Ils optèrent donc pour un moindre mal : relâcher un élément subversif, un meurtrier prêt à passer à l'acte, mais de seconde zone et, somme toute, contrôlable, pourvu que soit éliminé un extraordinaire agitateur de consciences, dont la remise en liberté pourrait avoir des conséquences incalculables. Qu'on laisse la vie sauve à Barabbas, si cela permettait de tuer Jésus.
"Disons-le dès à présent : dans l'agriculture comme dans l'artisanat, tout travail dépendant - qu'il fût ou non de type servile - portait en lui une telle charge de discrimination et d'oppression, relevait à ce point de la contrainte, et non du consentement, qu'il pouvait difficilement s'inscrire dans l'univers moral et dans la perception mentale des groupes supérieurs. Sa dureté et son caractère coercitif se mesuraient selon une échelle de compatibilité bien particulière : ce monde bas et déchu échappait totalement à toute espèce de vie intellectuelle et morale." (page 68)
Mais il est tout aussi certain que si Pilate avait voulu empêcher, ou tout du moins retarder - y compris indéfiniment - le déroulement des évènements, il avait toute latitude de le faire. Il représentait le pouvoir politique romain en Judée, une province de l'Empire et rien d'important concernant le maintien de l'ordre sur ce territoire ne pouvait se produire sans son consentement.
Comme pour en finir avec le vertige de l'absolu qui semble emporter Jésus, Pilate lui demande alors : "Qu'est ce que la vérité ?" c'est le moment le plus intense de cette confrontation. Nous ne sommes plus dans un interrogatoire. Progressivement, presque à notre insu, nous voici transportés d'un prétoire en Judée à un dialogue de Platon.