Au défaut de nourriture venaient s'ajouter les vexations, les mauvais traitements et les bastonnades quotidiennes. Les phalangistes, qui la plupart du temps se déplaçaient des villages des environs, allaient et venaient à leur guise à l'intérieur du camp et des baraques. La plupart des internés étaient d'Estrémadure. Je me souviens des terribles bastonnades qu'ils ont tant de fois subies, souvent avec des manches de pioches ou des nerfs de boeuf. En certaines occasions, après les avoir copieusement battus, ils leur disaient: "Avant que l'on ne vous fusille on reviendra vous donner une bonne bastonnade!" J'ai malheureusement assisté à ce genre de scènes plus d'une fois.
Malgré les menaces d'expulsion vers l'Espagne qui nous avaient été faites, aussi bien Silverio que moi-même restâmes au camp de Gurs. Dans ce camp de concentration, les conditions d'existence n'étaient pas très bonnes. Malgré tout, elles étaient notablement meilleures et sans commune mesure avec celles que nous avions connues à Castuera. Nous n'avons pas subi de mauvais traitements et l'alimentation était meilleure que dans le camp franquiste.
A Gurs, les internés se divisaient en trois groupes: les Basques, les membres des Brigades internationales et des militaires des forces aériennes de la République espagnole.