieu de la végétation, seule, avec ses pierres noires et son toit d'ardoise, qui semble tourner le dos au visiteur pour l'obliger à repartir. LA maison. Ma maison. Chez moi.
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Ce qu’il y a de bien avec là où j’habite, c’est que, le temps que j’y arrive, j’ai l’impression d’avoir traversé plein de fuseaux horaires. Il y a le train, le Paris-Clermont-Ferrand, quatre heures au compteur. Puis le TER jusqu’à Issoire, et la voiture laissée sur le parking désert, une vieille Renault quasi hors d’usage avec encore un mange-cassettes, et sur le parking les mêmes jeunes qui, génération après génération, fument des joints en attendant un avenir incertain. Enfin, quarante-cinq minutes de routes sinueuses au milieu des sapins et des anciens volcans, des vaches et des prés vallonnés, parfois interrompues par un hameau aux volets fermés. Jusqu’au petit chemin de terre presque invisible, les cahots des nids-de-poule jamais réparés et la maison, tapie dans l’ombre au milieu de la végétation, seule, avec ses pierres noires et son toit d’ardoise, qui semble tourner le dos au visiteur pour l’obliger à repartir. LA maison. Ma maison. Chez moi.
Coincé entre deux romans à la jaquette jaune pâle, s'élevait une petite pile de livres en équilibre précaire. Le titre : Ils n'étaient qu'un. Un grand format à 22,90 euros, d'un éditeur inconnu. La couverture n'était pas terrible, une photo retouchée pour faire peur, type manoir hanté un soir de pleine lune - avec des flammes dévorant l'endroit. [...] Un livre insignifiant, un livre comme les autres sauf... Sauf.
Sauf que, incrusté sur la couverture, il y avait un symbole. Simple, noir, se fondant avec les branches des arbres et les feux de l'enfer. Un C entravé d'une croix.
J'ai remonté la manche droite de mon pull, jusqu'au coude. La cicatrice avait pâli avec les années, mais elle était toujours bien présente. Le C et la croix, tracés au couteau dans ma chair. Notre symbole. Chevrière. Englouti par les flammes, une nuit d'hiver, il y a presque vingt ans. Comme dans le livre. Tout comme dans le livre.
Coincé entre deux romans à la jaquette jaune pâle, s’élevait une petite pile de livres en équilibre précaire. Le titre : Ils n’étaient qu’un. Un grand format à 22,90 euros, d’un éditeur inconnu. La couverture n’était pas terrible, une photo retouchée pour faire peur, type manoir hanté un soir de pleine lune – avec des flammes dévorant l’endroit. […] Un livre insignifiant, un livre comme les autres sauf… Sauf.
Sauf que, incrusté sur la couverture, il y avait un symbole. Simple, noir, se fondant avec les branches des arbres et les feux de l’enfer. Un C entravé d’une croix.
J’ai remonté la manche droite de mon pull, jusqu’au coude. La cicatrice avait pâli avec les années, mais elle était toujours bien présente. Le C et la croix, tracés au couteau dans ma chair. Notre symbole. Chevrière. Englouti par les flammes, une nuit d’hiver, il y a presque vingt ans. Comme dans le livre. Tout comme dans le livre.
— … M’en servir, oui. Mais je ne l’emporterai pas. Quand on a une arme, on finit toujours par l’utiliser. Il vient d’où ?
J’ai toujours eu un faible pour les pom pom girls. Déjà, à l’âge de trois ans, j’étais fou amoureux d’une petite blonde en robe à smocks qui répondait au doux nom de Cindy Molster. Je lui offrais mes goûters, mais elle n’avait d’yeux que pour Henry, un dur de cinq ans au moins, qui roulait des mécaniques sur son camion de pompiers. Rapidement, elle avait commencé à refiler mes gâteaux à Henry, mais j’avais continué mes offrandes juste pour avoir la chance de croiser une fois par jour son regard bleu azur. Bilan : je n’avais pas vu la couleur d’un goûter jusqu’à l’âge de raison – seul un baiser sur la joue un après-midi d’été, juste avant que ses parents ne déménagent pour Austin et qu’elle ne disparaisse définitivement de mon horizon, m’avait récompensé de mes efforts.